En 1969 arrive un OVNI genre Ed Wood avec de bons acteurs. Sorti en vidéo sous le titre Le 3° Oeil, The Yin and the Yang of Mr Go ou Touch and Go réalisé par l'acteur Burgess Meredith (les Rocky ) est le prototype du film nul, ni fait, ni à faire. Filmé avec les pieds, sans substance que la morale réprouve avec des transparences qui feraient passer celles d'Hitchcock pour des chefs d'oeuvre, le film se permet d'obtenir James Mason grimé en chinois et le premier rôle à l'écran de Jeff Bridges (généralement omis dans sa filmo). Le pire est de trouver le grand réalisateur King Hu(oui, oui, vous lisez bien !) dans un rôle inexistant. Qu'est-il aller faire dans cette galère ? Nul ne le saura jamais !!!
Les anglo-saxons, les américains en particulier, avec leur fric et leurs moyens ont toujours recherché ailleurs les meilleures choses, les ont cassées, broyées et redistribuées à la sauce yankee. Ce n'est pas toujours réussi mais quelquefois cela a pu prendre une bonne forme. L'exemple le plus célèbre est Bruce Lee. Né aux USA, parti très jeune en Chine, il sera victime du racisme latent, la production de Kung-Fu lui préférant un blanc mais il reviendra en vainqueur avec Opération Dragon, qui devait inaugurer une nouvelle ère sino-américaine cinématographiquement parlant, si la mort ne l'avait frappé prématurément.
Vers la fin des années 60, c'est en Italie que l'on découvre des premiers acteurs chinois, complètement oubliés aujourd'hui, avec un rôle principal : Chen Lee dans un western spaghetti : Shanghai Joe l'Implacable en 68 de Mario Caiano avec Carla Romanelli et l'omniprésent Klaus Kinski. Apparemment vedette dans ces années là de combats d'arts martiaux, cet acteur, sans charisme évident et ayant probablement ouvert une brêche, promènera sa silhouette dans d'autres productions italiennes de seconde zone telle Un Poing c'est Tout de Gianfranco Pardini en 74 avec Karin Schubert et un George Wang autre acteur que l'on trouve dans Hercule contre Karaté (!) en 74 d'Antonio Margheriti. Du bon vieux bis, quoi !!!
Ayant eu un gros succès personnel en Europe avec La Main de Fer (souvenez-vous de l'inénarrable bande-annonce), Lo Lieh part à la recherche de Cinecitta face au vieux briscard Lee Van Cleef dans un film d'Antonio Margheriti saupoudré de femmes déshabillées prétexte à un scénario débile, secouez le tout et vous obtenez (accrochez-vous !) La Brute, le Colt et le Karaté (74) (diffusé en VO sur Canal +). Il est inutile de préciser que les combats ne sont pas aussi bien filmés qu'à HK mais le film même limité n'est pas désagréable à regarder; Ceci dit, Lo Lieh ne fera plus de film étranger. Comprenne qui pourra.
En ces années 70, le mythe Bruce Lee étant encore en pleine expansion, la Shaw Brothers s'associa avec la célèbre firme de films d'horreur : la Hammer pour ce qui restera un des piliers du film d'horreur kung-fu : Les 7 Vampires d'Or (74) avec le grand Peter Cushing puis l'égérie de Chang Cheh, le sabreur de La Rage du Tigre : David Chiang accompagné de la douce et belle Shih Szu( Les Griffes de Jade ). Vieillit, on peut penser que le film donna naissance à Hong Kong à tout un courant horreur-kung-fu dès les années 80 avec La Fureur du Revenant (chez Virgin Vidéo) ou l'Exorciste Chinois voire les Mr Vampire et ses suites (chez HK). Il est curieux de noter que beaucoup d'asiatiques meurent dans le film pour sauver leurs amis britanniques qui eux restent imperturbables jusqu'à la fin. Le résultat serait-il le même dans un remake ? Le film est réalisé par Roy Ward Baker, mais le générique l'indique, Liu Chia Liang crédité comme chorégraphe des combats, en aurait réalisé certaines parties. Cela semble évident car seul HK sait filmer HK (même sur Matrix ).
En raison du succès du film, la Hammer réitéra l'association pour Un Dénommé Mr Shatter (inédit sauf en vidéo) avec surtout Stuart Whitman, Peter Cushing, Anton Diffring et Ti Lung (10 ans avant les Syndicat du Crime I & II ) et Lily Li (Young Master, Le Combat Mortel de Shaolin). Petit polar daté sans prétention, tourné à Hong Kong, tentant de lancer à l'étranger Lung, sans grand succès d'ailleurs, ce film a bénéficié de l'un des plus mauvais doublage français imaginable (diffusé sur C+ en 92).
Jimmy Wang Yu et George Lazenby dans The Man From Hong Kong |
La Brute, le Colt et le Karaté |
Comme aujourd'hui, ces stars arrivaient un petit peu comme un cheveu sur la soupe, car en Occident Bruce Lee était censé être le premier acteur à être devenu connu du monde entier, mais quelques années avant lui Wang Yu avait marqué de son empreinte le cinéma d'action. Rebaptisé Jimmy Wang Yu, il tenta sa chance en Australie en 77 avec cet Homme de Hong Kong très influencé James Bond et assez violent pour l'époque, le méchant de service étant un ex James Bond : George Lazenby. Le film passa inaperçu probablement à cause du manque de charisme de l'acteur, il fait d'ailleurs depuis partie du monde des gangsters à Taïwan revenant de temps en temps à l'écran comme dans Island of Fire en 91 avec Jackie Chan. Raciste, au comportement irascible, il laissa passer sa chance.
Un an plus tôt, George Lazenby interprétait un ersatz de James Bond (encore un !) dans Stoner accompagné d' Angela Mao (la petite soeur de Bruce Lee assassinée dans Opération Dragon ). Film très 70's qui n'apportera rien à la gloire de l'actrice. Celle-ci abandonna peu après sa carrière. Elle fut cependant considérée comme la première star guerrière du cinéma chinois, Lazenby fait d'ailleurs pâle figure à ses côtés. Notons aussi que la version d'origine dure 20 minutes de plus centrée sur Mao.
En 77, le réalisateur d' Opération Dragon Robert Clouse tourna Amsterdam Kill ou De la Neige sur les Tulipes (une classique histoire de drogue) avec Robert Mitchum et Leslie "Drebbin" Nielsen. On pouvait y rencontrer Yuen Biaoalors à ses débuts ainsi que Sammo Hung acteur et chorégraphe des combats du film. Ce dernier étant actuellement en Californie pour la série TV US Le Flic de Shanghai (Martial Law). |