Le réalisateur David Wu Taiwai (et non l'acteur David Wu Dawei, vu notamment dans Full Throttle) est l’un des rares techniciens à être reconnu au niveau international grâce à ses prouesses à la table de montage. Ses techniques ont transcendé le cinéma d’action hongkongais.
En effet, le montage a joué un rôle important dans les années 1980-90s pour la reconnaissance mondiale du cinéma d’action HK. L’utilisation du ralenti et du « fast cut » (coupe brutale) dans les films d’action de John Woo sont la signature de Wu, celle-là même qui est devenue la marque de fabrique des films HK de cette période, avant d’être utiliser ad nauseam dans les films d’action du reste du monde.
Wu a commencé sa carrière dans les années 1970, en travaillant avec le réalisateur Chang Cheh et en montant la scène finale de la Rage du Tigre ( The New One-Armed Swordsman ). Puis il fit son entrée dans les mythiques studios des Shaw Brothers. Durant les années 1980 et 1990, ce monteur de films prolifique collabora avec les meilleurs réalisateurs chinois de l’époque : Tsui Hark (Gunmen, Big Heat, Swordsman); John Woo (The Killer, Bullet In The Head, Hard Boiled); et Ronny Yu (The Bride with White Hair 1 and 2). Il écrivit également des scénarios, produisit, joua et dirigea plusieurs films.
Avec le déclin de l’industrie du film, Wu s’exile en Amérique du Nord (Vancouver, Canada.) en 1995. Il y a dirigea et monta une multitude de films et mini-séries télé (Merlin’s Apprentice, The Snow Queen, Son of a Dragon, G Spot), tout en mettant en veilleuse sa marque de fabrique.
Plus récemment, Wu a mis en scène et dirigéréalisé une co-production sino-canadienne de 13 millions de dollars, Iron Road (avec Betty Sun Li, Peter O’Toole, Tony Leung Ka-Fai). Le film n’exige pas d’action trop extravagante, et donc pas de montage haché. Basé sur l’opéra écrit par Chan Ka Nin et Mark Brownell, il s’agit est plus d'un film d’aventures romantique que d’un actionner. Wu y a ainsi abandonné sa signature visuelle pour une mise en scène plus classique.
Nous avons demandé à Wu ce qu’il pense de son passé et s’il renie sa période de montage épileptique « made in HK ».
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David Wu : La manière dont nous faisions les films à Hong Kong m’a donné une base solide pour faire un film et m’a permis de me familiariser ensuite avec une structure beaucoup plus classique utilisée dans les films en Amérique du Nord. A Hong Kong, nous tournions en mode “guérilla”, ce qui consistait à tourner et raconter une histoire le plus économiquement possible, ici on passe plus de temps et d’énergie dans les pré-productions, les réunions et le travail administratif. C’est une bonne chose. Une bonne préparation donne beaucoup d’avantages et permet d’éviter les erreurs. J’apprécie toute cette sécurité dans la préparation qui est beaucoup plus importante ici qu’à Hong Kong. Et chaque département a ses propres devoirs et responsabilités. Je dois avouer que je me suis senti tel un enfant gâté la première fois que j’ai mis un pied sur un tournage ici il y a 11 ans.
Je me souviens d’une nuit où nous étions en train de filmer une scène d’action en extérieur ; dans le chaos qui régnait lors des déplacements d’équipes j’ai perdu mon porte document. Pas plus de 10 minutes plus tard, mon assistant vient me voir et me dit qu’ils l’avaient mis en sécurité dans ma caravane. A Hong Kong les réalisateurs n’ont pas le luxe de pouvoir avoir une caravane, on se sent suffisammenta de la chanceux chance d’avoir unelorsque l’on dispose d’une chaise. |
David Wu : Ronny Yu est un ami. Nous avons les mêmes gouts en matière de films, de musique et également dans notre façon de vivre (. Nnous sommes tous les deux des gens qui passons plus de temps à la maison que dans les soirées, que ce soit lui ou moi, nous n’aimons pas beaucoup sortir la nuit. Alors que beaucoup de gens dans ce milieu adore ça).
Mais je n’aime pas faire de films d’horreur, alors que lui oui.
Personne ne sait mieux que moi ce qu’attende veut Ronny lorsque nous sommes dans la salle de montage. Alors à chaque fois qu’il se met à cuisiner, je suis dans la cuisine soit en train de couper la nourriture (le montage) soit en train de faire la vaisselle (2ème équipe de réalisation, je ne suis pas assistant réalisateur) ou en train de préparer la sauce (écriture du le script). Ecrire Bride with White Hair 1 & 2 m’a même valu un Golden Horse Award. C’est de la veine. |