Cette année Fantasia aura invité l'artiste multidisciplinaire Aurelio Voltaire Hernandez ou tout juste Voltaire pour présenter son spectacle solo VOLTAIRE: PUPPETEER OF THE MACABRE où il chante en jouant de la guitare, raconte un peu sa vie et présente ses courts-métrages. 

Voltaire a commencé sa carrière comme metteur en scène de marionnettes stop motion, procédé dont le maître le plus célèbre est Ray Harryhausen. Il a surtout produit dans le domaine de la publicité et des chaînes spécialisées tel SCi-Fi, MTV de même que The Cartoon network. Son imagerie macabre et gothique voisine est voisine de celle de Tim Burton qui a également commencé sa carrière comme dessinateur/animateur. 

L'arrivée de l'animation par ordinateur CGI au milieu des années 90 ayant rendu en grande partie désuet l'emploi du stop motion, Voltaire s'est reconverti en chanteur où il a connu un très grand succès culte. 

Bien que pour moi son style semble s'apparenter à une forme de musique folk/goth, le site encyclopédique Wikipédia le décrit plutôt comme appartenant à la tendance «  Dark Cabaret » . Depuis ses débuts, il a enregistré plus de 9 disques, dessiné des comics-books et est retourné occasionnellement à l'animation de courts métrages stop motion (qu'il n'a jamais cessé d'enseigner à l'école des arts visuels de New York).

Le spectacle présenté était en deux temps : une première partie où il raconte sa vie avec humour à coups de mots d'esprit et de mimiques truculentes et où il présente également ses courts-métrages stop motion. Après un bref entracte, survient la deuxième partie où vêtu d'un blouson goth et d'un chapeau haut de forme, il chante plusieurs de ses ballades dont les titres sont évocateurs de son humour noir : « Les femmes sont folles les hommes idiots! La demoiselle mécanique! Quand un artiste échoue!, la putain zombie, BRAINS et une de ses dernières chansons qui décrit bien son imaginaire « Chevauchant une licorne noire, le long d'un volcan en éruption, tout en buvant une coupe remplie des rires de petits enfants » . 

Tout au long du spectacle, il a continuellement jeté des mots d'esprits aussi morbides et moqueurs. À la fin du show, il aura invité les spectateurs connaissant une de ses ballades à l'accompagner en tant que cœur improvisé pour sa dernière chanson. Deux douzaines de jeunes sont montés sur scènes, des Goths, des geeks et même une jeune musulmane portant un hijab. 

N'ayant jamais entendu parlé de ce joyeux gai luron macabre ou de son œuvre auparavant, j'ai trouvé que la soirée passée avec lui s'est avérée une découverte aussi révélatrice que divertissante.

Sites consacrées à Voltaire et à son œuvre :

Voltaire.net
My Space
Fan page
Vorutania

Quelques chansons de Voltaire sur Youtube

When you're evil
Zombie prostitute
Brain
Land of the Dead

Un des grands moments, voire peut-être le “Grand” moment de Fantasia 2010, a été la présentation de la nouvelle version intégrale du classique du cinéma muet  METROPOLIS  à  La Place des arts  la plus grande salle de spectacle de Montréal avec un orchestre live, jouant une partition originale composée et dirigée par Gabriel Thibaudeau. Cette année, un autre classique du muet, THE PHANTOM OF THE OPERA (BA) a été présenté au même endroit et toujours avec un orchestre jouant une fois encore une partition originale de Thibaudeau. 

Tout comme METROPOLIS, PHANTOM est un film demeuré célèbre grâce à son imagerie iconique : les gigantesques décors recréant l'Opéra Garnier (tant la salle d'opéra elle-même que son grand vestibule et ses sous-sols secrets) la séquence technicolor dans laquelle un bal costumé endiablé se tient dans le Grand vestibule et où le Fantôme fait son apparition tout de rouge vêtu, et le Fantôme lui-même interprété magistralement par Lon Chaney avec un maquillage qui presque 100 ans plus tard reste encore un des plus mémorable jamais conçu.

La première partie du film est particulièrement saisissante lorsque le film joue sur le gigantisme des décors et emploie un jeu d'ombres et de lumière expressionniste pour poser les bases du mystère du fantôme hantant l'opéra et de l'effroi qu'il inspire. Le fantôme idolâtre une jeune cantatrice dont il favorise la carrière en intimidant sa principale rivale. Initialement la jeune fille est reconnaissante de l'aide de son bienfaiteur mais le prend aussitôt en horreur lorsqu'elle découvre son visage effroyablement laid. C'est peut-être là que le film se gâte un peu dramatiquement puisque il n'y a dès lors aucune ambiguïté romantique dans la relation entre le fantôme et sa protégée qu'elle voit aussitôt comme un monstre malgré l'aide qu'il lui a apportée. Il faut dire toutefois que malgré le pathos grandiloquant que Chaney apporte à son personnage, ce dernier est bel et bien « monstrueux » tant dans ses agissements et son obsession amoureuse que son apparence. Le jeu pantomime exagéré dans lequel les personnages expriment leurs émotions d'amour fou et de rejet a aussi souvent amené quelques ricanements de la salle. 

Là où le spectacle n'a pas déçu, c'est avec la magistrale partition de Thibodeau qui communiquait parfaitement tant l'ambiance gothique du film que ses péripéties avec enlèvements, traquenards et mystère. Le film se déroulant dans un opéra, il était souvent amusant de voir les scènes où jouait un orchestre alors que justement un orchestre jouait la partition sur l'avant-scène de la salle. Le film comprenant des extraits de l'opéra  Faust une cantatrice est régulièrement apparue sur scène pour chanter des morceaux tel le « je suis si belle dans ce miroir » de l'Air des bijoux de l'opéra Faust par Gounod, ce qui a rehaussé l'aspect « live » du spectacle. Même si le film ne satisfait pas complètement, du moins dramatiquement, je l'ai quand même vu dans les meilleures conditions qui soit : dans une grande salle, avec orchestre et une foule de près de 1000 personnes. J'espère de tout cœur que je connaîtrai de nouveau pareil expérience l'année prochaine avec un nouveau classique du muet.

Entrevue avec Gabriel Thibaudeau