A l'occasion du dernier Festival de Cannes en 2006 où étaient présentés les deux Election, Bastian a eu l'opportunité d'interviewer le réalisateur Johnnie To. Il nous livre dans ce court entretien quelques pensées sur sa carrière et sur le diptyque Election.
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HKCinemagic : Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre carrière? |
Johnnie To : Je suis fier de tous les films que j'ai pu réaliser à ce jour; je leur dois ma position actuelle au sein de l'industrie cinématographique hongkongaise. |
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HKCinemagic : En parlant votre société de production 'One Hundred Years of Film' dans l'édition 1999-2000 du Hong Kong Panorama , vous déclariez ne pas seulement chercher à sortir un ou deux films réussis par an, mais carrément vouloir restructurer l'industrie cinématographique. Pensez-vous avoir réussi ? |
Johnnie To : Mon but ultime avait toujours été de sortir de films hongkongais de qualité, même à mes débuts; mais on ne m'en donnait pas encore les moyens à l'époque. |
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HKCinemagic : Qu'est-ce qui vous en empêchait? |
Johnnie To : A l'époque, j'avais déjà cherché à m'entourer d'une équipe technique pour enchaîner des nouveaux et intéressants projets. Il est très difficile [en effet] de collaborer sur chaque nouveau projet avec des gens ayant différentes idées et manières de travailler. |
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HKCinemagic : Vous aimez à aller à contre-courant. Alors que beaucoup de vos collègues s'exilaient aux Etats-Unis à la veille de la rétrocession en 1997, vous avez décidé de rester. |
Johnnie To :
Je n'aime pas beaucoup suivre les "courants" – j'aime faire, ce dont j'ai envie. Je ne me préoccupe pas des modes. En 1996, je ne pensais tout simplement pas que partir aux Etats-Unis serait une sage décision – je ne suis donc pas parti. Aujourd'hui, je pense pareil. |
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election |
HKCinemagic : Vous citez souvent le film français Borsalino comme l'une de vos principales influences. Vous a-t-il inspiré pour le projet d' Election ? |
Johnnie To : Je ne pense pas, que ce film m'ait – du moins consciemment – inspiré pour Election. Ce film français s'apparente davantage à une romance dramatique, alors que mes films traitent de la situation actuelle de Hong Kong. Seules leurs fins malheureuses se ressemblent. |
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HKCinemagic :Qu'en est-il de la trilogie du Parrain ? |
Johnnie To : D'autres films de gangsters peuvent nous avoir inspiré…mais d'entre tous, ce seraient surtout ceux de Hong Kong. On pourrait définir les films comme un polar hongkongais New Age, qui traiterait de la rétrocession de 1997. Quand j'ai commencé à préparer, puis à tourner les deux Election, j'ai en fait explicitement demandé à mon équipe de ne s'inspirer ni de la trilogie du Parrain , ni d'aucun autre polar. Je leur ai dit que je voulais créer un vrai polar à la hongkongaise. |
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HKCinemagic : Election 2 a finalement eu droit de sortir dans des pays asiatiques soumis à la censure, comme la Malaisie. Que pensez-vous de la censure et des fins alternatives, telle que celle (malaisienne) affirmant, que "le crime ne paye pas"? |
Johnnie To : Nous sommes conscients de l'existence de la censure. Des fins alternatives, telle que la malaisienne, ne me surprennent donc plus. Le slogan "le crime ne paye pas" semble sortir tout droit de la bouche des autorités et n'est en aucun cas proche de la réalité. Un homme bon, après tout, court quand même le risque de mal tourner. La vie est imprévisible et un réalisateur (et scénariste) n'a pas besoin d'exprimer clairement ce qui arrive à ses personnages. La censure est l'affaire des autorités mais ne reflète en aucun cas les décisions d'un réalisateur. |
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Sur le tournage de Election |