Wushu, la dernière production de Jackie Chan, est réalisée par un relatif nouveau venu au sein de l’industrie cinématographique hongkongaise du nom d’Antony Szeto. Mais avec une formation universitaire en communication et média ainsi qu’une solide expérience en wushu (il fut membre de l’équipe nationale australienne), l’homme a toutes les qualités requises pour mettre en scène un long métrage à la gloire d’une nouvelle génération d’artistes martiaux Chinois.
Pour la sortie du film sur les grands écrans Chinois le 24 octobre 2008, le réalisateur nous a accordé un peu de son temps afin de discuter du film. |
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Antony Szeto (au milieu) avec Wang Wenjie et Liu Fengchao |
interview |
HKCinemagic:
Quelle est l’origine du film Wushu ? |
Antony Szeto: J'ai eu l’idée originale de Wushu il y a de cela quatre ans. J’ai écrit un premier scénario à cette époque. Puis, je me suis associé à Colette Koo, la productrice du film, pour trouver des financiers. |
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HKCinemagic:
Quel était le rôle exact de Jackie Chan dans la production du film ? |
Antony Szeto: Jackie Chan était l'un des investisseurs et c’est aussi le producteur exécutif du film. Il nous a laissé complètement libre quand à la création du film. Il a été là uniquement pour sa promotion. |
Jackie Chan : producteur exécutif de Wushu au Festival de Cannes |
HKCinemagic:Comment se sont réparties les tâches entre vous et le co-réalisateur Dennis Chan ? |
Antony Szeto: Dennis Chan nous a rejoint au début du tournage. Il a aidé à la réécriture du scénario. A cause de mon emploi du temps serré et des nouveaux scripts qui affluaient chaque jour, il a réalisé des sections du film qui lui étaient familières. C’est le cas avec la partie qui concerne les enfants de 10 ans. Il a dirigé les enfants dans la plus grande partie de ce segment du film. |
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HKCinemagic:
Votre style de mise-en-scène est très moderne. Est-ce un choix afin de compenser l’atmosphère « Chine rurale » du film ? |
Antony Szeto:
J’aime à intéresser les spectateurs autant que possible et j’ai donc utilisé tous les outils à ma disposition pour arriver à ce résultat. Le spectateur est un expert en cinéma aujourd’hui. Donc, il faut que j’en fasse plus pour le surprendre et l’amuser. Cependant j’ai essayé d’apporter une touche de réalisme à l’action. Ce qui correspond selon moi à ce que le public aimait autrefois voir avec les films de Jackie Chan et Jet Li. |
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HKCinemagic:
La multitude de personnages est une difficulté supplémentaire. Comment l’avez-vous surmontée ? |
Antony Szeto: Oui, j’ai senti qu’il y avait un risque de s’éparpiller. Mais au final, il s’agit de l’histoire d’un groupe d’étudiants, comment ils grandissent. Evidemment le message d’être responsable de ses propres choix n’est pas perdu pour le public. Pour le tournage, la raison principale d’avoir Dennis est que l’on souhaitait montrer tous les personnages avec autant de détails que possible.
Il y avait assez de pellicule avec les enfants de 10 ans pour faire un film complet ! J’ai travaillé sur la plupart des scènes contemporaines du film, plus chorégraphier et filmer les scènes d’action, qui, quand elles sont faites de façon correcte, prennent énormément de temps. On a décidé de prendre la décision de se concentrer sur tel ou tel personnage en salle de montage, où l’on savait qu’on aurait assez de pellicule pour parler de tous. |
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HKCinemagic:
Les scènes de combat avec les voleurs d’enfants peuvent être très violentes. Etait-ce intentionnel de votre part d’avoir deux styles différents : celui des démonstrations de wushu et celui des combats de rue ? |
Antony Szeto: Je voulais absolument séparer la vie sans danger à l’école des dangers de l’extérieur. Le film montre que le wushu est un sport démonstratif et que le sanda est un sport de contact. Ce que je voulais explorer était comment ces enfants mettent leur talent à l’épreuve dans une situation réelle.
Bien sûr, il s’agit d’un film donc le spectacle prend le dessus sur tout. Il fallait aussi que le film respecte sa logique interne.
-------SPOILER--------
Donc c’est le maître qui gagne contre l’ancien élève devenu criminel. Le combat est d’ailleurs beaucoup plus violent. Je pense que toute alternative aurait été moins satisfaisante pour le public.
-----FIN SPOILER------ |
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HKCinemagic:
Qui dans le casting pourrait devenir la prochaine star de films d’action ? |
Antony Szeto:
Je crois que Wang Wen Jie et Liu Feng Chao ont autant de chance de devenir ces stars. Ils sont tous deux très talentueux, bons acteurs, et chacun a l’attitude adéquate pour se faire un trou dans cette industrie de dingue. |
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HKCinemagic: Wushu marque un premier pas pour cette nouvelle génération d’artistes martiaux. Mais le dernier combat, c’est Sammo Hung, le patriarche symbole de la vielle génération, qui s’occupe du méchant le plus sérieux. |
Antony Szeto :
Nous n’avons pas traité explicitement la différence générationnelle ou l’entrainement au wushu contre les arts martiaux traditionnels. Je reviens à ma réponse précédente. Avec Sammo dans le film, cela aurait été décevant pour le public s’il ne se battait pas. Nous nous sommes amusés à imaginer que les gamins battaient le méchant. Mais cela aurait été à l’encontre de la logique interne des personnages. On aurait dû avoir recours à un miracle, des combines ou un accident pour faire gagner ces jeunes. Cela aurait déçu le public. Au final, le bien triomphe du mal avec le maitre qui enseigne une leçon finale à ses élèves. Dit comme cela ca semble assez éculé mais ce n’était pas le point essentiel du film sur lequel nous voulions insister. |