N S : Je pense qu'elle est passée par différentes étapes. Au départ c'était juste une petite compagnie de production, puis dans les années 80, avec « l' âge d'or » du cinéma HK, nous étions en permanence occupés à faire des films, sans réfléchir, quitte à nous mordre la queue.
Puis dans les années 90, tout le monde demandait à Tsui de partir faire des films américains. Ce qu'il a fait. La compagnie s'est donc un peu mise en sommeil. Nous avons beaucoup appris de nos expériences dans le cinéma américain, des bonnes comme des mauvaises choses. Quand nous sommes revenus, Hong Kong traversait une mauvaise période, l'industrie du film était mal en point, et on se sentait d'autant plus attaché à HK qu'on en était loin . Nous n'avions pas oublié que c'était Hong Kong et son industrie cinématographique qui nous avaient amenés là où nous sommes. Nous leur devions une dette morale. Nous avons donc voulu rentrer au pays pour réinjecter dans le système ce que nous avions appris là-bas, en Amérique. Parce que c'est chez nous, c'est notre maison. Nous voulions continuer à contribuer. Nous pouvions travailler n'importe où, mais nous sentions qu'il était de notre devoir de participer au redressement du cinéma HK. C'est de là qu'on venait, il fallait qu'on le fasse… C 'était presque un besoin pour nous de revenir et d'essayer, même si nous ne savions pas si nous allions réussir, mais nous devions amener notre savoir, partager nos acquis, avant que le cinéma HK ne meure.
Si nous n'essayions pas, qui d'autre le ferait ? Et donc nous sommes revenus. A notre retour, le paysage cinématographique hongkongais avait énormément changé, les investisseurs avaient changé, et nous sommes encore actuellement dans l'expectative. Le marché chinois s'est ouvert, le marché international est toujours très incertain.
Nous cherchons encore la direction que nous allons suivre. Les films d'action ont toujours été un style traditionnel du cinéma HK, avec leurs spécificités, mais ils ont été tués par Hollywood, trop de câbles, trop de gadgets techniques. Il nous faut donc trouver de nouveaux terrains d'expression, nos budgets ne sont pas comparables aux budgets américains, mais nous sommes quand même en compétition avec eux sur le marché mondial, donc nous cherchons encore comment nous sortir de cette situation. |