Il suffit de quelques minutes pour réaliser que Scud avait bien jaugé le potentiel de ces héros base-balleurs, ceux-ci ont bel et bien un authentique charisme de cinéma ! Leur présence n’a aucune difficulté à occuper tout l’écran et capter l’attention du spectateur comme on pourrait l’attendre de la part de vétérans. Ron, Yu Chung et les autres font également preuve d’un étonnant naturel devant la caméra. Certes, le fait de jouer leurs propres rôles aide ces débutants mais cela reste une très belle performance eu égard aux performances complètes et complexes qui leur sont demandées (nombreuses séquence nues ou à forte implication émotionnelle).
L’authentique affection de Scud pour son casting et l’expérience de Lawrence Lau en matière de direction d’acteurs sont les compléments idéals pour mettre en valeur ce petit vivier de talent. Cette belle distribution, impliquée, attachante et amoureusement mise en scène est une des grandes forces de City Without Baseball.
 Comme son titre ne l’indique pas forcément, le base-ball n’est pas le sujet qui préoccupe vraiment Scud et Lau. Son principal intérêt est de procurer une ligne scénaristique simple, comparables aux films « sportifs » classiques (le long métrage vit au rythme de l’amélioration de l’équipe en vue d’une victoire aux jeux pan-asiatiques de la discipline), permettant une progression dramatique logique du récit ainsi que de renforcer l’esprit d’appartenance à l’ancienne colonie, tendance toujours très présente dans le cinéma local récent.
Ce qui intéresse en priorité les deux réalisateurs, ce sont les petites historiettes sentimentales construites autour des personnages majeurs. Celles-ci sont l’occasion d’une intéressante mise en abîme puisque basées sur les expériences réelles des acteurs mais dramatisées pour les besoins du récit. Le résultat final conserve le naturel et la spontanéité qu’on pouvait en attendre tout en proposant de petites réflexions sur la sexualité, l’amitié et l’amour, le sens qu’on donne à sa vie… Des thèmes aussi simples qu’universelles et dans lesquelles chacun est susceptible de se retrouver grâce à l’approche subtile et ouverte de Scud et Lawrence Lau.
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