À première vue, Judgement of An Assassin semble partager quelques points communs avec les wuxia pian de Chor Yuan. En effet, non seulement une bonne partie des acteurs sont les mêmes mais ils partagent aussi le chorégraphe Tong Gaai et son équipe de cascadeurs. De plus Judgement comme les films de Chor repose sur un récit parsemé de conspirations entre clans de même que sur de multiples retournements soudains. Mais l'approche de la mise en scène et de la narration est tout à fait différente, le film de Sun n'ayant rien du caractère alambiqué et esthétisant des films de Chor Yuen. Il n'en demeure pas moins que c'est probablement le succès rencontré de Chor Yuen avec ses propre wuxia qui a du pousser Sun Chung à se lancer lui-même dans le cinéma martial mais bien sûr avec une approche qui lui était propre.
Judgement of Assassin n'en présente pas moins certains emprunts palpables de deux autres films martiaux fort influants à l'époque. En effet, le coup de grâce affligé au grand méchant à la toute fin de Judgement n'est qu'une variation sommaire de celui affligé au grand méchant pour le final de Executioners From Shaolin de Lau Kar Leung. Même les ultimes soubresauts de l'ennemi frappé à mort sont les mêmes (il tournoie, tombe, se relève puis se lance dans les airs une dernière fois). [Pas d'extraits visuels pour ne pas compromettre davantage la fin des deux films pour le lecteur]
En fait l'Ogre semble être un peu la fusion de deux grands méchants : celui d'Executioner de même que celui de Secret Rivals une production kung-fu de Ng See Yuen sortie en 1976. En effet, alors que le méchant de Executioner of Shaolin est un prêtre taoïste martial, l'Ogre lui est un ermite ayant des capacités martiales quasi surhumaines. De plus, tout comme le bandit Renard argenté dans Secret Rivals interprété par le champion de tækwondo Hwang Jang Lee, l'Ogre a aussi une apparence farouche et il est joué par un authentique artiste martial reconnu pour la férocité de ses prestations. Bien que cela ne soit pas une certitude absolue, il est un tant soit peu crédible de penser que ce soit l'utilisation de Hwang Jang Lee dans Secret Rival qui aura inspiré Sun Chung à utiliser un autre vrai grand bagarreur Michael Chan pour donner plus d'apprêté au combat.
Autre détail intéressant : alors que le taoïste maléfique de Executioner se distinguait par l'absence d'organes génitaux (ça fait même partie de sa botte secrète pour vaincre un adversaire), dans Judgement of Assassin l'Ogre envahit la demeure d'un de ses ennemis armé d'un énorme bâton (en fait le mât arraché d'un étendard), une représentation symbolique passablement évidente du phallus. L’ogre se sert d'une manière dévastatrice contre ses adversaires. Or l'un d'eux est une femme et cet affrontement se dénoue d'une manière brutalement horrifique de même qu'hautement symbolique vue l'arme utilisée et qui ajoute au sous texte du conflit entre les sexes sous-jacent à la trame du récit. A noter d'ailleurs que l'arme de David Chiang est un long tonfa, autre rappel de l'image du phallus.
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