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Projets & situation de l’industrie à HK |
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« Les Soi Cheang, ils sont nuls. C'est des voleurs. » |
Projets |
HKCinemagic : Quel est votre prochain projet ? |
Julien Carbon : On en a deux, là tout de suite. Il y en a un qu'on devait commencer à tourner plus tôt, mais en fait ça va être repoussé au début de l'année prochaine, vers février ou mars, je pense. On va le tourner à Hong Kong, ça s'appelle Trois Jours Ailleurs , avec Eric Cantona, Alice Taglioni et Isaac de Bankolé. Donc ça sera vraiment différent des Nuits Rouges, ça sera plus une poursuite à travers la ville, beaucoup plus mobile, beaucoup plus de caméras portées, beaucoup plus de foule aussi. Enfin vraiment courir dans la ville !
Laurent Courtiaud : Beaucoup plus léger, c'est un polar romantique. Donc ça va être un film un peu plus grand public, mais vraiment pour montrer Hong Kong d'une autre façon. On va choisir encore des lieux un peu inédits, un peu originaux, et on va filmer d'une autre façon.
Julien Carbon : Mais là, Cantona va commencer une pièce de théâtre en septembre, qu'il va jouer jusqu'à la mi-janvier. Donc ça sera après cette pièce. On commencera la préparation, et il y a cette question de calendrier entre les deux, et comme ça nous démange de tourner, on essaie d'en monter un très très vite, un tout petit budget français qu'on tournerait si tout va bien, enfin c'est encore très hypothétique, à l'automne, peut-être dans le sud de la France. Et là ça serait un thriller paranoïaque autour du monde des sectes.
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Situation du cinéma de HK |
HKCinemagic : Vous avez encore la foi dans le cinéma hongkongais ? |
Laurent Courtiaud : Non, on n'a plus la foi parce qu'il est presque mort. Tous les investissements maintenant viennent de Chine, donc les films sont faits pour la Chine. Il n'y a que Tsui Hark avec Detective Dee qui se joue un peu de la censure. Parce qu'il est malin, il joue donc avec le système.
Julien Carbon : On ne peut pas vraiment avoir la foi en ce moment parce que vu la situation on est obligé d'aller tourner en Chine. Donc ça prive l'industrie de ses talents. Mais on peut avoir la foi en les Hongkongais eux-mêmes, parce qu'ils rebondissent et forcément ça reviendra. Mais ça risque de prendre un peu de temps. Le statut a beaucoup changé. Quand on est arrivé à Hong Kong, ils tournaient 150 films par an, aujourd'hui on est à une quarantaine, une cinquantaine par an. Et quand on est arrivé, il y avait 50 000 personnes qui tournaient dans ou autour du cinéma, en comptant la distribution et tout. Aujourd'hui c'est 5000 personnes. Aujourd'hui il arrive souvent que la nuit dans Hong Kong on prenne un taxi et on croise quelqu'un qu'on connaît, qui a été acteur ou directeur des combats !
Laurent Courtiaud : C'est très triste. Mais bon c'est des gens qui sont forts, qui travaillent, qui ont une énergie très forte, et qui vont rebondir. Mais en ce moment c'est le marasme et les productions font n'importe quoi. On essaie de pousser une pseudo-nouvelle génération de réalisateurs qui à notre sens est survendue, puisque la majorité on ne les aime pas. Alors que Ringo Lam ne travaille pas. Edmond Pang Ho-Cheung est très intéressant, mais les autres, les Soi Cheang, ils sont nuls. C'est des voleurs. Et tu te dis, personne ne veut donner d'argent à Ringo Lam pour faire des films ! |
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HKCinemagic : Bon, parlons de choses sérieuses : quand est-ce que vous faites tourner Yuen Biao !? |
Laurent Courtiaud : Ah ben écoute, on l'aime bien, on va voir. Comme de toutes façons [le prochain film] ça va être une poursuite, on mettra Yuen Biao derrière Cantona. (rires) |
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HKCinemagic : Et est-ce que le fait d'avoir fait un opéra vous donne envie de passer au Wu Xia Pian ? |
Julien Carbon : On adorerait faire un wu xia pian, c'est notre rêve.
Laurent Courtiaud : On en a même écrits. Si vous êtes prêts à le produire, on le tourne tout de suite !
Julien Carbon : On a bien vu avec Tsui Hark. Il nous faisait confiance sur tout, et on a même travaillé sur ce script toujours en évolution du Roi Singe, ça c'est un rêve. Encore ça, ça va, il sait qu'on connaît parfaitement le livre. Mais par exemple, on était à la Workshop à l'époque de Wong Fei Hung en Amérique, et donc on s'était proposé parce qu'on connaît très bien Wong Fei-Hong et les westerns. On a dit « Nous sommes les hommes de la situation ». Mais bon, on était des gweilos, en plus ce n'est pas notre tradition, donc même chez Tsui, qui est certainement le réalisateur le plus ouvert, il y a une hésitation. On sait très bien qu'on ne produirait pas à Hong Kong un film en costumes. |
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HKCinemagic : Comme si vous leur preniez leur histoire... |
Julien Carbon : C'est ça. Déjà on a la chance d'être des étrangers qui ont été accueillis à Hong Kong, et je pense qu'on a été mieux accueillis que n'importe quel étranger qui voudrait se frotter au cinéma français. A Hong Kong comme les gens sont plus pragmatiques et plus ouverts, à partir du moment où l'idée leur paraît assez intéressante on peut travailler.
En France, justement on te demanderait d'avoir un bagage culturel plus important, et même si tu l'as et si tu le prouves, je ne pense pas qu'on te laisserait faire un film de cape et d'épée si tu es un jeune cinéaste chinois passionné de cinéma français qui vient débarquer en France. Et je ne sais pas si les producteurs français seraient prêts à mettre de l'argent dans un wu xia pian. Par contre un film de cape et d'épée français, c'est possible !
Laurent Courtiaud : C'est un but ! Et ça sera le mot de la fin.
Les actrices.
© Crédit Photographique - Morgan Ommer. |
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