The Human Race est un thriller intense dérivé du film culte Battle Royale, excepté qu'ici, les malheureux conscrits doivent participer à une course aux règles strictes sous peine de mort, le gagnant de ce jeu n'étant pas le premier arrivé à un but mais le dernier survivant. Inclus parmi les participants : un prêtre, un coureur de fond, un vieux en trottinette, une paire de sourds muets et deux vétérans de la guerre d'Afghanistan dont un a juste une jambe (l'acteur cascadeur unijambiste Eddy McGee). Mis à part l'élément de la course et la différente sélection des participants, une autre distinction essentielle entre Battle et Race est que ce film a un certain élément de sci-fi et de mystère savamment dosé : les coureurs ayant été capturés par ce qui semble être des extra-terrestres invisibles ayant le pouvoir de faire exploser les têtes à la moindre infraction. Ceci dit, les éléments sci-fi ne servent que de prétexte ingénieux pour « rationalisé » la permise extravagante du film et ajouté une touche bien gore.
N'ayant jamais vu Battle Royale, je ne peux pas dire comment Human Race s'y compare. À mes yeux, le film a une indéniable efficacité, surtout si l'on considère qu'il a été produit avec des bouts de ficelles sur une période de plusieurs années et j'ai surtout apprécié son mélange détonant de générosité et de cruauté envers les personnages. Générosité parce que le film donne des premiers rôles à des personnages handicapés et leur donne un relief plein d'humanité, ce qui est rare dans un thriller de ce genre : cruauté parce que le film prouve dès le départ comment il est tout à fait impitoyable et qu'au fur et à mesure que les morts s'accumulent et que le désespoir s'accentue chez les survivants, ceux-ci se mettent à faire des choix monstrueux mais au combien humains.
Avec Warrior of the Rainbow, Human Race est le film dramatiquement le plus fort que j'ai vu au festival. Nul doute que certains ayant vu le film culte dont il s'est inspiré vont trouver que Race n'est qu'un Battle Royale Redux. Toutefois, il n'en demeure pas moins qu'à mes yeux il s'agit quand-même d'un film qui force une certaine admiration tant pour sa débrouillardise démontrée dans sa production que ses choix narratifs casse-cou (après tout combien de films américains ont un unijambiste comme héros et un quart des dialogues fait dans le langage des signes). Cote : ****
Alter-ego est une comédie de super héros dont le protagoniste Fridge est perturbé par des ennuis personnels (sa petite amie le trompe avec son alter ego civil c'est à dire lui-même) et qui sans le savoir est au cœur d' une conspiration machiavélique visant à redorer le blason ternis des justiciers masqués mais au prix de sa réputation, et peut être même de sa vie.
Alter ego est un film à très... très petit budget qui repose non pas sur des scènes d'action ou des effets spéciaux mais sur des dialogues et des situations comiques mettant en relief les revers bien peu reluisant de ces hurluberlus en collant. C'est amusant et sympathique mais sans plus. À noter que la bande son est composée par Sean Lennon (fils de John) qui apparaît également en hobo allumé. ***
Tout comme A Fantastic Fear of Everything, Toad Road est un choix de dernière minute que j'ai subséquemment regretté. Ayant appris que le film avait gagné un prix de la meilleure mise en scène et du meilleur acteur, j'ai visionné le film la toute dernière journée du Festival. Dans un coin perdu des USA, quelques jeunes se défoncent à l'acide, et aux champignons hallucinogènes. Un des jeunes relate à sa petite amie citadine la légende locale de la « route du crapaud » un sentier forestier qui mènerait au sept portes des enfers. Captivée par cette histoire, la jeune fille entame la randonnée de cette piste avec son ami, une excursion aux conséquences aussi mystérieuses que fatales.
Dans Toad Road, on observe de près des jeunes vivre leur malaise existentiel avec une caméra collée sur le visage et une bande son évocatrice créant une atmosphère envoûtante particulière. Certains spectateurs pourront y voir une variation existentielle et mystique de Blair Witch Project tournée à la façon d'un Gus Van Sant. Par contre, d'autres amateurs de cinéma plus âgés et connaisseurs pourraient plutôt décrire le film comme une reprise actualisée du classique culte australien Pic Nic at Hanging Rock. Pour ma part, bien que j'ai reconnu la qualité très évidente de l'interprétation et de l'atmosphère, je n'ai pas vraiment accroché, ayant deviné très vite les tenants et aboutissement du film que j'ai trouvé sans mystère et donc sans grand intérêt. Comme j'ai vu le film en screener, j'ai même pu gagner quinze minutes en faisant de l'Avance rapide. Cote : **
Dans Excision, Pauline une ado aussi frondeuse qu'excentrique, vit en constante confrontation tant avec sa mère qu'avec les autres étudiants et professeurs de son école. Elle a également un imaginaire particulièrement macabre combinant sexe, sang, cadavre et viscères et aspire à devenir une chirurgienne même si le comportement outrée qu'elle pratique tant à l'école qu'à la maison la condamne presque d'avance à une marginalité délinquante. Finalement, la maladie du seul être qui lui est cher va l'amener à commettre un acte irrécupérable.
Excision est le premier film de Richard Bates Jr qui a transformé un court métrage en un long. Mélangeant allègrement humour noir et drame familial, le tout pimené de dialogues incisifs et d'une imagerie violemment macabre et sensuelle, Excision s'avère être une œuvre aussi drôle que provocante avec une touche de pathos.
Ceci dit, à mon idée, la fin est un peu brusque et le film ne convainc pas complètement que la folie de son héroïne soit si profonde qu'elle ne prend pas conscience de la gravité de ses actes lors du dénouement. Malgré ses excentricités, elle m'a semblé être juste un peu trop lucide la plupart du temps, alors que les scènes montrant sa supposée folie sonnent faux. L'actrice principale Anna Lynne McCord a mérité une mention spéciale de la part du jury du festival pour la qualité de sa prestation et son courage à jouer un personnage si extrême. Les caméos des acteurs Ray Wise, Malcom McDowell et du réalisateur trash John Waters sont aussi courtes que délicieuses et l'ex-star porno Traci Lords trouve également un grand rôle dans son personnage de mère plutôt garce déchirée entre l'amour qu'elle éprouve pour sa fille et la colère voire la répugnance que son comportement suscite. Cote : ***1/2 |