La vedette du film est Marko Zaror, un ancien cascadeur et artiste martial d’origine Chilienne devenu avec 3 films la vedette d’action le plus prometteur d’Amérique. Bâti comme un gorille mais agile comme un singe... le nom de Mandrill qu’il donne à son personnage lui va comme un gant (c’est aussi le nom de sa compagnie de production). Déjà en 2008, Fantasia avait montré ses deux premiers films Kiltro (que j’ai vu) et Mirageman (que j’ai raté). Comme Dwayne Johnson aka The Rock (qu’il a doublé dans un film) et Arnold Schwarzenegger, Zaror est une armoire à glace qui pimente son personnage d’humour souvent quasi auto parodique. En plus de son talent de combattant martial acrobatique, il est aussi pourvu d’un charme indéniable bien latin et contrairement à de nombreux durs à cuire, il n’hésite pas à montrer un certain côté vulnérable et sensible.
J’avais déjà remarqué cela dans Kiltro, et il en remet dans Mandrill où il joue un tueur à gages héroïque qui traque le tueur de ses parents, en séduisant sa fille. Mandrill présente donc un héros d’abord vengeur, séducteur et cool qui devient tragique lorsque les conséquences de ses actes le rattrapent. Quasi pastiche enjoué rempli d’action, d’humour et de mélo-kitch typiquement latino, Mandrill s’est avéré une excellente surprise qui confirme le talent de Zaror et de ses collaborateurs. J’espère qu’il ne se sera pas débauché par Hollywood de sitôt afin de préserver sa magie latino kitch qui enveloppe ses films.
CLASH **
Il y a deux ans, The Rebel, un film d’action kung fu vietnamien, avait été une des grandes surprises de Fantasia 2008. Clash récupère leurs deux vedettes Veronica Ngo et Johnny Nguyen (qui a également chorégraphié les scènes d’action) pour une résultat qui combine allégrement les films d’action à la John Woo, à la Tarantino et aux girls with guns. À un certain niveau, Clash possède une indéniable efficacité (surtout dans les bagarres) mais dispense également des clichés à la tonne et beaucoup de prétentions (ah c’est arias d’opéra)...
qui dégonflent constamment le film au point de le rendre risible. Désolant.
Malgré tout, Johnny et Veronica défendent bien leurs personnages, tant d'un point de vue dramatique que dans l'action, vigoureuse, mais manquant d’une véritable étincelle comme dans The Rebel. Enfin de compte, Clash s’avère donc être une déception. Dommage.
RAGING PHOENIX ****1/2
WOOOW !!! c’est la réaction que la salle et moi avons eu au cours des trentes premières minutes du film d’action thai Raging Phoenix rempli de scènes d’action exaltantes, chorégraphié par Panna Rittikrai, celui qui a découvert Tony Jaa et l’a chorégraphié dans Ong Bak. Le film met en scène deux autres de ses découvertes récentes : la formidable Jeeja Yanin digne émule thaï des amazones vues dans les films hongkongais comme Moon Lee et Yukari Oshima et il y a aussi le franco-vietnamien Patrick Tang, alias Kazoo. Les scènes d’action sont si nombreuses dès le départ que je me suis dit que c’est astuce pour accrocher les spectateurs tout de suite, pour ensuite les faire patienter pendant de longs intermèdes dramatiques et j’avais raison. Une fois que l’action repart dans le dernier tiers, le spectateur a nouveau droit à des morceaux de bravoure s'enchaînant les uns après les autres, notamment un combat échevelé sur les ponts de bois surplombant un vaste gouffre souterrain et une séries d’affrontements acrobatiques entre Jeeja et les sbires d’un gang de kidnappeurs dont le chef est un(e) transsexuelle absolument féroce.
Alors que Ong Bak basait ses scènes d’action sur le Muay thai, Panna Rittikrai a plutôt cherché dans Raging Phoenix à se faire l’émule de Yuen Woo Ping et a conçu un style de combats basé sur le Muay thai bien sûr mais également le break dancing et le kung-fu de l’ivrogne. Le film bénéficie également d’une excellente direction photo et mise en scène, malgré parfois une certaine surabondance de ralentis. Bien que trop long, trop mélo et trop saugrenu par moment (on a beaucoup ricané dans la salle), Raging Phoenix n’en demeure pas moins le meilleur film martiaux du festival, peut être pas aussi achevé que Ip Man 2 et Bodyguards and Assassins mais reste, à bien des niveaux, encore plus exaltant comme l’a démontré l’enthousiasme de la salle tout au long du dénouement. J’ai hâte de voir ce que Rittikai, Jeeja et Kazoo nous réserve pour l’avenir.
MERENTAU ****
Je n’ai pas vu ce film martial originaire d’Indonésie pendant le festival. Il faut dire que le synopsis n’était guère engageant. Yuda un jeune campagnard expert en Pencak-Silat, l’art martial national du pays, vient vivre dans une grande ville et se retrouve confronté à des gangsters. C’est la trame générale de Ong Bak avec Tony Jaa, de nombreux films de Chang Cheh avec Chen Kuan Tai et Alexander Fu Sheng et même de deux des quatre films kung-fu de Bruce Lee. Pour l’originalité donc on repassera.
Toutefois lorsque j’ai mis la main sur Merantau plusieurs mois après la tenue du festival, le film s ’est avéré une fort agréable surprise, non pas pour ses combats (qui sont pourtant nombreux et excellents) mais pour l’approche rafraîchissante envers les personnages qui bien qu’ils soient clichés, ont une certaine profondeur, non pas psychologique mais humaine. Même chose pour les méchants, ce qui est rare dans un film martial. L’attention portée aux personnages fait que le film est lent à démarrer, mais lorsque l’action commence pour de vrai, il n’y a que de courtes pauses entre chaque affrontement. Ceux-ci sont filmés dans de longs plans séquences qui mettent en valeurs tant la vigueur des combats que l’excellent calibre des acteurs/cascadeurs martiaux et de la chorégraphie. Tout comme Ong Bak et bien des film d’action, Merentau montre de nombreuses séquences de chutes casse-cou assez impressionnantes. Par contre, il n’emploie pas de ralentis, ni d’humour et la vedette, contrairement à Tony Jaa, ne fait pas d’acrobaties martiales.
Bien que le film soit situé en Indonésie et présente un héros local, le film a été écrit et réalisé par un britannique, Gareth H. Evans , dont le film précédant avait été un documentaire portant sur le Pencak-Silat. C’est comme cela qu’il a du acquérir son savoir-faire pour filmer des scènes d’action, réunir une équipe de cascadeurs/chorégraphes compétants et découvrir sa vedette Iko Uwais. Beau gosse à l’allure sensible, Iki n’en demeure pas moins un combattant martial émérite au kung fu robuste, intense et articulé. L’origine du metteur-en-scène explique aussi la bonne tenue du duo de méchants occidentaux du film qui pour une fois ne sont pas caricaturaux, et évoquent même entre eux les liens d’amitié masculins que l’on retrouve chez Chang Cheh. De nombreux éléments du scénario de Merentau indique d’ailleurs qu’Evans avait des films de l’Ogre de la Shaw Brothers bien en mémoire quand il a concocté son scénario.
Si l’histoire n’est guère originale et que ses scènes d’action n’ont pas l’extravagance et l’inventivité que l’on retrouve dans Raging Phoenix, Merentau n’en demeure pas moins un film martial extrêmement solide, bien plus satisfaisant que des grosses baudruches comme Bodyguards and Assassin ou Ip Man 2. Pour un premier film martial, c’est un coup de maître et la surprise martiale de l’année au festival (comme The Rebel l’avait été il y a deux ans), ce qui me fait beaucoup regretter de l’avoir raté. Il faut espérer que Evans, Iko et leur équipe de cascadeurs/chorégraphes pourront poursuivre sur cette lancée avec d’autre films. C’est un bon moyen pour permettre à l’Indonésie de rejoindre ces pays asiatiques faiseurs d’action au cinéma .