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[Focus] Ashes of Time / Les Cendres du Temps
Les secrets d'Ashes Of Time par Wong Kar-Wai 1/1 - Page 1
Infos
Auteur(s) : Thomas Podvin
Nicolas Fursat
Laurent Henry
Date : 14/9/2008
Type(s) : Analyse
Interview
 
 Liens du texte  
Personnes :
Chang Cheh
Jacky Cheung Hok Yau
Leslie Cheung Kwok Wing
Gu Long
Sammo Hung Kam Bo
Jin Yong
Tony Leung Chiu Wai
Tony Leung Ka Fai
Brigitte Lin Ching Hsia
Faye Wong
Wong Kar Wai
Films :
As Tears Go By
Les Cendres du temps
Histoires de fantômes chinois
Chungking Express
Nos années sauvages
Studios :
Shaw Brothers
Lexique :
Wu Xia Pian
 
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 Notes  
Remerciements à Bérénice Reynaud, Gilles Boulenger, David Martinez et Lokman Tsui pour les propos recueillis, à Shu Kei et Caroline Tran pour leur traduction, et à Wong Kar-Wai.


Cet interview a été réalisée conjointement par Bérénice Reynaud, Gilles Boulenger, David Martinez et Lokman Tsui. Nous avons donc regroupé les différents entretiens recueillis pour former cette page.

"Ce que je trouve fantastique dans le cinéma c'est la possibilité de créer tout un monde."

Pour cette production de 2 ans et de 40 millions de dollars HK (gigantesque à Hongkong), l'ambition et la créativité de Wong Kar Wai se sont heurtées aux impératifs économiques et humains.
Wong Kar-wai : Pour Ashes Of Time, mon objectif principal était de trouver un désert qui puisse fonctionner comme un symbole pour l'état affectif des personnages. Je voulais que ce film soit une sorte de voyage, commençant à Qinghai, la source de la Rivière Jaune, et qu'il continue jusque Hukou. Mais c'était trop complexe. Nous ne pouvions y parvenir. On ne peut demander à des acteurs comme Leslie Cheung ou Brigitte Lin de faire un 'Road movie'. Donc ça devait se dérouler en un seul et même endroit.
 
Suite aux succès publiques de As Tears go By et critique de Days Of Being Wild, Wong Kar-Wai est contacté pour réaliser un nouveau film d'un genre alors très populaire : le "Wu Xia Pian", littéralement "Films de combats chevaleresques".
Wong Kar-wai : Le Wu Xia Pian étant redevenu un genre très en vogue au début des années 90, des producteurs sont venus me voir pour me proposer de l'adapter. Ils avaient confiance en moi et se sont dit que l'alchimie pouvait fonctionner. J'ai vraiment sauté sur l'occasion, parce que j'y ai vu la possibilité de faire enfin mon film en costume. C'était maintenant ou jamais. La preuve, aujourd'hui la mode est passée. Je ne savais pas si j'aurais de nouveau la possibilité -ou le désir- de tourner un autre film de Kung Fu ; c'était peut-être ma seule chance.
 
Très inspiré par la littérature tant chinoise qu'argentine pour le fond et la forme, Wong Kar-Wai adapte très librement la nouvelle de Jin Yong en y intégrant toutes ses connaissances sur l'un des genres les plus prisés par les hongkongais.
Wong Kar-wai : J'aime les romans d'arts martiaux et donc j'ai pensé pouvoir adapter la nouvelle de Jin Yong : "The Eagle Shooting Heroes" (1958). Le roman était très connu, c'est un classique de la littérature chinoise. Mais j'étais encore plus interessé par les personnages de Ouyang Feng (Leslie Cheung) et de Huang Yaoshi (Tony Leung Ka Fai). Ouyang est élégant et cynique. Les gens pensent qu'il est vraiment cool. Mais je pense qu'il est terriblement égoïste. Yaoshi lui, je l'aime bien car c'est un personnage un peu tragique. Initialement, je voulais entrer en contact avec Jin Yong. Il aurait pu avoir des idées concernant l'histoire des personnages qu'il n'a pas mis dans son roman. Mais je n'ai malheureusement pu le contacter, donc j'ai décider de concevoir leur histoire moi-même. Il s'est avéré que de cette façon j'ai eu plus d'espace pour créer. J'ai toujours voulu faire un film qui respectait le genre, et si je m'en suis éloigné, il m'est impossible d'en discernait les raisons. C'est certainement directement lié à ma personnalité. Pendant que je le faisait, certaines questions ont commencé à me tarabuster. Des questions portant sur le mode de vie, sur la manière dont ils parlaient. Du coup, toute l'orientation du film a changé. J'ai commencé à envisager Ouyang, Yaoshi et Hiong Qi (Jacky Cheung) comme des jeunes hommes, et j'ai développé une autre histoire. Le texte dont est tiré Ashes of Time est lui-même tiré de la vie de personnes ayant réellement existé. L'auteur s'en est inspiré pour broder autour. A mon tour, je suis parti de ces textes pour composer ma propre histoire. Rajeunir les personnages était l'une des manières de me les approprier. Dans le roman ils étaient déjà vieux et j'ai pensé que ça serait intéressant de faire un film sur leur jeunesse. Dans les films, les personnages partent de rien et se taillent un destin au fur et à mesure. Là, c'était le contraire : je savais où mes personnages aboutiraient.
Cette adaptation très libre conduit peu à peu le film à s'éloigner des codes du genre et le transforme en une approche plus personnelle du Wu Xia Pian.
Wong Kar-wai : Je n'ai jamais fait de film en costumes. J'ai toujours pensé qu'en réaliser un serait un grand plaisir. C'est un genre qui laisse vraiment une grande liberté. Mais en fait, cela demande vraiment beaucoup de travail. Donc j'ai trouvé une sortie de secours. J'ai tout fait de façon contemporaine et j'ai mis de côté des choses comme la hiérarchie et la séniorité. En fait les films en costumes sont très formalisés. Différentes classes sociales ont différentes étiquettes, différentes conventions et façons de vivre. Mais c'est ridicule de transpirer à rechercher leur mode de vie. Car qu'importe la façon de faire, à la fin c'est toujours pareil. Même si on pense saisir leur façon de siroter du thé ou de manger du riz dans les moindres détails, on ne sait toujours pas si c'est vraiment comme ça ou non qu'ils faisaient.
 
Wong Kar-Wai se basera sur ses propres expériences, depuis son enfance, pour recréer un univers, véritable condensé du patrimoine cantonnais englobant entre autre le cinéma et la littérature classique, mais aussi les feuilletons radiophoniques.
Wong Kar-wai : Je me suis familiarisé avec ce genre dans les années 50 en écoutant certaines émissions de radio. Ensuite, je me suis plongé dans les textes originaux. Et ce n'est qu'une fois ce cheminement accompli que j'ai vu des Wu Xia Pian au cinéma. D'abord, il y a eu la période des films taiwanais, très influencés par la littérature et le cinéma japonais. Puis plus rien jusqu'à la fin des années 80, période où le succès de la série des Histoires de Fantômes Chinois a remis le genre au goût du jour. Dans Ashes Of Time, j'ai en quelque sorte voulu compiler tout ce que je connaissais de ce cinéma en y ajoutant des éléments psychologiques. Donc, j'ai voulu faire une synthèse de ces différentes formes médiatiques adoptées par le genre, et en donner ma propre version. Dans Ashes Of Time, j'ai tout essayé non seulement de mettre tout ce que j'avais entendu, vu et lu en matière de Kung Fu, mais aussi de faire une synthèse des différents styles d'écriture et de mise en scène. Or, ma première expérience des épopées de Kung Fu vient des émissions de radio. C'est pourquoi il y a tant de monologue dans ce film. Dans mon enfance, elles constituaient une des sources de divertissement majeures. Je voulais retrouver la spécificité de ces émissions de radio, faire de Ashes Of Time une expérience auditive entièrement compréhensible par la bande son. Et puis, on se gavait de romans de chevalerie. Et bien entendu, un nombre incroyable de ces romans et de ces émissions de radio ont été tournées au cinéma. Deux écrivains ont eu une énorme importance pour moi : Jin Yong, bien entendu, mais aussi Gu Long, un écrivain taiwanais d'écriture plus moderne, par contraste avec le style plus traditionnel de Jin Yong. J'ai utilisé les intertitres et les surimpressions pour évoquer la littérature via la calligraphie.
 
"Tout réalisateur digne de ce nom se doit de personnaliser les scènes de combat de ses films."
Wong Kar-wai : Trop souvent à Hongkong, on laisse ce genre de séquences entre les mains des chorégraphes. Moi, j'aime choisir les angles sous lesquels les acteurs seront photographiés. J'ai choisi un chorégraphe très expérimenté [Sammo Hung] parce que je voulais que les combats évoquent tous les stades par lesquels sont passés les films en costumes. D'abord le coté idéalisé du "un-contre-cent" de Chang Cheh, puis les assauts très électriques du cinéma japonais, et enfin le style aérien de certains films de la Shaw Brothers. Ashes Of Time est donc un film de genre qui porte sur le Wu Xia Pian classique un regard un peu ironique en démontant l'équation "combat égal résolution des problèmes".
 
Wong Kar-Wai s'est embourbé dans la complexité d'une grande production, dont il a pu se dépêtrer in extremis.
Wong Kar-wai : La chose la plus importante était le rapport entre les personnages et l'atmosphère créé par le film. Et là encore, je me confrontais avec la question du temps. C'est donc tout à fait normal qu'il m'ait fallu deux ans afin de trouver la maturité pour traiter des rapports entre tous ces personnages. C'était une tapisserie très complexe. J'ai essayé un grand nombre de structures narratives et aucune ne me satisfaisait. Finalement, alors qu'approchait ma "date limite", j'ai enfin trouvé la solution.
 
"Pour moi mes 3 premiers films forment une trilogie
au sein de laquelle tous mes personnages sont interconnectés."
 
Ashes Of Time est à considérée comme la somme d'un tout, et comme un film cohérent dans une œuvre commencée cinq années auparavant.
Wong Kar-wai : A la base, ce film traite des sentiments. C'est une histoire d'amour entre Ouyang, Yaoshi et une femme, couvrant la moitié de leur vie. Certaines émotions sont éternelles. Quand je suis arrivé à la fin du film, j'ai finalement réalisé ce dont il traitait réellement, et sa relation avec mes précédents films. Ils traitent tous du rejet et de la peur du rejet. Tout le monde dans Days Of Being Wild est rejeté. Les personnages ont peur du rejet et ils rejettent les autres avant que les autres ne les rejettent à leur tour. C'est la même chose dans Chungking Express. Mais je pense avoir changé car le film a un dénouement plus ouvert. Tony Leung et Faye Wong ne savent pas vraiment où ils vont mais ils savent qu'ils peuvent s'accepter mutuellement. Ashes Of Time est plus imparable. Il fait la somme de mes trois premiers films. Comment continuer dans la vie après avoir été rejeter ? Brigitte Lin devient schizophrène, Tony Leung Chiu Wai a recours à une méthode expéditive pour résoudre ses problèmes. Leslie Cheung se cache dans le désert. Tony Leung Kar-Fai boit jusqu'à l'amnésie. La seule exception est Hong Qi. Il pense que le fait d'être rejeté n'est pas grave en soi. Il continue seulement à faire ce qu'il pense être bien.
 
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