CRUSH AND BLUSH fait partie de la sélection spéciale "Pour un flirt avec le chaos" consacrée aux amours contrariés dans les comédies romantiques. Me-sook, une enseignante fantasque et mal fagotée, voue un amour obsessif à un collègue. La fille de ce dernier, Jong Hee, veut sauver le mariage de ses parents, car elle croit que son père a une liaison avec une autre enseignante du lycée, ce que croit également Me-sook. Cette dernière et Jong Hee s’allient donc ensemble pour chercher à défaire la prétendue liaison à coup de manigances trompeuses même si leurs raisons sont différentes.  

Adhérer à cette comédie romantique m’a été ardu, l’intrigue étant parfois difficile à suivre, et les personnages trop égoïstes et manipulateurs pour être immédiatement sympathiques. Petit à petit toutefois, on s’attache à eux et ils sont bien joués par des acteurs aptes à faire ressortir tant la cocasserie que la vulnérabilité de leur personnage. Le film est rempli de quiproquos et de gags loufoques comme quand Mi-sook confie ses problèmes a son médecin... un dermatologue qui ne veut rien savoir.

L’astuce de ce film est de reprendre les poncifs propres au récit de détective (de Sherkok Homes à Dashiell Hammett) et de les transposer dans la Corée du début du 20e siècle, époque où elle était sous la coupe du Japon. Le privé du film se voit donc pour tâche d’élucider une série de meurtres tournant autour de dignitaires japonais et de leurs laquais coréens. Toutefois, sa mission est compromise par les autorités policières, qui souhaitent elles étouffer toute l’affaire.

Le film a une bonne intrigue et une belle galerie de personnages : le privé, son assistant, un étudiant en médecine, un chef de police larbin de même qu'une aristocrate scientifique qui pourvoit le privé en gadgets. Toutefois au final; le film ne satisfaisait pas complètement à cause je crois d'une résolution d'énigme un brin boiteuse tournant autour d'un cirque.

SPARE est un film de yakuza coréen dans lequel un jeune loubard dangereusement endetté accepte de céder, contre paiement, une partie de son foie pour sauver la vie d’un chef de gang, Cependant, avant de s'envoler pour le Japon, un copain lui vole sa prime et d’autres gangsters sont également à ses trousses. Heureusement, le fils de chef de gang un jeune barbu cool et stoïque lui sert de garde du corps.

Malgré une intrigue rocambolesque, une bonne dose d’humour  et quelques étincelles d’action, le film SPARE n’a pas beaucoup levé d'émotions pour moi. C’est peut-être à cause des personnages principaux qui bien qu’ils soient stupides ou stoïques, ne sont pas très engageants. SPARE fait aussi l'usage d’un gimmick us¨¦ : régulièrement des voix hors champ de deux spectateurs dans une salle de cinéma commentent le film. C’est peut-être là une astuce de dernière minute ajoutée pour pimenter le film, mais à mes yeux cela n’a pas marché, car les propos des " spectateurs " sont des plus insignifiants. 

Les cas de tueurs en série ont le don d'inspirer le meilleur du cinéma coréen. C'est ainsi qu'après MEMORIES OF MURDER (basé sur une série de meurtres dans la compagne coréenne au cours des années quatre 80-90) voici THE CHASER inspiré par un cas récent de tueur ayant sévit à Séoul l'Affaire : Yoo_Young-chul.

Un tueur en série s’attaquant aux prostituées a été capturé accidentellement par la police. Sa dernière victime est encore en vie, mais demeure prisonnière dans son antre. Le souteneur de la fille un ancien flic véreux, part a sa recherche, mais il doit faire vite, car la police faute de preuve pourrait ne pas pouvoir détenir le tueur bien longtemps et une fois libre il ne manquera pas d’aller achever sa victime.

Mis à part le fait que MEMORIES OF MURDER et THE CHASER sont deux films qui s'inspirent librement de cas authentiques, les deux films partagent également une approche narrative similaire : il s'agit de thrillers haletants et cruels dépeignant les policiers et leurs efforts pour résoudre l'affaire sous un angle tant tragi-comique que satirique; les flics étant surtout montrés comme des pitres gaffeurs. Malgré tout, il y a quand même d'importantes différences : MEMORIES se déroulant dans la campagne au cours des années 80 alors que CHASER est un film urbain et contemporain. Aussi, alors que dans MEMORIES l’assassin est insaisissable, dans CHASER il est révélé dès l'intro du film.

Malgré sa nature dérivative et quelques facilités de scénario que j'ai trouvé trop évidentes, CHASER demeure quand même pour moi autant un thriller aussi haletant qu'implacable qu'une tragi-comédie satirique impayable. Le film est aussi d'une grande beauté visuelle avec son atmosphère urbaine ténébreuse. La tension chez les autres spectateurs de la salle était très palpable et à certains moment, un spectateur a même crié son dégoût du tueur après une scène particulièrement terrible, qui est en fait la plus forte que j'ai vue parmi tous les films du Festival.

THE CHASER s'est avéré un énorme succès en Corée, se classant deuxième au box-office local. Il a rapporté de nombreux prix à des festivals internationaux dont celui de meilleur film asiatique à Deauville. Présenté à Cannes, le film a eu droit a une ovation de dix minutes après coup. Pas mal pour un premier film de Naq Hong-jing. THE CHASER n'a pas rapporté de prix à Fantasia, ce que je trouve un peu dommage. Pour moi toutefois, pas de doute c'est le meilleur film coréen présenté au Festival et un des grands moments du festival cette année.