Un jeune psychiatre danois empoté est lancé contre son gré dans une aventure exotique extravagante qui le dépasse complètement et le voit aboutir en pleine jungle indonésienne. Inspiré par les nombreux films d’action/aventure des années 80 (genre À la poursuite du diamant vert) At the World’s End s’en démarque par l’emploi d’un humour absurde et noir typiquement danois. Tonifié par son humour cruel (des tueries qui débouchent presque toujours sur un gag), j’ai trouvé le film des plus marrants, bien que je dois admettre que la fin m’a un peu déçu, tellement je l’ai trouvée terne.
Le réalisateur Tomas Villum Jensen était présent et il a beaucoup apprécié la réaction enthousiaste de la salle. Après la présentation du film, il a raconté les aventures du tournage et loué le travail de Brigit Hjort Sorenson la vedette principale dans le rôle de la pimpante assistante du héros malgré lui.
Les deux films suivants ont fait partie de la sélection "Subversive Serbie"
TECHNOTISE EDITH AND I ***1/2
Technotise Edith and I est le premier film d’animation serbe (employant tant le dessin à la main que l’ordinateur), une oeuvre de science fiction très évocatrice dans son look de l’art de Mobius de même que l’anime cyper-punk japonais, à commencé par le classique Akira.
Le film fait partie d’une série présentée à Fantasia sur le cinéma subversif serbe. Pourtant le critique serbe venu introduire le film a avoué que Techno n’était pas très subversif par rapport aux autres œuvres présentées (entre autres, il a un happy-end) et qu’il n’aimait pas le film tant que ça lui-même. Son auteur, Aleksa Gajic un dessinateur de bande dessinée, était encore trop marqué par son medium d’origine. Force est de reconnaître qu’en effet le film est inutilement laborieux dans son récit, (il est rempli d’interminables dialogues), assez dérivatif et que sa fin m’a semblé quelque peu bâclée. Ceci dit, le travail graphique et d’animation est indéniablement professionnel, évoquant comme je l ’ai dit le travail tant de Moebius, des japonais et de l’animateur français René Laloux (auteur de laPlanète sauvage et des Maitres du temps).
TEARS FOR SALE ****
La première guerre mondiale a vu périr les deux tiers de la gent masculine de Serbie, laissant bien des femmes esseulées. Pour avoir accidentellement tué le dernier homme du village, deux sœurs, pleureuses professionnelles, doivent s’exiler accompagnées du fantôme de leur grand-mère, dont l’âme sera reléguée aux limbes si elles ne réussissent pas dans leur mission. Une fois qu’elles ont trouvé des hommes, les sœurs tiennent toutefois à les garder pour elles.
Tears for sale est mon deuxième film serbe. Ce dernier fut, il y a deux ans, la plus couteuse production du pays. Un journaliste a décrit cette production comme un spectacle à la Terry Gilliam mais avec une saveur distincte d’Europe orientale. C’est une comparaison que j’ai trouvée tout à fait valable. Si un scénario complètement compréhensible et cohérent a été sacrifié en faveur des aspects thématiques et visuels, force est de reconnaître que ces éléments ont du panache et de l’originalité à revendre.
Ce que cette fable surréelle, bucolique et morbide met surtout bien en relief, c’est ce qui a été décrit par le scénariste comme l’obsession de la mort dans la mentalité serbe ("fetichism of death"), ou vie et mort s’entrecroisent à un tel degré que la plupart des personnages considère la mort comme une inévitabilité qui régit complètement leur vie et leur vision du monde, nécessairement des plus étroites. C’est à cette fatalité morbide que certains personnages semblent s’opposer, hélas assez vainement.
Avant la projection de Tears, Mitch Davis le directeur de la programmation du Festival, est venu le présenter en mentionnant qu’il s’agissait la de la version originale du film et non celle tronquée par Luc Besson qui a acheté les droits internationaux. Parmi les coupes qu’il a imposées, toutes les séquences avec la grand-mère fantôme. Aïe...
Le film terminé, le scénariste du film Aleksandar Radivojevic Kicic et un critique serbe sont venus au devant de la salle pour donner plus de détails sur les thèmes du film et le contexte du cinéma serbe. Les deux formaient un curieux duo, le critique étant un petit bonhomme à lunettes et le scénariste un gros chevelu. Ce dernier a beaucoup critiqué le cinéma national serbe subventionné et sans imagination. À un moment donné, une spectatrice manifestement d’origine serbe l’a accusé de détester son pays et son cinéma avant de quitter brusquement la salle.