Fantasia 2012 a commencé de magnifique manière avec Juan of the Dead, le deuxième film que j'ai visionné cette année et un de mes grands coups de cœur. Il a rapporté l'argent dans le choix du public mais je lui aurais attribué l'or.
Premier film de zombies cubain, Juan of the Dead raconte comment le héros du film, un petit loser désœuvré mais débrouillard, organise avec ses potes une petite entreprise de nettoyage bien particulière lorsque Cuba commence à être envahie par les morts vivants. Les aventures et déboires qu'ils connaîtront seront aussi loufoques que sanglants.

Bien que Juan of the Dead s'inspire manifestement de la comédie de zombies britannique Shaun of the Dead, il ne s'agit pas d'un film dérivé mais d'une véritable petite fresque ambitieuse aussi aboutie techniquement que maîtrisée tant au niveau des effets spéciaux, des conventions zombies et de la comédie. L'humour employé joue la carte du burlesque mais également de la satire socio-politique particulièrement mordante qui est si poussée que l'on pourrait croire que le film est une production de dissidents réfugiés aux USA. Et bien non, aussi surprenant que cela puisse paraître, le film a bel et bien été fait à Cuba avec la participation d'institutions gouvernementales. Non, Cuba n'est vraiment pas la Corée du Nord. Quoi qu'il en soit, malgré certaines petites longueurs fort passagères, Juan demeure un véritable bijou d'horreur comique absolument tordant par moments qui m'a fait bien bidonné, moi et le reste de la salle. Cote ****1/2
Je ne suis vraiment pas chanceux avec le film argentin La Memoria Del Muorto. J'ai voulu d'abord le voir en salle, mais celle-ci étant pleine, j'ai du me contenter du screener pour le découvrir alors qu'il manquait vingt minutes à la copie. Le film m'intéressait parce qu'il semblait un bon exemple de gothique hispano/sud-américain dont Guillermo del Toro (Le Labyrinthe de Pan, L'Échine du Diable) est le représentant le plus éminent. Dans ce film, cinq des meilleurs amis d'un défunt sont réunis dans une villa par sa veuve pour commémorer sa mort, mais se retrouvent impliqués dans un rituel magique visant à le ressusciter. Désormais prisonniers de la villa, les invités sont visités par l'esprit des morts qui leur font revivre leur douloureux passé, mais des assassins rodent également dans la demeure.

Même sans sa bobine manquante (les 20 min du screener), j'ai trouvé que Memoria souffrait de problèmes de rythme et d'emphase mélodramatique. Ceci dit, l'idée de départ est excellente et bien appliquée tant au niveau de l'atmosphère, des effets spéciaux, des retournements dramatiques et de l'imagerie fantastique qui évoque le cinéma giallo et gothique Italien (Bava, Argento, Fulci). C'est donc passablement frustrant que je n'ai pu hélas voir qu'une version tronquée. Cote : ***
Dans la comédie d'horreur Games of Werewolf, Tomas un écrivain sans grand succès retourne dans son village natal invité par les habitants pour y célébrer une fête locale. En fait, il est la victime d'un piège, les villageois souhaitant l'offrir en sacrifice à un loup-garou pour mettre fin à une malédiction pesant sur le village depuis un siècle.

Présentant un trio d'ahuris confronté d'abord à des villageois belliqueux puis à un horde de loups-garous, Games of werewolfs s'avère être une très bonne comédie horrifique, remplie d'hommages et presque sans aucun CGI ce qui est plutôt rafraîchissant. Ceci dit, j'ai quand même beaucoup regretté qu'il n'y ait aucune présence féminine (sauf pour une mémé et la séquence BD qui ouvre le film). J'ai également trouvé que les moments de vraie grande rigolade étaient plutôt épisodiques (mais ceux-ci sont absolument géniaux) et que la menace des loups-garous présentés comme des gorilles poilus tourne un peu court. Bref, bien que le film soit dans son ensemble assez réussi, il est quand même un brin insatisfaisant. Ceci dit, le public dans la salle a adoré et le film a remporté l'or dans la sélection prix du public. Cote ***1/2
Sleep Tight est un film de Jaume Balaguer co-réalisateur de la série des REC présentés à Fantasia ces dernières années. Comme ces derniers films, l'action de Sleep Tight se déroule dans les entrailles d'un bloc appartement mais la nature du mal y est différente : étant centrée sur un maître manipulateur au lieu de zombies. Cesare est un concierge misanthrope qui trouve son bonheur en empoissonnant subtilement l'existence des tenanciers du bloc appartement où il travaille sans jamais se compromettre. Une logeuse résiste toutefois à ses tentatives en arborant toujours un grand sourire malgré les multiples avanies qu'elle subit, causées secrètement par Cesare. Ce dernier redouble d'effort afin d'avoir le dessus sur elle. Va-t-il réussir?

Sleep Tight est un thriller au sujet original, rudement bien mené et délicieusement pervers dans sa façon de manipuler le spectateur en faisant d'eux non seulement les témoins mais également les complices virtuels de Cesare malgré la nature abjecte de son entreprise. Un jolie tour de force qui aurait probablement plu à Hitchcock lui-même. Le film a rapporté le prix du jury de Fantasia pour le meilleur scénario mais l'acteur Luis Tosar, superbe dans son rôle de misanthrope inquiétant et un brin pathétique aurait bien pu mériter un prix lui aussi. Cote : ****
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