Patrick Tam : Andy Lau était en fait mon premier choix pour le rôle. Il a exprimé de l’intérêt pour l’histoire, et était enthousiaste pour financer le film sans toucher son cachet habituel pour interpréter le rôle principal, ce qui représentait une énorme somme,. Cela aurait été un défi pour lui car, à cette époque, il jouait des personnages héroïques dans les films hongkongais, cela aurait été une véritable révélation pour lui en tant qu’acteur. Cependant il s’est retiré du projet.
Je travaillais sur le montage d’ELECTION (2005) de Johnnie To, et j'ai rencontré Tony Leung Ka Fai, le personnage principal, qui exprima un intérêt pour le rôle. Mais son emploi du temps était un peu serré, il ne pouvait que me donner un mois.
Aaron Kwok et Ian Ng dans After This our Exile
Je sentais que je ne pouvais pas terminer le tournage dans ce laps de temps. Mon producteur (Cary Cheng) a suggéré, après la sortie de DIVERGENCE (2005), avec Aaron Kwok dans un des rôles principaux, que je pourrais envisager Aaron. Je lui ai présenté une copie du script et étonnamment il a eu une profonde compréhension du personnage. Il m’a fait confiance, il était très intéressé par l’histoire, et il voulait travailler avec moi sur ce projet. Il était assez engagé, dévoué, et disposé à se dépouiller de son image d’idole des jeunes. A ce moment-là, il avait 40 ans (né en 1965), et Aaron se sentait prêt à prendre des rôles plus sérieux en tant qu’acteur. C’était vraiment une question de timing. J’ai été vraiment chanceux et béni que tous ces acteurs aient eu foi en ce projet, et aient été si enthousiastes.
Ma productrice (Chiu Li-kuang) m’a donné une totale liberté. Elle s’est occupée du budget sans prendre part aux choix artistiques. Je suis heureux d’avoir travaillé avec elle, et j’ai apprécié la contribution artistique de tous les membres de l’équipe. Une affaire de chance et de timing.
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Kwok s’est amélioré. Je pense qu’il surpasse Tony Leung Chiu Wai dans son interprétation dans AFTER THIS OUR EXILE. Depuis quelques années, Leung dégringole comme acteur. Il ne devrait pas refaire un film avec Wong Kar-wai. Il a une mauvaise influence.
Charlie Young and Aaron Kwok
Il a cette image de Bryan Ferry [chanteur de Roxy Music avant une carrière solo] qui lui colle à la peau. Quand j’ai monté ASHES OF TIME (1993), Tony Leung sortait deux disques et me demanda quelle genre de style il devrait afficher comme chanteur. J’étais très fan de Bryan Ferry --très suave, style Roxy Music. Je lui ai dit que ce style lui conviendrait bien. Si vous regardez les « Quatres Rois » de la Cantopop (Andy Lau, Jacky Cheung, Aaron Kwok, et Leon Lai), aucun n’a cette image à la « Bryan Ferry ». C’était ce que je lui avais recommandé, et il a cette image dans les derniers films de Wong Kar-wai (IN THE MOOD FOR LOVE, 2046). Il l’a conservée sans la développer. Elle lui colle à la peau. C’est dommage. Aaron Kwok a un très grand potentiel pour évoluer et composer divers rôles. Il est un mélange entre Andy Lau et Tony Leung. Il a le potentiel, il est sérieux et déterminé.
J’avais envoyé le scénario du film à Tony Leung (après le retrait d’Andy Lau) sur la recommandation d’Eric Tsang. Eric aimait beaucoup le scénario, mais Tony disait que c’était « trop lourd ». Il n’était pas mentalement préparé pour jouer le rôle du père. Avec sa méthode de travail, il avait peur qu’il serait très difficile de « se détacher » de la psychologie du personnage après le tournage. Je pense que c’est une excuse. Ce qu’il a en tête est de continuer à jouer ces personnages de play-boy à la Bryan Ferry. C’est vraiment malheureux pour un acteur de ne pas mûrir.
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