Bien qu’il soit surtout reconnu comme le créateur du ROI LEO, PRINCESSE SAPHIR et ASTRO, le grand auteur de manga Osamu Tezuka
a également créé des œuvres particulièrement troubles et noires dont la série MW est un excellent exemple. Datant du milieu des années 70, la série reflétait l’actualité de cette époque marquée par la Guerre du Vietnam et les activités des terroristes d’extrême gauche japonais. Or trente ans après la création du manga original, MW est maintenant adapté en un thriller contemporain.
Un maitre criminel aussi machiavélique que cruel Michio Yuki cherche à se venger d’une terrible tragédie ayant causé l’extermination d’un village entier terrassé par un gaz mortel le MW. Le seul confident de Yuki est l’autre survivant de l’hécatombe, le Père Garai, un jeune prêtre catholique tourmenté, qui s’avère être également le seul être capable d’arrêter le grand plan de son "ami" ne visant rien de moins que l’extermination de la race humaine grâce au gaz MW dont il veut s’emparer.
Au départ MW s'avère être un thriller assez enlevé qui débute avec une poursuite échevelée et continue d'être intriguant avec son personnage d'anti-héros criminel et charismatique. Le personnage du prêtre tourmenté est par contre le maillon faible du récit et ni le personnage ni le lien qui l'unit avec Yuki
ne sont présentés de façon bien convaincante. Au final MW s'avère donc un thriller très bien produit et mis en scène, mais au scénario plutôt inégal.
Comme avec OROCHI je me suis procuré l'oeuvre originale de Tezuka : un roman graphique de plus de 570 pages. J'ai alors découvert que le film, tout en conservant la nature cruelle et machiavélique du personnage de Yuki, avait également édulcoré d'importants aspects de sa sexualité incluant le lien particulier qui l'unit avec le père Garai. En effet, dans le manga, Yuki s'avère être un séducteur bisexuel qui se travestit souvent en femme séduisante pour arriver à ses fins. La relation qu'il vit avec le prêtre est également homosexuelle et dépeinte assez graphiquement par Tezuka. Le personnage du père Garai dans le film est également assez différente du manga. Dans l'oeuvre originale, c'est un ancien délinquant au physique de dur à cuire qui s'impose de façon plus marqué que sa version cinéma bien qu'il s'avère être tout aussi tourmenté et impuissant à freiner les déprédations de Yuki.
Le but du film étant de créer un thriller mainstream, certaines omissions dans la transposition du manga sont compréhensibles. Il n'en demeure pas moins navrant que les éléments les plus audacieux du manga de Tezuka aient été supprimés. MW a été présenté comme un hommage à maître Tezuka mais le film à mes yeux est loin de faire vraiment justice à l'oeuvre originale et son auteur de génie. Il aurait été beaucoup plus pertinent et créatif de vouloir faire une adaptation animée du manga autant pour respecter les thèmes audacieux de l'histoire que le graphisme stylisé grandiose de Tezuka, comme cela est survenu avec METROPOLIS il y a quelques années. Malgré ses très bonnes qualités de thriller MW constitue donc pour moi une occasion manquée. Dommage. |