Bien que le cinéma populaire Taiwanais soit mort depuis près de 25 ans, sa facette auteurisante reste elle toujours active. Une partie de sa nouvelle génération était présentée au cours du HKIFF 2008. Le fer de lance de ce rajeunissement du cinéma en provenance de la petite République Chinoise se nomme Candy Rain. Premier film de Chen Hung I, le film doit cet honneur à un casting comprenant quelques stars telles que la jeune Karena Lam.
Candy Rain se divise en 4 segments distincts ayant pour point commun de traiter des relations amoureuses entre lesbiennes. Chacun cherche à illustrer une configuration relationnelle différente : Un couple qui s’aime et parvient à surmonter les obstacles ou deux êtres attirés l’un par l’autre mais incapable de faire face à leurs trop grande différences de personnalités… Chen choisit d’illustrer chacune de ces histoires via un style différent, une identité visuelle et stylistique marquée. C’est une bonne façon de renouveler l’intérêt du public à chaque segment mais cela risque aussi d’entraîner de grosses différences qualitatives entre les parties.
Le premier segment propose une approche quasi naturaliste dans son traitement, ponctuée par les réflexions (en voix off) de l’un des personnages. Ce segment a tout de la romance artistique à vocation réaliste mais est plombé par les défauts habituels de ce type d’efforts. Le choix d’une optique réaliste réduit les possibilités dramatiques et les événements décrits apparaissent souvent quelconque et peu passionnants (un accident de machine à laver est la péripétie majeure du récit…). Cette orientation peut marcher si une connexion a été crée entre les personnages et le public. Malheureusement Chen ne parvient pas à rendre intéressant ces personnages, probablement aussi parce qu’il dispose d’une courte durée pour le faire.
Le second segment de Candy Rain ne tombe pas dans le même panneau. Encore une fois, le style choisi par Chen tend vers le réalisme. Mais il n’hésite pas cette fois à exagérer ces personnages, à intensifier leurs obsessions ou attitudes (la maniaque de l’ordre et de la propreté est vraiment extrême !). En agissant de la sorte, le risque est de tomber dans la caricature et de perdre de la crédibilité. Heureusement, ces touches sont subtiles et réussissent surtout à rendre les personnages intéressants et attachants. Cela permet également de bien symboliser les différences d’attitude et obstacles que rencontre le couple en formation et l’inéluctabilité de leur rupture.
Le troisième segment du film entame une évolution stylistique pour un peu plus de fantaisie et de recherche visuel. Cette différence se ressent également dans l’histoire proposée, beaucoup plus exagérée que les deux segments précédents. Mais Chen choisit la bonne approche, style et scénario se combinent à merveille, et rend sa troisième partie tout à fait réjouissante à suivre. L’approche très franche envers la sexualité des différents personnages est également un atout pour ce qui représente ce que Candy Rain a de meilleure à proposer.
Le dernier segment du film choisit de terminer le film dans une apothéose de couleurs et de style. Entre les costumes dignes de certains cosplay, les coiffures de manga et une réalisation jouant avec tous les effets possibles, on se croirait dans un vrai comic book live. Réjouissant dans certaines séquences, cette approche tend malheureusement à se faire au détriment des personnages et du récit qui se perd dans des circonvolutions inutiles. Plus on avance, plus les gimmicks stylistiques de Chen se mettent à tourner à vide.
La structure de Candy Rain et ses orientations stylistiques variés garantissent au spectateur un minimum de plaisir. C’est également un représentant exemplaire de la nouvelle génération Taiwanaise, traitant des relations humaines/sentimentales de façon réaliste mais également motivé par une plus grande fantaisie. Il ne reste qu’à voir si Candy Rain représente une nouvelle tendance dans la petite production artistique taiwanaise ou si les jeunes réalisateurs préféreront rester sur les sentiers tracés par leurs aînés. |