Sept cinéastes spécialisés dans l'horreur (et tous familiers avec Fantasia) ont décidé de faire un film à sketchs intitulé THE THEATRE BIZARRE (BA). Ils ont trouvé leur financement avec une compagnie de ciment (?!) et chacun aura produit en toute liberté un court métrage dans leur style et avec leurs préoccupations très distinctes. Assez curieusement, quatre des sept histoires tournent autour de relations de couples qui virent au vinaigre, ce qui crée une certaine redondance.
Mother of Toad de Richard Stanley est un récit librement inspiré de l'auteur pulp Clark Ashton Smith se situant dans le magnifique cadre des Pyrénées (ou vit d'ailleurs le cinéaste) avec sorcière, crapauds et copulations inter-espèces. Superbe visuellement et très réussi avec son atmosphère glauque et poisseuse mais hélas un peu court. Plus réaliste, I Love You de Buddy Giovinnazo est le récit d'une rupture amoureuse, entre une jeune femme qui cherche à se libérer de son amant obsédé et possessif. C'est très bien écrit, mené et joué mais plutôt convenu car on voit la fin venir dès le début. Wet Dreams de Tom Savini mélange rêverie érotique, cauchemar castrateur, chicane de couple et vengeance féminine. C'est le segment le plus léger mais dont la fin à mon idée rate le coche. Dommage. The Accident de Douglas Buck est le plus songeur du lot, récit sobre et poétique de la première rencontre d'une petite fille avec la mort. Vision Stains de Karim Hussein est le plus glauque et halluciné : récit d'une junkie qui se drogue à la mémoire des autres en s'injectant l'aiguille directement dans l'œil. Le dernier Sweets de David Gregory fait la métaphore entre obsession alimentaire et amoureuse. C'est le plus dégoûtant et stylisé. Toutes les histoires sont intercalées avec des interludes réalisés par Jeremy Kasten où dans une salle de théâtre délabrée le grand cabotin par excellence Udo Kier déguisé en marionnette de papier mâché joue les bonimenteurs. Après le film, tous les réalisateurs et les acteurs sont descendus au devant de la scène, en tout, trois à quatre douzaines de personnes. En général, j'ai moyennement apprécié, aucun des films ne m'ayant vraiment renversé. La salle par contre a beaucoup aimé et ce type de film à sketches est une expérience des plus valable. |