Le cinéma asiatique, et particulièrement hongkongais, a souvent les honneurs de la Cinémathèque française ; que ce soit via un homme (Tsui Hark en avril 1997, Johnnie To en avril 2008 ou King Hu en février 2012) ou une thématique (« Chefs d'œuvres du cinéma de Hong Kong » en décembre 2002). Cette fois-ci, les programmateurs, en partenariat avec la Create HK et The Hong Kong International Film Festival Society Limited, ont décidé de mettre le focus sur une période fortement redoutée dans les années qui la précédèrent et dont on peut aujourd'hui dresser un bilan : la Rétrocession.
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Avant la Rétrocession |
Après 156 années passées sous l'Union Jack et un accord signé le 19 décembre 1984, Hong Kong était rétrocédé à la Chine le 1 er juillet 1997. Les treize années séparant ces deux dates historiques ont été une ère de peurs, d'espoirs, de doutes, de fantasmes… La Chine allait-elle reprendre, d'une main de fer, des territoires ayant trop goûté au libéralisme ? Le statut de cette Région Administrative Spéciale (RAS) allait-il être respecté ? Les libertés religieuses et politiques seraient-elles garanties ?... Il faut avouer que les événements de la place Tiananmen, en 1989, n'avaient été des plus rassurants.
Succédant ainsi à une période d'insouciance – le début des années 80 et ses tonnes de comédies d'action -, le tableau s'assombrit et le propos de fait plus grave à l'approche de l'année 1997 : polars urbains sans concessions, catégorie III à la limite du détestable, politisation des œuvres en costumes. En parallèle, l'exode des acteurs et des cinéastes de renom s'enclenche, avec Chow Yun-fat, Jet Li et John Woo dans les principaux rôles.
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Après la Rétrocession |
A Hong Kong, la production se réorganise, un œil tourné vers ce gigantesque marché représenté par la Chine continentale. Les standards devront évoluer ? Qu'importe, les films seront parfois moins sanglants, souvent plus moralisateurs, un peu plus formaté pour l'international… mais ils continueront d'être tournés et d'être vus ! Les plus grandes œuvres ne sont-elles pas généralement créées dans des situations tendues ou l'expression doit être maline à défaut d'être totalement libre ?
Avec du recul, la production cinématographique hongkongaise n'a pas été si impactée que ça par la Rétrocession. Si la production de films est passée à 100 en 1997, puis 50 en 1998, après avoir caracolé à plus de 200 pendant des années (la chute ayant essentiellement touché les films de catégorie III – érotiques ou violents -), le retour à la Chine ne semble pas en être la raison principale. La crise financière qui frappe alors l'Asie, l'essor du piratage, les changements culturels et la prédominance du modèle américain apparaissent aujourd'hui bien plus destructeur.
La « résistance » s'est ainsi organisée. Johnnie To et Wai Ka-fai, qui ont crée la Milkyway en 1996, juste avant la Rétrocession, produisent à tours de bras des œuvres originales qui s'exportent dans le monde entier. Tsui Hark, s'essaie à l'Occident avec deux films mettant en scène Jean-Claude Van Damme… pour revenir bien vite à la production locale (Time and Tide, présenté à la rétrospective de la Cinémathèque française). Jackie Chan s'internationalise avec plus de succès que dans les années 80, grâce aux comédies d'action dont il partage l'affiche avec Chris Tucker, la trilogie des Rush Hour (1998, 2001 et 2007). Côté art et essais, Wong Kar-wai poursuit son chemin et atteint la consécration avec In the Mood for Love en 2000 (The Grandmaster est présenté à la rétrospective de la Cinémathèque française) ; Ann Hui, primée en son temps pour Boat People, continue également de porter son regard sur les gens du peuple (A Simple Life et Our Time Will Come sont présentés à la rétrospective de la Cinémathèque française). |
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La rétrospective Hong Kong, 20 ans / 20 films |
Du 20 septembre au 11 octobre 2017, la Cinémathèque française nous propose un panorama de ces 2rk, Wong Kar-wai, Johnnie To, Derek Yee, Stephen Chow, Dante Lam, Gordon Lam, Ringo Lam…) et de nouveaux talents, issus de la génération post Rétrocession (Edmond Pang Ho-cheung, Soi Cheang Pou-soi, Heiward Mak Hei-yan).
La programmation, de grande qualité, embrasse tous les genres, du polar à la comédie, en passant par les films historiques et d0 années passées depuis le retour de Hong Kong à la Chine. La programmation est riche, à la fois constituée de réalisateurs ayant déjà commencé leur carrière avant 1997 (Ann Hui, Tsui Ha'arts martiaux. Un détail amusant : Jet Li est présent mais pas Jackie Chan, alors que le second est un vrai partisan d'un Hong Kong chinois !
L'ouverture de la rétrospective proposera en avant-première, et en sa présence, le nouveau film d'Ann Hui, « Our Time Will Come », œuvre sortie en Chine le jour des 20 ans de la Rétrocession.
Un événement à ne pas manquer, voir ces films sur grand écran étant un plaisir trop rare ! |
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La rétrospective HK : le programme |
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