Rape After est clairement séparé en deux parties distinctes : la mise en place des personnages et de l'histoire, et bien sur la vengeance du démon dans l'autre. Structure ultra-classique qui pour de nombreux films au scénario faiblard conduit à de (très) longues minutes d'ennui. Rape After en profite au contraire pour construire des personnages crédibles, humains mais aussi et surtout pour retranscrire une véritable morosité ambiante . Sous une apparence basique, la trame dépeint en filigrane une société profondément dépressive. Tous les personnages sont isolés, cherchent un sens à leur vie, la notion même de bonheur semble n'être qu'un vague souvenir ému. L'ambiance de Rape After est extrêmement froide, sombre et triste, atmosphère clinique renforcée par une photographie excluant toutes couleurs chaudes et n'utilisant quasiment que des teintes bleutées ou sombres. Le film débute par une scène située dans un centre pour enfants défigurés où un enfant affreusement mutilé demande quand son père viendra enfin le chercher. Une ambiance lourde et morbide qui contaminera tout le film. Un morbide qui semble faire partie intégrante du décor, une grand-mère conserve dans son armoire le cadavre décomposé de son mari, le héros du film collectionne les cranes et les statues maudites, le docteur conserve des fœtus dans son réfrigérateur. Une entame de film impliquante et réussie mais qui n'est pas sans défaut, des scènes banalement quotidienne font quelque peu retomber la tension.
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Dans sa seconde partie, Rape After vire nettement dans le fantastique. Le réalisateur contourne l'écueil de trucages approximatifs (mais néanmoins réussis pour l'époque) en évitant les apparitions trop frontales. Il privilégie l'instauration d'un véritable climat irréel renforcé par une aveuglante lumière bleutée dans laquelle baigne toute la fin du film. Plans fixes et éloignés, rythme lent bercé par d'hypnotiques chants bouddhiques confèrent à Rape After une vraie singularité. Tom Lau fait preuve d'un talent certain qui le distingue aisément des autres tacherons locaux. Certaines scènes sont de vraies réussites. On pense notamment à cette séance d'exorcisme mystique où le guérisseur fait déglutir des crapauds à la victime, ou bien encore à cette autre séquence où ce même guérisseur est attaqué par une nuée tourbillonnante d'oiseaux enflammés. Autant d'atmosphères bien difficiles à retranscrire avec de simples mots. Des moments de tension souterraine mais aussi autant d'instants de poésie étrange, morbide voire onirique tel ce groupe d'enfants fantômes jouant innocemment au ballon.
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