Très intéressant entretien avec le réalisateur de La Main de Fer qui, s'il paraît un peu fatigué, parvient, quand il le veut, à être incisif (voir sa description de Mona Fong !). Chung Chan Wha nous dresse un panorama de sa carrière qu'il concentre particulièrement sur sa période hongkongaise. Il revient tout de même sur l'événement qui l'a décidé à devenir metteur en scène (la vision d'un film), ses réalisations de jeunesse (« avec une nouvelle approche du montage », un « nouveau rythme ») et son premier gros succès dans tout le sud-est asiatique en 1966 : Special Agent X7 (coproduction entre Hong Kong et la Corée du Sud). Impressionné par ce film, Run Run Shaw demanda à Chung Chan Wha de signer un contrat avec la Shaw Brothers. Le réalisateur coréen, devant les budgets confortables et la perspective de travailler « à l'international », accepta bien vite et mit en scène Temptress Of A Thousand Faces en 1969. Chung Chan Wha poursuit sur l'aventure de La Main de Fer et explique qu'il s'est basé sur de nombreuses œuvres classiques de la littérature chinoise pour en composer l'histoire, a étudié de près l'acteur Lo Lieh, a fait des recherches sur les samouraïs, a remis les femmes à leur place (ce ne sont pas des combattantes !), etc. Il s'exprime enfin sur les circonstances de son départ de la Shaw Brothers : le remplacement de Raymond Chow par une « chanteuse d'âge mûre ne connaissant rien au cinéma », Mona Fong. Le metteur en scène en profite pour nous livrer une savoureuse anecdote sur les économies que la nouvelle responsable des productions de la Shaw avait décidé de réaliser : elle avait fait raccourcir les sabres et les vêtements des acteurs ! L'arrivée de cette harpie a donc conduit Chung Chan Wha à rejoindre Raymond Chow et Lo Wei à la Golden Harvest où il réalisa Broken Oath. Son retour en Corée fut un désenchantement : il y était toujours impossible de réaliser des films dans de bonnes conditions…
Cet entretien est riche en informations sur la carrière de Chung Chan Wha, la mise en scène de La Main de Fer mais aussi sur la Shaw Brothers et la naissance de la Golden Harvest. L'intérêt des propos nous font allégrement passer le ton monocorde de celui qui les émet. |
Ce document est constitué de nombreux entretiens (avec Helena Ma, Sam Ho, Sammo Hung, Marc Toullec (journaliste), Bey Logan, Cho Young-Jun, Karim Bourouba (distributeur), Lisa Chiao Chiao, Wang Ching et Tony Liu) qui ont pour thèmes Chung Chan Wha et La Main de Fer (même si bizarrement, au milieu, on semble partir vers un documentaire sur Lo Lieh…). On apprend donc que le réalisateur avaient des problèmes de communication avec les équipes hongkongaises (alors que dans l'entretien précédent il déclare parler couramment mandarin ce qui le plaçait dans une meilleure situation que les autres réalisateurs étrangers de la Shaw Brothers !), qu'il privait de repas les acteurs qui faisaient rater les prises, que son perfectionnisme le poussait à recommencer des plans des dizaines de fois, qu'il a été contacté 4 ou 5 jours avant sa mort par Bruce Lee qui voulait travailler avec lui, etc. Une partie des intervenants s'étend pendant l'entretien sur Lo Lieh et Sam Ho a une réflexion très pertinente sur l'acteur : en comparaison à Bruce Lee, le fait que Lo Lieh ne domine pas la Main de Fer permet une meilleure balance entre acteur, histoire et film. Beaucoup s'accorde à dire que si La Main de Fer n'est pas un chef-d'œuvre, il n'en reste pas moins une date importante dans l'histoire du cinéma d'action hongkongais.
|
Après avoir visionné les chef-d'œuvres de Liu Chia Liang, Chu Yuan ou Chang Cheh, il est difficile de considérer La Main de Fer comme un des plus grands films du cinéma d'action hongkongais. Pourtant, son côté « seventies » lorgnant franchement vers l'exploitation en fait un objet original et très distrayant à côté duquel tout amateur de films d'arts martiaux ne saurait passer.
L'édition proposée par Wild Side est en tout point parfaite (une petite réserve pour les scènes obscures…), tant au niveau technique qu'éditorial. Les suppléments sont riches en informations pertinentes sur le film et jamais inutiles. Enfin, et ce n'est pas la moindre des choses, le prix de vente est très raisonnable : un achat indispensable !
|