Pendant le Festival, Arnaud Lanuque a eu la chance de rencontrer le scénariste et producteur de City Without Baseball. Voici l'entretien qu'il a réalisé avec Scud.
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interview avec scud |
HKCinemagic : Avez-vous un intérêt particulier pour le base ball et est-ce cela qui vous a motive à faire le film? |
Scud : Pourquoi choisir le base ball? C’est une coïncidence en fait. Quand j’étais petit, j’aimais lire des BD consacrés au base ball. J’aime regarder le base ball mais je ne l’ai jamais pratiqué. Un ami à moi travaillait à l’association de base ball et m’a demandé de faire un petit film promotionnel sur ce sujet. Alors que je faisais mes recherches, j’ai réalisé que j’avais suffisamment d’histoires et de personnages pour en faire un film. Et voila le résultat ! |
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HKCinemagic : Il y a beaucoup de scènes de nus. Pourquoi ? |
Scud : C’est la question qui revient la plus souvent de la part des Hongkongais. Durant ces 20 dernières années, les films de Hong Kong ont évolué étrangement. Les actrices sont devenues très conservatrices, elles pleurent dés qu’il s’agit de montrer ne serait ce qu’une épaule et les acteurs n’ont plus de fesses sur les écrans dés qu’ils se déshabillent… Je pense que ce qui nous appartient vraiment, c’est notre corps. C’est pourquoi dans la plupart des disciplines artistiques, les gens ne portent pas de vêtements pour le cacher. Ces joueurs ont de super physiques. Ils ont l’habitude de jouer au base ball 5 jours par semaine depuis 10 à 20 ans, leurs corps sont entraînés depuis qu’ils ont 8 à 10 ans et ça se voit, ils sont comme de véritables œuvres d’art. Comme ça ne leur posait pas de problème de les montrer, je n’avais aucune raison de ne pas les filmer et j’espère que ça ne posera aucun problème aux spectateurs de les regarder ! J’essaierai de continuer à faire des films de ce type dans le futur. |
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HKCinemagic : Pouvez-vous nous indiquer ce que vous avez conservé de la réalité et ce que vous avez inventé ? |
Scud : Les relations entre les joueurs sont assez proches de la réalité mais leurs petites amies ont été choisies par mes soins. A l’origine, la vraie fiancée d’un des joueurs devait être dans le film mais ils se sont séparés avant que j’entame le tournage. L’actrice Gia Lin l’a remplacée. Son ancienne copine était vraiment une étudiante de l’Université de Tsinghua par contre.
La petite amie d’Ah Dong est jouée par Monie Tung. Je ne sais pas si ils vont vraiment être ensemble mais ils avaient l’air plutôt excités à la fin du film. Mais son personnage est davantage ma création. J’ai essayé d’y mettre mes propres sentiments, quelques fois nous sommes trop fatigués et nous avons besoin de trouver une raison pour continuer à vivre.
L’entraîneur a eu encore plus de petites amies en réalité. Sa fiancée parle réellement mandarin comme langue maternelle.
En ce qui concerne les matchs, ceux présentés dans le film, durant l’Asian Cup à la fin de 2004, ils ont bien perdu celui contre le Pakistan sur un score très serré. Ils en étaient un peu frustrés et se demandait pourquoi ils n’avaient pas eu plus confiance en eux. Après, ils ont gagné deux matchs important contre l’Indonésie et la Thailande. Une équipe Hongkongaise n’avait jamais réussi à les battre jusqu’ici. Ils étaient super heureux et persuadés qu’ils pourraient gagner la coupe. Arrivé au dernier match contre le Sri Lanka, l’équipe la plus faible du lot, ils ont commencé à perdre dés le début à cause de la fatigue accumulée et de certaines erreurs stratégiques. Même s’ils se sont battus désespérément pour essayer de renverser la vapeur, ils n’y sont pas parvenus. Ils ont gagné de manière héroïque pour perdre de façon misérable. |
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HKCinemagic : Vous utilisez très habilement certaines chansons très connues du public Hongkongais et vous faites aussi des références directes à de célèbres chanteurs de canto pop malheureusement décédés. Quel effet cherchiez-vous à obtenir en procédant de la sorte ? |
Scud : Ce sont toutes mes chansons préférées de mes chanteurs favoris. J’ai simplement essayé de les intégrer à l’histoire. Je suppose que vous avez remarqué que les membres de l’équipe chantent quelques chansons eux même ? En fait, ils savent tous bien chanter. Par exemple, Ah Chun qui est devenu un scénariste à ATV après le film d’ailleurs, il chante et sait aussi très bien jouer de la guitare. Jacky est lui le chanteur d’un petit groupe underground. Il chante si bien "When I think of you" de Danny Chan que mes amis pensaient que c’était vraiment lui ! Jason a un bon physique, il a signé avec une compagnie de disque et formé un groupe. Ils ont tous l’air d’avoir un réel potentiel pour être sur scène. Pour en revenir aux chansons, j’ai choisis celles que j’aimais mais pas les plus populaires. Celle qui a une signification un peu spéciale, c’est " Dream Partner ", qu’on entend à deux reprises. Les textes expriment deux facettes différentes d’une même histoire. La première partie est heureuse, comme un couple qui joue ensemble. La seconde est désespérée, à l’image de quelqu’un qui tombe de très haut. Cela correspondait à la personnalité de ce personnage qui a tout perdu. |
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HKCinemagic : Que pouvez vous nous dire sur la chanson de l’équipe ? |
Scud : C’est leur hymne. A chaque fois qu’on va boire ensemble, il faut qu’ils la chantent. La première fois qu’ils l’ont chanté, ils venaient juste de perdre un match. Elle exprimait parfaitement leurs émotions à ce moment précis. Ce qui m’a inspiré à écrire le film, c’est quand ils m’ont raconté le match qu’ils ont perdu contre le Sri Lanka. Ils ont pleuré après l’avoir perdu et ils ont pleuré à nouveau quand ils me l’ont raconté. Cela m’a beaucoup touché. C’est vraiment une chanson parfaite pour le film. |
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HKCinemagic : Comment vous êtes-vous partagé la réalisation avec Lawrence Lau ? |
Scud : Tout ce qui est composition des plans et choix des angles vient de lui. Moi, j’ai surtout essayé d’adapter le script et de communiquer avec les acteurs, nous savons que ce ne sont pas des acteurs professionnels mais avant tout des joueurs de base ball. |
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HKCinemagic : Vous terminez le film de façon très ouverte. |
Scud :
Oui, il n’y a pas de fin à proprement parler. C’est comme la vie, il n’y a pas de solution à tous nos problèmes. La vie continue, nous ne savons pas comment elle va se terminer. Je laisse les spectateurs imaginer ce qui va arriver à chaque personnage. |
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HKCinemagic : Le titre du film est intrigant, quasi poétique, mais plutôt mensonger puisque Hong Kong est bien une ville où existe le Base Ball. Comment l’expliquez vous ? |
Scud :
Le " Sans Base Ball " a un autre sens. Ce groupe de personnes a une activité qu’ils sont quasiment les seuls à faire, c’est quelque chose d’étranger à la plupart des gens. Mais en réalité, nous avons d’autres personnes comme eux à Hong Kong. J’espère que Hong Kong n’est pas juste une société matérialiste. Nous devons faire plus attention aux gens qui travaillent à des activités moins à la mode et aider à leur développement. |