La Shaw Brothers fermée et le ciné kung-fu étant passé de mode, Lau Kar Leung n'a plus eu les moyens de faire des films martiaux. Pour un temps, il s'emploie comme acteur et chorégraphe, notamment pour Evil Cat, de même que pour les films de certains de ses proches : Dragon Family (de Lau Kar Wing), New Kids in Town (de Lau Kar Yung un neveu) et Bloody Fight de Wilson Tong (un des assistants du Maître), films qui montrent Lau Kar leung en pleine forme avec des scènes de combat où il écrase ses adversaires.
Si Tiger 1 est célèbre pour la participation de Chow Yun Fat et sa confrontation finale impliquant une tronçonneuse, les deux autres films ne sont pas contre guère réputés.
Pedicab Driver
Un des plus beaux duels jamais filmé oppose un gros bonhomme contre un vieux : il s'agit de Sammo Hung et Lau Kar Leung, les deux plus grands cinéastes et combattants martiaux du cinéma made in Hong Kong. Longtemps rivaux, Maître Lau a bien voulu se prêter au jeu en apparaissant dans Pedicab Driver de Sammo pour montrer qu'il se portait encore bien. Et comment !
Commençant au corps à corps, l'affrontement entre les deux maitres se termine avec une leçon magistrale au bâton que Lau Kar Leung afflige à un Sammo complètement surpassé. Un grand morceau d'anthologie kung-fu non seulement à cause des combattants impliqués, mais pour la maestria tant de la chorégraphie que de la mise en scène, la séquence comportant pas moins de 100 plans en un peu près cinq minutes. C'est l'extrait par exellence pour introduire Maître Lau à un nouveau venu.
Operation scorpio
Le tournant des années 90 a vu la venue d'un nouveau style de films d'arts martiaux, comme par exemple la série Il était une fois en Chine, ou les scènes d'action étaient maximisées par l'emploi quasi systématique du wire-fu (des câbles). Operation Scorpio est un peu spécial par sa façon de combiner l'ancien et le nouveau dans un chorégraphie partagée entre Yuen Tak et Corey Yuen d'un coté et Lau Kar Leung de l'autre.
Ce dernier joue le rôle d'un maître martial qui apprend au jeune héros des techniques de kung-fu et d'entraînement traditionnel. Il mène également l'attaque lors de l'affrontement final avant d'être mis hors-jeu. Toutefois, avant que cela survienne, Lau Kar Leung a le temps de faire d'amples démonstrations du baton de bambou et du fléau à trois branches, avant de se mesurer au Scorpion du rôle-titre dans un duel où le Maître affronte avec son seul kung-fu un acteur martial « dopé » au wire-fu.
Drunken Master 2
Drunken Master II est de loin le film de Lau Kar Leung qui a été le plus vu et connu pour la seule et bonne raison qu'il met en vedette Jackie Chan. Tous les deux ont conçu le film pour que les scènes d'action aillent dans la direction opposée de la tendance wire-fu alors prévalant dans le cinéma wuxia en les faisant reposer sur la virtuosité des acteurs et de la chorégraphie. Conséquemment, Drunken Master 2 est rempli de magnifiques morceaux d'anthologie tels la bataille dans l'auberge contre la gang des haches, le combat saoul de Jackie contre un gang, et surtout l'affrontement sabre vs lance entre Jackie et Lau Kar Leung sous un train, séquences d'action dont la virtuosité demeure encore insurpassée à ce jour.
Bien que Jackie ait chassé le Maître pour pouvoir tourner l'affrontement à sa façon (avec l'aide de wire-fu ironiquement), le film n'en demeure pas moins essentiellement de Lau Kar Leung, sa marque se faisant également sentir dans l'humour du film surtout avec le personnage de la maman fofolle incarnée avec verve par Anita Mui et sa relation truculente entre son mari et son beau-fils qui évoque la comédie My Young Auntie. Drunken Master II a souvent été considéré comme l'un des derniers grands Jackie Chan, mais c'est également le dernier grand Lau Kar Leung.
Drunken Master 3
Pour compenser Lau Kar Leung de s'être fait sortir de Drunken Master II, la Golden Harvest aura produit Drunken Master III, auquel Andy Lau et Simon Yam on participé en tant que guest stars aux cotés d'Adam Cheng et Gordon Liu. Faute d'un bon scénario, cette fausse suite remplie d'idées, certaines bonnes (le boulier roulie-roulant) d'autres plus douteuses (le kung-fu gay de Simon Yam) fait que film est plutôt un beau foutoir plutôt qu'une œuvre exemplaire. Ceci dit, malgré ses défauts, Drunken Master III n'est pas sans un certain charme pour la qualité de sa chorégraphie, le ton enjoué du récit et le jolie minois de son actrice principale Michelle Reis.
Drunken Monkey
En 2002, Les fans du ciné kung-fu ont le plaisir de voir les films Shaw de Lau Kar Leung être finalement officiellement disponibles en version restaurée sur DVD. Puis vint la nouvelle que le Maître préparait un nouveau film : Drunken Monkey avec Gordon Liu et le champion wu-shu Jacky Wu Jing. Toutefois, lorsque le film est sorti, ce sont hélas surtout des grincements de dents qui se sont fait entendre, le film étant plombé par un scénario mal foutu, un climat de rancœur rébarbative, de la comédie souvent poussive et l'emploi fréquent de wire-fu, ce qui est un comble dans un film de Lau Kar Leung.
Malgré tout, comme Drunken Master III, Drunken Monkey n'est pas sans un certain charme boiteux pour ses quelques trouvailles occasionnelles et le plaisir de voir de vieux vétérans comme Maître Lau, Gordon Lau et Chi Kuan Chun dans des scènes d'action.
Seven Swords
Seven Swords de Tsui Hark est le dernier film dans lequel Maître Lau est apparu, jouant le rôle du chef des Sept Épées, un ancien exécuteur en recherche de rédemption. Il aura également été l'un des chorégraphes du film.
Toujours aussi dur à cuire malgré ses soixante-dix ans, Lau Kar Leung s'est jeté dans une rivière glacée pour les besoins du film, ce qui lui a valu une pneumonie.
Maître Lau Kar Leung est décédé tôt le matin du 25 Juin entouré des siens. Désormais, son esprit et son kung-fu survivra dans son œuvre. Repose en paix.