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Entretien Patrick Tam: un réalisateur en exil
After This Our Exile, Fu Zi 5/5 - Page 6
Infos
Auteur(s) : Gina Marchetti
David Vivier
Thomas Podvin
Date : 28/6/2007
Type(s) : Interview
 
 Liens du texte  
Personnes :
Aaron Kwok Fu Sing
Charlie Young Choi Nei
Films :
After This, Our Exile
 
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HKCinemagic : Expliquez-nous la signification des scènes de repas dans in AFTER THIS OUR EXILE?

Patrick Tam : C’est leur façon de vivre. Au tout début, le garçon prend son petit-déjeuner. La mère est assise. Après la fuite de la mère et son retour forcé auprès du père, tous les trois dînent à la maison.
Après le départ de la mère, le père rapporte un snack pour le garçon. C’est comme dans la vie.
Chaque jour vous faîtes la même chose, mais les émotions ne sont pas les mêmes. Vous sentez la solitude après le départ de la mère. J’utilise le même angle pour le même genre de plan. Ces moments ne sont jamais identiques à ceux d’avant. C’est le procédé de la vie quotidienne qui change lentement. Si j’avais une seule scène de repas, ce ne serait pas efficace. C’est comme si rien n’avait changé, mais en fait ces gens vivent des changements émotionnels. Par exemple, il y a deux scènes dans un restaurant pendant lesquelles le père explose de colère. L’une avec la mère et un serveur à propos d’une commande de boisson, et l’autre avec le garçon sur le toit, avant que le père ne tente de l’abandonner. Le père devient furieux concernant un steak trop saignant qu’il veut échanger. Certains de mes amis m’ont demandé si ces scènes étaient vraiment nécessaires. Elles ont l’air répétitives. Il y a l’explosion dans le restaurant au début avec la mère pendant l’anniversaire du fils et puis quand le père et le fils ont un dîner d’adieu sur le toit. C’est pareil, mais c’est différent. Il y a une raison. Même si le père est impuissant et bon à rien, c’est un cuisinier, c’est un chef. Il ne se distingue que par la nourriture, c’est son petit monde. C’est en référence à ça. Si cela n’arrivait que dans une scène, ce point de vue serait négligé. Je ne me souviens pas bien, y a t’il vraiment tant de scènes de repas ? Trois ou quatre peut-être ?

Quand vous regardez ce film, les actions sont identiques, manger ou marcher, la vie quotidienne est comme ça. Mais l’émotion se renouvelle. Chaque scène doit avoir un but. Chacune a sa raison d’être. Je fais en sorte que chaque chose que vous apercevez à l’écran est indispensable.

Je suis allé à Kunming (dans le Yunnan) en Chine présenter la version longue du film. C’était la première présentation du film sur le marché chinois. Il y a trois versions du film. L’une est la version longue, la courte pour Hong Kong, et une autre version sous-titrée en mandarin pour la Chine --doublée de façon médiocre à Taiwan.
A cause de la censure, le gouvernement veut que le film soit éducatif. Ils ont coupé presque toutes les scènes de vol. Ils n’en ont laissé qu’une. Tous les commentaires négatifs sur le film sont tirés de ces versions déformées. Dans le cadre du 10ème anniversaire de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, le Hong Kong Economic and Trade Office a organisé une projection de la version complète du film, à condition que cela se fasse de façon bénévole.
Le film est déjà sorti, donc c’est aux bureaucrates de s’expliquer sur l’existence des différentes versions du film. Après avoir vu la longue version (pas la mauvaise version courte de Chine Continentale), quelques spectateurs ont trouvé que l’impact émotionnel pouvait être mieux ressenti.

HKCinemagic : Parlez-nous de la mère qui abandonne son fils dans le film. Comment le public a réagi à cet aspect de l’histoire ?
Patrick Tam : Les publics que j’ai rencontrés à différents festivals soulèvent rarement cette question.
Pour ma part, je ne pense pas à ceci comme une question de culture. Je m’appuie sur le personnage. Cette femme, en surface, n’est pas respectable. Elle abandonne sa famille. Qu’est-ce qui cause cela ? Cette personne a le droit de chercher le bonheur dans la vie. Aussi, la mère conçoit la situation dans sa globalité. Elle aime son garçon, mais elle est plus égoïste. Elle peut ne pas s’en rendre compte, mais elle admet qu’elle est égoïste. On ne peut jamais totalement la blâmer malgré cela. Si ce n’était à cause du père, elle n’aurait peut-être pas quitté la famille. C’est pourquoi je voulais qu’Aaron Kwok joue l’amant et le père. Cela donne une image qui se reflète. Si le mari agissait comme l’amant, la mère, Lee Yuk-li (Charlie Young), ne serait pas partie. La tragédie est que le mari ne pourra jamais être comme l’amant. A la fin, quand on voit la mère nourrir le bébé, elle a cette expression de doute et de perte. Elle n’est pas heureuse, bien que matériellement sa vie est meilleure. Le fait de choisir implique que vous ne pourrez pas tout obtenir. Vous avez toujours ce sentiment de perte. En fait, un autre thème du film est ce sentiment de perte, de regret.
 
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