A l'opposé The Touch joue la carte de la grosse production internationale familiale. Doté d'un budget démesuré, au regard de ceux des productions locales, ce projet de 20 millions de dollars initié par l'actrice Michelle Yeoh se veut un grand film d'aventure à la Indiana Jones. L'idée est d'utiliser le savoir-faire des techniciens hongkongais comme le directeur photo Peter Pau, passé derrière la caméra pour l'occasion, ou le directeur des combats Philip Kwok. Un casting international est chargé de permettre la vente du film dans le monde entier. Malheureusement cette idée de métisser cinéma occidental et asiatique aboutit, comme souvent, à un résultat décevant. Car au lieu de réussir à conjuguer le meilleur de ces deux conceptions du cinéma, les producteurs, sans doute à cause des enjeux commerciaux, jouent la carte de la prudence. La dimension asiatique du film est alors limitée à un exotisme très convenu, tandis que tous les efforts du réalisateur visent à faire de la belle image, vision très réductrice de ce qu'est un film à vocation internationale. Bourré de clichés éculés, The Touch ne séduit ni l'Asie, ni l'occident. Le grand écart culturel reste un exercice des plus complexes.
L'erreur de The Touch est sans doute de vouloir concurrencer de manière trop frontale la machine de guerre américaine. Plus malin, Zhang Yimou préfère surfer sur l'engouement pour l'Asie en proposant un film ouvertement axé sur son identité culturelle : la Chine.
Faussement " auteurisant ", franchement esthétisant, Hero est un film d'une extrême roublardise, jouant sans complexe sur tous les tableaux pour tenter de ratisser large. Bénéficiant d'une campagne marketing très efficace, le film a réussi à gagner son pari financier en Asie, même si les spectateurs restent mitigés quant au résultat. Peu importe l'argent est rentré dans les caisses. Il reste maintenant à s'attaquer à l'occident. Si Zhang Yimou ne parviendra sans doute pas à réitérer le succès de Tigre et Dragon, il devrait réussir à trouver facilement sa place sur le marché mondial.
Le problème des films comme Hero, au-delà de leur réussite artistique ou commerciale, est qu'ils sont trop attachés à la personnalité de leurs créateurs. Impossible dans ces conditions d'en faire une recette exploitable par d'autres producteurs. Comme Tigre et Dragon, ce film est un coup qui n'engendrera rien, si ce n'est dans les années à venir une autre production du même type, hors norme.
|