Une des particularité de FILMART est probablement le fait que la majorité des professionnels qui y viennent, n'ont pas le temps d'assister aux projections qui y sont proposées, soit plus d'une cinquantaine de long-métrages et une dizaine de courts-métrages et programmes TV par jour répartis dans une quinzaine de salles. Près d'un tiers des long-métrages projetés dans le cadre de FILMART étaient des « HKIFF industry screenings » (reprises de certains films du festival pour les professionnels du marché) dont Punished, drame produit par Johnnie To où l'excellent Anthony Wong incarne un homme d'affaire voulant venger à tout prix la mort de sa fille, ou encore Buddha Mountain, surprenant drame chinois dressant le portrait de trois jeunes marginaux qui croisent la route d'une ancienne chanteuse d'opéra suicidaire (formidable Sylvia Chang) dévastée par le décès accidentel de son fils.
Punished
Programmateur au Film Festival Fantastique du Film de Sitges, l'espagnol Mike Hostench, présent à FILMART pour la 7 ème fois, avoue ne pas avoir le temps d'assister à beaucoup de projections durant les quatre jours du marché : « FILMART est pour moi plutôt un lieu de rendez-vous. Pour les projections, c'est plutôt Cannes, Toronto ou Berlin. Mais j'essaie quand même de trouver du temps pour voir quelques films. Parfois vous ne regardez pas le film entièrement, mais s'il est bon, il faut trouver le temps pour le voir en intégralité. Il est donc souvent difficile de combiner rendez-vous et projections, mais comme les projections sont annoncées avant le début du marché, on peut arranger les rendez-vous en fonction. J'aime être organisé avant d'arriver ici, et dans mon cas, 99% de mes rendez-vous étaient pris à l'avance. »
Ko Mori, qui était surtout là pour vendre des films, enchaîna les rendez-vous à un rythme impressionnant : « Nous avions un rendez-vous toutes les trente minutes, tous les jours, et entre eux, il y a des gens qui s'arrêtaient à notre stand, et ça se transformait en rendez-vous. Je pense avoir eu plus de soixante rendez-vous sur les 4 jours de FILMART. 70 à 75% d'entre eux étaient avec des sociétés asiatiques. »
Buddha Mountain
Le réalisateur hongkongais Antony Szeto (Dragon Blade, Wushu), un habitué du FILMART depuis de nombreuses années , venait lui, discuter de ses nouveaux projets avec d'éventuels partenaires et investisseurs : « Au fil des ans, j'ai rencontré pas mal de monde à FILMART, à Pusan, à Cannes etc. Evidemment, j'ai des rendez-vous organisés, mais je sais aussi qu'à FILMART, j'ai de grandes chances de croiser par hasard des gens que je connais pour parler de films, de l'industrie du cinéma, et en gros, me tenir au courant de ce qui se passe. »
Lorna Tee, en plus de son projet présenté au HAF, démarchait également pour un autre film qu'elle a produit : « Environ dix à douze rendez vous par jours, sans compter les dînez ou apéritifs professionnels. C'était assez dur pour moi cette année, car je devais aussi organiser des rendez-vous pour le réalisateur avec lequel je travaille, avec des production designers, chef opérateurs, laboratoires etc. J'ai aussi un film indonésien en post production, Postcard from the Zoo que j'ai montré à plusieurs festivals ainsi qu'à des acheteurs potentiels. C'était vraiment un marché très chargé pour moi ».
Postcard from the Zoo
Comme beaucoup, Jeremy Segay préfère prendre seulement 50% de ses rendez-vous à l'avance pour d'éventuels rencontres imprévues : « Je me laisse le temps, entre des rendez-vous, trente minutes voire une heure, pour circuler un peu dans les stands. Une des forces du FILMART, c'est qu'à chaque coin de stand, on peut toujours faire une très bonne rencontre, qui peut déboucher sur des choses assez intéressantes. C'est un fait un très bon FILMART cette année, mais je trouve ce marché toujours un peu court. A chaque fois, le temps passe très vite et j'ai vu seulement la moitié des gens que j'aurais bien aimer voir. Donc si j'avais une suggestion à faire, ce serait de rajouter un jour supplémentaire au marché. »
Texte & propos recueillis par Frédéric Ambroisine |