Hasard du calendrier, Chow yun-fat est revenu sur le devant de la scène avec 2 long métrages. Le premier, où il interprète l'empereur Jade, est une nouvelle adaptation de la légende du roi singe. Encore une ! Déjà l 'année dernière, pour le nouvel an chinois 2013, Stephen Chow triomphait avec Journey to the West: Conquering the Demons, qui narrait les débuts du moine bouddhiste Xuanzang et comment il a recruté ses 3 disciples, dont le roi singe. Sorti pour le nouvel an chinois 2014, The Money King retrace la naissance du roi singe, sa jeunesse et la punition qu'il reçut de Bouddha.

Tourné en 3D, cette superproduction, bourrée d'effets spéciaux, joue à fond la carte de la fantaisie chinoise. Comme dans Legend Of Zu (2001), les protagonistes passent plus de temps dans les airs que sur la terre ferme. Malheureusement, la production joue la carte du film familial, dont la définition est à l'opposé de celle de Stephen Chow. Là où ce dernier s'appuie sur l'intelligence du public, se permet d'être audacieux et satirique, The Monkey King se contente d'illustrer platement la légende qu'il raconte. Volontiers gnangan dans les moments romantiques ou poétiques, la débauche d'images de synthèse est là pour donner paresseusement sa dimension spectaculaire à l'objet. Je ne reviendrai pas sur les éternelles critiques concernant les effets spéciaux. En bon film de Hong Kong qui se respecte, The Monkey King en fait trop, comme d'habitude, c'est l'idée qui prime sur la réalisation. En tout état de cause, le film a quand même rapporté 167 millions de dollars en Chine. Heureusement moins que le Stephen Chow !
Mais c'est dans un autre rôle de légende que Chow Yun Fat a aussi triomphé au cours de ce nouvel an chinois, à savoir Ko Chun, alias, The God Of Gamblers/le Dieu du Jeu. En fait, il apparaît dans ce rôle 1 minute. Le reste du temps il incarne Ken dans le dernier épisode de la célèbre série The God Of Gamblers, sobrement intitulé The Man from Macau. Toujours dirigé par l'inusable Wong Jing. A près de 60 ans, le bonhomme se pose toujours des questions aussi existentielles que de savoir quelle est la quantité d'un pipi de Godzilla ! D'un point de vue de la mise en scène, le monsieur n'a pas beaucoup changé. Véritable patchwork, le film oscille entre un épisode de Derick et une BD survitaminée, bref c'est filmé avec les pieds. Quant à notre pauvre Chow Yun fat, il traverse le film vieilli, mal habillé et affublé d'une coiffure qui aurait dû envoyer son auteur directement à Guantanamo. Pour le reste, les amateurs de comédie d'action à la Wong Jing y trouveront leur compte de mauvais goût et de débilité. Les autres se prendront la tête entre les mains. Les chinois ont quand même massivement adhéré à la chose puisque le film a rapporté 84 millions de dollars. La suite a logiquement été annoncée et a été tournée en juin ! Si Chow Yun-fat est de la partie, une bonne partie du casting a été renouvelée. That's Hong Kong cinema !

Bilan pour l'acteur mythique des années 80 ? Comme Jackie Chan, Chow Yun-fat, aura réussi son implantation sur le marché Chinois. Malheureusement pour ces 2 figures emblématiques, les films sont très en deçà de ceux dans lesquels ils brillaient au fait de leur gloire.
Après ce flamboyant début d'année, enfin surtout sur le plan financier, l'industrie cinématographique de Hong Kong a bien été incapable de fournir le marché chinois en cinéma d'action, laissant les blockbusters américains prendre les premières places. Le cinéma local n'a pu existé qu'à travers les succès de quelques comédies et autres bluettes. De février à juillet la seule sortie notable fut le très bis Iceman 3D avec l'inénarrable Donnie Yen. Avec moins de 25 millions de dollars de recette, ce remake d'un film de Clarence Fok n'a pas attiré les foules en dépit de son budget conséquent.

Il faut dire que ce film est emblématique d'une des difficultés récurrentes de ce début d'année 2014 pour les grosses productions Hongkongaises. Etre capable de produire des films aux budgets importants nécessite visiblement des ajustements dans la gestion de ces grosses machineries que l'industrie locale n'a pas encore réalisée. Du coup, les incidents et les retards se multiplient. La production particulièrement chaotique de ce Iceman Cometh 3D pèse lourdement sur le film dont le scénario est complètement incohérent. Conscient du naufrage, le réalisateur semble finalement saborder le projet en versant dans le bis volontaire. On retiendra surtout ce qui doit être sans doute une première mondiale dans l'utilisation de la 3D, à savoir l'envoie d'une cuvette de WC au visage du spectateur. Le Monkey King cité plus haut avait lui aussi connu de nombreux retards en raison de la complexité de ses effets spéciaux. Le remake de The Bride With White Hair a également subi de nombreux reports. Initialement prévu pour le nouvel an chinois, il est sorti au milieu de l'été et ne doit pas être fameux si l'on en croit les premiers échos…

L'année 2014 s'annonce t-elle décevante pour le cinéma sino-hongkongais ? Pas si sûr, car le dernier trimestre pourrait tout déchirer ! Eh oui, la tendance devrait s'inverser avec le dernier et très ambitieux film de John Woo: The Crossing, qui doit arriver mi décembre. Tsui Hark revient également fin décembre avec son The Taking Of The Tiger Mountain. Et avant cela, Rise of the Legend, un kung fu pian sur la jeunesse de Wong Fei Hung pourrait créer la surprise. Ce film est coproduit avec Universal et il est réalisé par Roy Chow, un ancien assistant réalisateur de Ang Lee. Sorti prévu en novembre.

Un twist phénoménal pour cette terne année 2014 ? Vous le serez en lisant notre prochain épisode : La revanche du cinema de Hong Kong 4 : Les tigres se déchaînent... |