P C :
Il ne faut pas rester dans l'illusion de l'ancien âge d'or du cinéma hongkongais, car le cinéma hongkongais n'a plus aucun avenir. Nous ne pouvons rien y faire.
Je pense, qu'il nous faut à présent chercher les moyens pour faire perdurer les traditions et l'esprit des anciens titres de gloire du cinéma hongkongais – sans chercher à tout prix à faire du "film hongkongais" car il n'y a pas de "cinéma hongkongais" à proprement parler. Enfin, dans un avenir très très proche il n'y aura plus aucun cinéma hongkongais. Les gens veulent me crucifier quand je dis des horreurs pareilles, mais je pense simplement dire la vérité que les gens ne semblent pas prêts d'entendre.
Personnellement, j'essaye de faire au mieux ce que je sais faire de mieux. D'un côté, j'essaye de continuer à collaborer avec différents réalisateurs pour tenter de ressusciter ce que le cinéma hongkongais a pu représenter par le passé; notamment en relançant l'exportation de son industrie cinématographique. Je pense, qu'il est absolument nécessaire, que nous reprenions nos anciennes parts de marché dans des pays tels que la Corée ou la Thaïlande. Quand je me suis impliqué dans l'exportation de mes productions il y a maintenant trois ans, ni la Corée, ni la Thaïlande ne voulaient plus de nos films. Il est triste de constater que ces pays avaient été friands de nos productions tout au long des années 90 et qu'ils rejettent désormais totalement notre cinématographie.
D'un autre côté, je pense que l'avenir est dans des productions comme Perhaps Love. En relançant le principe des co-productions, j'espère pouvoir reconquérir la confiance des différents marchés asiatiques et peut-être même d'un marché mondial. En même temps, si on n'arrive pas à réunir un budget conséquent, il nous sera difficile d'attirer l'attention du marché international. A l'instar des productions d'un Zhang Yimou, Chen Kaige ou Ang Lee, il faut savoir se servir des talents des techniciens et des chorégraphes hongkongais au sein d'un blockbuster asiatique pour titiller la curiosité d'un public occidental. Si ces productions ne disposaient pas de budgets aussi conséquents, il serait bien difficile de les exporter vers des marchés internationaux. Il faut combiner le savoir-faire hongkongais avec les splendides décors de la Chine! Il ne faut pas que les producteurs s'entêtent à vouloir imiter les films hongkongais des années 80 et 90; ça ne sert à rien!
En même temps, je pense qu'il faut également savoir préserver des productions typiquement locales – et cela ne me dérange pas de perdre de l'argent pour continuer à produire ce genre de productions. Je pense notamment à Golden Chicken – que j'adore. Golden Chicken est la production dont je suis le plus fier de tout ce que j'ai fait au cours de ces cinq dernières années, car c'est un humour typiquement hongkongais. Je crois profondément en ce type de production ; mais si le film a été un grand succès à Hong Kong, nous avons quand même perdu de l'argent, car il n'a aucun potentiel international. Personne n'en veut en dehors de Hong Kong [Le titre a pourtant été acheté par Wild Side pour la France ]! |