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Détective Dee : le mystère des sabreurs volants ou La réception du Wu Xia Pian en France
... et déconcertant... 1/1 - Page 2
Infos
Auteur(s) : Laurent Henry
Date : 29/8/2015
Type(s) : Analyse
 
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Personnes :
Jackie Chan
Stephen Chow Sing Chi
Lau Kar Leung
Yuen Woo Ping
Films :
Journey To The West: Conquering The Demons
Il était une fois en Chine
Peking Opera Blues
The Prodigal Son
Tai Chi Master
Studios :
Shaw Brothers
Lexique :
Kung Fu Pian
Opéra de Pékin
Wu Xia Pian
 
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Des combats improbables

Beaucoup d'internautes sont déconcertés par les prouesses incroyables des sabreurs chinois. Un internaute remarque : « Puis le film devient ennuyeux, les combats sont très imaginaires, normalement dans ce type de film, on s'attend à voir des combats réels, alors qu'ici le mec saute 5 m ». Ce spectateur s'est trompé de genre. Les combats « réalistes » n'existent pas dans le film de sabre (wu xia pian), mais dans le kung fu pian. Les films de kung fu sont plus réalistes car ils sont souvent réalisés par des pratiquants des arts martiaux. Ces derniers se servent alors du cinéma comme un moyen de montrer leurs arts. C'est le cas par exemple de Lau Kar Leung, un authentique maître en arts martiaux qui a réalisé pour le studio Shaw Brothers à la fin des années 70, une série de films où il a mis en scène des boxes célèbres aussi bien que le célèbre temple de Shaolin et ses terribles entraînements. Le wu xia pian, lui, a une origine littéraire et n'a jamais eu une vocation à se montrer réaliste dans la représentation des combats. Mais que montre t-il à voir dans ce cas ? Que signifie ces exploits incroyables ?

Un internaute regrette : « des combats improbables dont il est impossible d'y croire ». Quand on vérifie ce que ce genre de spectateur apprécie, il encense des films comme les Iron Man  ! Il croit vraiment qu'un type dans un costume en fer peut voler et faire des combats hautement impossibles ? La grande différence en Iron Man et Detective Dee repose sur le fait que le premier justifie son imaginaire à partir d'un discours scientifique. Il y a une « logique » à l'imaginaire. Stark est un savant très intelligent capable de faire une combinaison en fer qui vole et qui peut réaliser des trucs incroyables. Dans le deuxième cas, la logique n'est pas donnée car elle est évidente pour les chinois. Il y a un implicite incompréhensible pour les spectateurs occidentaux. Cet implicite est le suivant. Les humains disposent d'une « énergie intérieure » que les chinois appelle « Chi ». Il s'agit d'un concept très complexe. Il ne s'agira pas ici d'en détailler tous les mécanismes et toutes les implications. Sur le plan purement cinématographique on peut (en simplifiant) se servir des maîtres Jedi pour illustrer ce concept. La force permet aux chevaliers Jedi d'exécuter des choses impossibles. Il va sans dire que le concept de la force est un concept justement importé des conceptions asiatique du Chi. Les sabreurs chinois sont donc un peu comme les chevaliers Jedi. Leurs exploits matérialisent leurs forces intérieures. Un internaute s'étonne : «  parce que quand tu vois un mec il est assis au sol et sans impulsion arrive à faire un quadruple salto, puis en l'air alors qu'il est dans le vide il se projette 20 mètres en avant, je me disais là le réalisateur veut vraiment nous faire rire c'est pas possible ». Non ce n'est pas possible évidemment. C'est une métaphore visuelle de la force intérieure du combattant. Et dans cette approche, un vieillard ou un femme peut vaincre un colosse si son chi est plus faible. Quand on regarde un combat, il ne s'agit donc pas d'évaluer sa faisabilité, mais plutôt la métaphore qui nous est donnée à voir. Elle nous enseigne sur l'intériorité du personnage.

 
Construction narrative

Les spectateurs français sont souvent déconcertés par la manière dont sont racontés les wu xia pian : « L'histoire est décousue. On a une succession de scènes sans réels liens entre elles. Au bout d'un quart d'heure, on est complètement paumé. ». Les wu xia pian sont construits sur un nombre importants de personnages qui enchaînent une multitude d'aventures. Cet esprit feuilletonesque rend difficile la compréhension du récit pour une personne extérieure à l'univers du wu xia pian. Si les chinois ne se perdent pas dans ces méandres narratifs, c'est parce qu'ils y sont baignés dès leur plus jeune âge. Figures légendaires ou épisodes célèbres, les BD, la radio, les dessins animés et bien sûr les films construisent peu à peu une culture du wu xia pian. Avant de regarder un film de ce genre, il est nécessaire de se renseigner un peu sur les personnages, les acteurs qui les interprètent (pour identifier qui ils jouent), sur leurs aventures et sur leur personnalité. C'est à ce prix qu'on ne se perd pas dans l'intrigue. Et à l'époque d'Internet, l'effort demandé n'est heureusement plus très compliqué à réaliser.

 
Le jeu d'acteur

Un spectateur ne supporte pas la manière dont jouent les acteurs : « La 3D est somptueuse, mais le jeu et l'attitude des acteurs (des comédiens, vraiment ?!!??) est terriblement mauvais... ». Les cinémas américain et européen ont imposé un jeu d'acteur naturaliste, c'est à dire que les acteurs doivent donner l'illusion qu'ils se comportent comme dans la vie réelle. Combien de fois n'a t-on pas eu les louanges sur tel ou tel acteur pour sa performance réaliste. Et De Niro qui prend 20 kilos pour imiter au mieux un boxeur, et Dustin Hofman qui imite à la perfection un autiste… Les autres types de jeu sont en général méprisés. Il ne faut surtout pas surjouer ou en faire des tonnes… A moins d'être Jim Carrey ou Will Ferrell c'est très mal vu. Le jeu d'acteur qui a inspiré le cinéma d'arts martiaux est issu d'une tradition théâtrale, l'opera chinois. C'est un art où les acteurs ont des masques peints sur le visage et où la prononciation est une sorte de chants extrêmement codifiés. De nombreux films comme Prodigal Son, Peking Opera Blues ou Il était une fois en Chine, mettent en scène cet art pour bien signifier la filiation. Le célèbre Jackie Chan a d'ailleurs suivi une formation dans une troupe d'Opéra de Pékin.

Potiches et perruques en 1978

Potiches et perruques en 2013

Les acteurs ne sont pas mauvais dans les wu xia pian. Ils adoptent simplement un jeu très outré, dans la tradition d'un masque de l'opera chinois. Il s'agit avant tout d'adopter une posture, pas une attitude naturelle. Les personnages sont d'ailleurs souvent affublés de postiches ou de perruques. Ces dernières sont grossières. Ce n'est pas une question de manque de moyen. L'absence de réalisme est recherché ici, soit pour s'inscrire dans la tradition théâtrale, soit pour mettre en scène le caractère du personnage, souvent son hypocrisie ou sa folie.

 
Le mélange des registres

Un spectateur est perdu : «  j'ai pas compris si c'était le but du réalisateur de faire un truc ridicule genre parodie à la scary movie, ou si le film devait être pris au sérieux. ». En France, la tradition du classicisme a laissé des traces. Même si les romantiques ont introduit la possibilité de changer de tonalité à l'intérieur d'un même récit, l'idée qu'une histoire est soit sérieuse, soit comique reste bien ancrée dans notre imaginaire collectif. Or le wu xia pian chinois n'est jamais conçu sur un registre unique. Les chinois adorent même des ruptures de ton assez violentes. On peut passer d'une scène tragique à une scène bouffonne sans que le public en soit surpris. Dans Tai Chi Master (1994) de Yuen Woo Ping par exemple, le héros est trahi, il perd son kung fu et devient aphasique. Cette situation pour le moins dramatique n'empêche pas l'histoire de se poursuivre en ridiculisant le malheureux héros qui adopte un comportement enfantin.

Jet Li dans Tai Chi Master

Plus récemment, Journey to the West: Conquering the Demons (2013) de Stephen Chow s'ouvre sur une scène extraordinaire qui est à la fois horrible, un père de famille se fait dévorer sous les yeux de sa fille. Et en même temps c'est une scène comique et parodique puisque la petite fille pense assister à un jeu de la part de son papa.

 

Regarder des wu xia pian chinois authentiques, c'est accepter de se plonger dans un univers différent dont il faut apprivoiser les codes. A l'heure où le cinéma s'uniformise, Christophe Gans pense même qu' « on est arrivés à un point où le cinéma américain a gagné » (lien), il est urgent d'accueillir d'autres imaginaires et de lutter pour leur pérennité. Le wu xia pian mérite vraiment de figurer parmi la liste de ces mondes imaginaires à visiter.

 
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