Wu Xia a été mon premier film de Fantasia cette année. Il fut présenté lors de la soirée d'ouverture du Festival. Avant la présentation du film, le directeur de la sélection Hong Kong, Chu King Wei est venu dire devant la salle que Wuxia avait été l'un des rares films martiaux hongkongais à n'avoir jamais été présenté à Cannes et qu'il était montré à Fantasia dans le cadre des célébrations des 40 ans des films kung-fu présentés en Occident depuis la sortie du classique Five Finger of Death des Shaw Brothers en 1972. La raison du choix de Wuxia repose sans aucun doute sur la présence dans le film de trois générations d'acteurs martiaux : Donnie Yen mais également deux étoiles de la Shaw : Kara Hui Ying Hung et Jimmy Wang Yu.
Comme d'habitude avec les films martiaux présentés à Fantasia, une bande annonce originale de la Shaw Brothers a été montrée avant le début de Wuxia, celle du film Bastard Swordsman auquel le public fantasien a comme toujours réagi avec fortes exclamations, surtout avec ses images d'acrobaties wire-fu, de fouet laser et de chrysalide de soie géant.

Comme le terme "Wuxia" ne signifie rien pour le grand ensemble du public occidental, ce film martial de Peter Chan a été rebaptisé « Dragon » par la compagnie des frères Weinstein (qui aura également coupé le film de 12 min). C'est après tout le vrai nom (Lung=Dragon) du héros du film, un bandit repentant débusqué par un détective aussi futé qu'implacable et poursuivi par son ancien clan.

Puisant tant dans A History of Violence, le récent Sherlock Homes, le classique Avenging Eagle et avec même un clin d'oeil à One armed Swordsman, Wuxia se veut un ambitieux mélange de film martial et de polar avec un brin d'existentialisme (du genre karma vs libre arbitre). Toutefois, Peter Chan a beau aimer le genre martial et vouloir le rendre un peu plus profond, cela ne fait pour autant de Wuxia un film pleinement réussi. Certes, le film a de grandes qualités, notamment une direction photo superbe et des combats certes peu nombreux mais enlevés, hélas c'est également un film qui souffre de certaines lacunes de scénario et d'acteurs pas à la hauteur de leur personnage (problèmes biens mis en relief dans la critique de Léonard Aigoin) et qui font que Wuxia s'avère une œuvre certes belle à voir mais également laborieuse et inaboutie.
En fait, c'est seulement lorsque les vétérans Kara Hui Ying et Jimmy Wang Yu entrent en scène à mi-chemin du film que Wuxia semble investi d'une vraie vitalité. En effet, non seulement ils n'ont rien perdu de leur kung-fu mais jouent également des méchants d'une belle férocité. Wang Yu en particulier est superbe dans son rôle d'ogre tyrannique dont les colères et l'arrogance tempétueuse dissimulent de profondes meurtrissures intérieures (comparé à lui, Donnie Yen fait figure de menhir). Sa grande scène de confrontation avec Donnie Yen et sa famille est une des plus belles scènes dramatiques que j'ai vue pendant le festival. Malgré ses 68 ans passés, Wang demeure malgré tout un magnifique « Motherfucking Bad Ass ».

A noté que la présence de la jeune Tang Wei (découverte dans Lust Caution) est également la bienvenue. Tout comme Zhou Xu de True Legend vu à Fantasia l'année passée, l'expressivité bien sentie de son personnage d'épouse du héros compense le manque de finesse de son partenaire masculin.
Côte : ***1/2
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