Si en France les arts martiaux traditionnels chinois sont assez populaires, comme le style de Shaolin popularisé par le cinéma et les « moines de démonstration », s'est développée en Chine continentale, peu après la création de la République Populaire de Chine (1949), une sorte de synthèse des arts martiaux chinois. Ceux-ci sont en partie rénovés par l'apport dans les formes codifiées (ou tao lu) d'éléments gymniques et acrobatiques. Le Wushu « moderne » est né et, plus que jamais à partir des années 60/70, l'art martial relève du sport à l'image de son développement à vitesse grand V en Chine. Sport universitaire, le Wushu prend un essor considérable - une équipe par province et grande ville, multiplication incessante des compétitions avec une augmentation considérable du niveau. La Chine possède des dizaines d'athlètes complets, sportifs exceptionnels entraînés au rythme infernal de six à huit heures par jour six jours sur sept.
Le cinéma ne tardera pas à s'intéresser au phénomène : Li Lianjie, prodige de Beijing qui ne s'appelle pas encore Jet Li, est un pur produit de cet élevage de champions à la chaîne. Cinq fois champion de Chine de Wushu (ce titre est égal à celui de champion du monde), c'est lui qui ouvre la marche devant la caméra dans Le Temple De Shaolin. Sa suite, mille fois supérieure car portant la marque du maître Liu Chia-liang (Lau Kar-leung), révèle deux autres talents issus de l'équipe nationale : Hu Jian-Qiang, excellant en Nan Quan (boxe du Sud) et Huang Qiu-Yan.
La génération d'après ne manque pas d'énergie non plus. En effet, les années 80 voient émerger de nombreux talents dans les kung fu pian, dont un autre de ces pratiquants qu'on a « dénichés » pour leurs qualités athlétiques. Donnie Yen est son nom, Wu Bin celui de son entraîneur qui fut également celui de Jet Li à Beijing. Une capitale qui semble être productive en termes de talents en Wushu ; Wu Jing, que la série TV Master Of Tai Chi révèle avec brio dans les années 90, a la carrure d'un champion dont la carrière cinématographique est loin d'être finie.
Après le cap de l'an 2000, le Wushu reste un élément essentiel du film de kung fu. La star Daniel Wu, avant de s'imposer comme comédien, n'était-il pas un pratiquant assidu de wushu et fondateur d'une école aux USA ? L'industrie chinoise du film et ses chorégraphes de combat ne font-ils pas régulièrement appel à des champions de wushu comme de Sanda pour Xanda et ses authentiques combattants, ou encore le wushuiste anglais Jon Foo pour House Of Fury ?
Florent D'azevedo (Septembre 2005) |