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Huo Yuanjia
Maître Huo Yuan-jia 1/3 - Page 2
Infos
Auteur(s) : Yves Gendron
Date : 7/11/2004
Type(s) : Information
Critique
 
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"Le tigre a face jaune"

Huo Yuan-jia serait né vers 1868 (1) à Jinhai un petit village situé proche de Tianjin (2) dans une famille dont le pedigrée martial remonterait à plus de sept générations. Son père travaillait pour une agence de sécurité protégeant les caravanes sur les chemins peu sûrs de Chine. Etant le plus jeune et chétif des quatre fils, cela n'a pas empêché Yuan-jia d'apprendre diligemment la technique de combat familiale appelé Mi-zong et de devenir un artiste martial redoutable et réputé surnommé « Tigre à Face Jaune ». Il gagna d'abord sa vie en vendant du bois de chauffage puis comme commis dans une pharmacie, mais sa véritable vocation était les arts martiaux. Sa grande renommée comme combattant martial fit que pendant longtemps, de nombreux challengers vinrent le défier dans l'espoir de se faire une réputation en le vainquant en duel.

Le nom de Huo Yuan-jia n'est pas impliqué dans les événements entourant la fameuse révolte des boxeurs et ce même si il était lui-même un artiste martial réputé et que sa région natale Tianjin fut une des plus impliquée dans le conflit (3). La débâcle de la révolte s'avéra un véritable désastre pour les arts martiaux chinois qui avait alors prouvé non seulement leurs impuissance face au armes occidentales mais dont la réputation était désormais liée à un mouvement fanatique et violent qui avait apporté à la Chine une autre cuisante humiliation et de considérable dévastations. Mis à part l'interdit jeté à sa pratique par les autorités entraînant ainsi la fermeture de nombreuses écoles, le rejet et le mépris même furent plus ou moins généralisés. Telle était la situation des arts martiaux chinois dans les toutes premières années du vingtième siècle.

 

Le grand tournoi de Shanghai

La défaite des Boxers aux mains des troupes armées de la coalition internationale n'aura été que la dernière des nombreuses interventions musclées entreprises par les empires coloniaux d'Europe et du Japon pour s'imposer en Chine. Battu à plate couture à chaque fois, la Chine avait vu son intégrité territoriale compromise par la concession de nombreuses zones d'influence aux puissances étrangères. Toutes ces défaites avaient aussi entamé le moral des chinois qui ont fini par se faire appelés le "peuple malade d'Asie" un surnom lancé semble t-il par des Britanniques. À plus petite échelle, de nombreux occidentaux avaient aussi pris l'habitude désolante d'intimider les chinois en les menaçant, les bousculant et même en les battant à l'occasion(4). Tant au niveau politique que dans les contacts personnels les chinois du début du siècle vivaient donc dans un climat tendu et oppressant d'agression par les étrangers, ce qui les marqua beaucoup.

C'est pourtant avec le spectacle d'un homme fort occidental que débuta une série d'événements extraordinaire qui allait mener à une réhabilitation considérable des arts martiaux chinoise et consacrée Huo Yuan-jia en un héros national. En effet c'est après une de ses exhibitions de force, tenu en 1909 à Shanghai, que « Oupin » (transcription chinoise de O'Brian), lança un défit public au chinois; qui oserait venir le combattre à l'intérieur d'un ring. Cette bravade paru des plus insultants à une poignée de jeunes nationalistes chinois qui formèrent aussitôt un comité pour désigner un champion capable de relever le défi. On suggéra le nom de Huo Yuan-jia qui fut approché et qui accepta. Maître Huo se rendit en Shanghai avec un de ses disciples Liu Chang-sheng où l'on discuta des nombreuses modalités devant régir le combat. Aussitôt il y eut un petit problème Maître Huo ne connaissant absolument rien aux notions de match sportif occidental, il fallut le lui expliquer; l'usage de gants, la présence d'un arbitre et pas de coups au dessous de la ceinture. Maître Huo était aussi inquiet des conséquences si il devait tuer O'Brian durant l'affrontement.

Assez ironiquement, c'est un fier à bras britannique qui allait initier une série d'événements menant éventuellement à la réhabilitation des arts martiaux chinois et consacrer Huo Yuan-jia en un héros national. En effet, en automne 1909, un homme fort nommé O'Brian était venu s'exhiber dans un théâtre de Shanghai. Or après ces démonstrations de force « Oupin »  (l'interprétation phonétique chinoise de son nom) aimait lancer un défi public au chinois : qui oserait venir le combattre à l'intérieur d'un ring. Cette bravade parut cuisamment insultante pour une poignée de jeunes nationalistes chinois qui formèrent aussitôt un comité pour désigner un champion capable de relever le défi. On suggéra le nom de Huo Yuan-jia qui fut approché et qui accepta. Maître Huo se rendit à Shanghai avec l'un de ses disciples Liu Chang-sheng où l'on discuta des nombreuses modalités devant régir le combat. Aussitôt il y eut un petit problème car O'Brian insistait pour que l'affrontement consiste en de la boxe. Or Maître Huo ne connaissant absolument rien aux notions de match sportif occidental et il fallut donc le lui expliquer : l'usage de gants, la présence d'un arbitre et pas de coups au dessous de la ceinture. Maître Huo était aussi inquiet des conséquences si il devait tuer O'Brian durant l'affrontement.

On parvint cependant à régler les problèmes, on fixa une date date à la fin du mois de juin 1910 (5) et on commença à organiser l'événement en bâtissant une plate forme surélevée dans un des parcs de Shanghai. Le jour du match arrivé, O'Brian ne se présenta pas. Certains ont prétendu qu'il était trop dédaigneux des chinois pour venir, d'autres plus nombreux ont affirmé que, informé de la détermination de Huo Yuan-jia, il prit peur et fila en douce de Shanghai. L'honneur chinois était sauf mais les nombreux spectateurs venus assister à l'événement étaient privés d'un match prometteur. Bruyante et agitée, la foule réclama un tournoi amical ouvert à tous, ce qui leur fut accordé. Un premier challenger se présenta nommé Chao qui était un véritable géant. Il ne se mesura pas contre Huo cependant mais contre son disciple Liu Chang-shang, comme le voulait la tradition. Spécialiste du combat de rue, Liu défit son adversaire assez aisément. C'est alors que se présenta Chang de Hoi Mei qui était lui-même un instructeur de combat. Encore une fois c'est Liu qui partit combattre le challenger au nom de son maître. Cette fois ci le combat fut beaucoup plus relevé et impressionnant. Les adversaires étant de force égale il fallu arrêter le match en les déclarant ex-aequo.

L'événement fut un grand succès et on décida de le continuer la journée suivante. Le lendemain ce furent plus d'un millier de personnes qui se présentèrent devant la plate-forme, la nouvelle du tournoi ayant fait le tour la ville. Cette fois Chang lança un défi directement à Maître Huo qui le releva. Ce fut un terrible combat mais Maître Huo finit par l'emporter. Par la suite plus aucun challenger ne vint se présenter. Le spectacle ne fut par terminé pour autant puisque Maître Huo et son disciple firent de nombreuses démonstrations de combat et des taos (c'est-à-dire des katas; formes exécutant des combats mimés) devant une foule enthousiaste. Pour finir Maître Huo fit un petit discours à la foule ou il parla longuement et passionnément des arts martiaux chinois avant de répondre à des questions.

Même si enfin de compte le combat boxeur occidental contre maître martial chinois n'eut pas eu lieu, Huo Yuan-jia n'en fut pas moins acclamé comme un grand héros ayant tenu tête à un agresseur étranger. De plus les démonstrations martiales du maître avec son disciple avaient également rappelé aux chinois la valeur de leur wushu et réhabilité sa réputation. Sans nul doute à cette occasion nombreux furent les soit disant « hommes malades d'asie » qui retrouvèrent une fierté et une confiance en soi depuis longtemps entamée.

 

le jingwu men

Le jour suivant le tournoi, le comité des jeunes patriotes alla visiter Maître Huo pour le féliciter de son exploit mais aussi pour lui proposer de rester à Shanghai et d'ouvrir une école d'art martiaux afin d'enseigner ses techniques et de perpétuer son art. Il accepta. Vue sa notoriété soudaine, il n'eut aucune difficulté à trouver des sponsors pour financer son projet et se procurer un établissement; une vieille maison dans le quartier des concessions étrangères de Shanghai. C'est en Juin ou Juillet que l'Association de Culture Physique Jungwu Men (6) fut fondée ; Jungwu Men signifiant « Porte de l'excellence en art martiaux ». L'école elle-même ouvrit quelques jours plus tard. C'était là première institution d'arts martiaux civile et moderne de Chine. Elle était modelée sur d'autres écoles de culture physique ayant ouvert ces dernières années en Chine qui s'inspiraient elles même d'écoles japonaises. Exceptée que l'école de Maître Huo prônerait elle un retour aux exercices chinois. Parce que les écoles d'arts martiaux traditionnels étaient encore prohibées, le Jungwu se présenta officiellement comme un gymnase.

Le but recherché par Maître Huo, ses disciples et les partisans en établissant Jungwu n'était pas d'enseigner seulement les techniques de combat. On voulait aussi restructurer l'enseignement et la pratique des arts martiaux sur des bases nouvelles pour en faire une discipline moderne et organisée, accessible à tous les chinois. C'est ce qui était déjà arrivé au Japon avec le judo et qui se répétera plus tard avec le karaté et l'aikido. Comme de nombreux pédagogues et réformateurs, Maître Huo croyait que pour que la nation Chinoise soit forte il fallait aussi que les chinois eux même renforcent aussi leurs corps et leurs esprits. Le but ultime recherché par le Jungwu était d'ouvrir des écoles à l'échelle de la Chine et de former une nouvelle génération de chinois qui serait plus apte tant physiquement que mentalement à résister aux agresseurs étrangers .

Hélas c'est à peine si Maître Huo eut le temps de poser la première pierre de la grande entreprise qu'il projetait. En effet, quelques semaines seulement après l'ouverture de son école, il s'alita puis mourut subitement un 14 septembre (7). Entre le tournoi qui le rendit célèbre et son décès, Maître Huo ne fut le héros que d'un seul été mais laissa dernière lui un souvenir impérissable et un héritage prometteur.

 

NOTES :

 

(1) L'année de la naissance et aussi de la mort de Maître Huo varient de sources en sources. 1856, 57, 68 et 69. 68 est la date qui revient le plus souvent. L'année de la mort est ou bien 1909 ou 1910. 1909 est la date qui est la plus fréquente mais la deuxième est également crédible.

(2) Ville portuaire du nord-est de la Chine située à 140km au Sud-est de Pékin (Beijing). Aussi connue sous le nom de Tien Tin.

(3) Située entre la côte et la capitale Pékin dans laquelle les légations étrangères étaient assiégées, la région de Tianjin vit défiler durant l'été 1900, les troupes des boxers, de l'armée impériale et de la coalition internationale entraînant des désordre considérable voir révolte des boxeurs).

(4) Grâce à son ami Tchang Tchong Jen, le créateur de Tintin Hergé apprit de nombreuses choses sur la Chine et les chinois que la plupart des occidentaux ne connaissait pas et qu'il aura introduit dans son premier chef d'œuvre : Le Lotus Bleu. Les vignettes ci-dessous reflètent l'attitude outrageusement arrogante et brutale de certains fiers à bras blanc envers les « jaunes ».

Encore de nos jours, peu de livres d'histoire s'attarde à cet aspect peu reluisant des relations entre occidentaux et asiatiques qui aura profondément marqué les chinois comme le prouvent de nombreux films de kung-fu présentant des blancs recevant une raclée du héros chinois. C'est une sorte de revanche, par procuration filmique, pour toutes les humiliations et brutalités endurées par les chinois depuis des générations. (pour quelques exemples des plus notables voir section filmographie de ce dossier)

 

(5) Les sources ne concordent pas quant au mois ou même l'année exacte de l'événement. Soit le mois d'Avril ou fin Juin de l'année 1909 ou 1910.

 

(6) Jungwu est la transcription en pinyin. L'appellation Ching Woo est aussi encore couramment utilisée de nos jours.

(7) Comme mentionné plus tôt les sources divergent sur l'année de sa mort 1909 ou 10. Une autre source affirme aussi qu'il serait décédé en Août.

 
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