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Critiques Express

Le Soleil se lève aussi    (2007)
Une fresque fascinante et onirique.

Quatre histoires, quatre destins. Une jeune mère de famille perd la raison et grimpe aux arbres pour crier un prénom russe, un respectable professeur traqué par une admiratrice secrète est accusé de perversion, un intellectuel s’installe dans une petite communauté rurale et joue les chasseurs, un jeune homme un peu naïf retrouve ses origines… Pour tous, le soleil se lève aussi.

Et si le mystère d’un film de David Lynch, son caractère torturé et ses ambiances décalées, venaient à rencontrer, en Asie, la folie trépidante d’un film d’Emir Kusturica ? Ce serait The Sun Also Rises, à n’en pas douter. Comme avec le premier, les interprétations sont nombreuses et les hypothèses foisonnent à la sortie de la projection. Chacun se raconte sa propre histoire et tisse les liens qu’il veut bien trouver. Comme avec le second, c’est un concentré d’onirisme dévastateur, orchestré dans une gradation magistrale. La folie est maîtresse et devient un langage universel. A cela près que Jiang Wen dépasse les comparaisons pour imprimer une véritable marque de fabrique à ces fascinantes histoires. La narration est vive, parfois brutale. Aucun détail graphique n’est laissé au hasard. La direction d’acteur semble avoir été ferme…

Le casting comporte quelques noms remarquables outre le réalisateur lui-même. Le protéiforme Anthony Wong, qu’on ne présente plus, interprète un débonnaire professeur dépassé par les évènements tandis que Joan Chen (également à l’affiche de Lust, Caution, sorti en même temps) se glisse dans la peau d’une infirmière délurée. C’est surtout du côté des jeunes que les performances sont à souligner : pour son troisième film, Jaycee Chan, fils de Jackie Chan, livre la preuve qu’il n’est pas que le fils de l’incontournable star hongkongaise. Doux-amer et naïf, simple mais résolu, Jaycee Chan doit jouer sur des registres subtils face à l’autre grande révélation du film : Zhou Yun. Compagne du réalisateur, elle crève l’écran de son enthousiasme communicatif ; c’est elle qui donne le ton et l’esprit du film, non seulement parce qu’elle joue un rôle clé mais aussi car la folie de son personnage aliène le spectateur à l’ensemble de l’histoire.

Le tour de force de Jiang Wen est là. Il embarque le spectateur de force dans un délire imposé, la rêverie d’un autre esprit. L’exercice est périlleux car les références historiques et culturelles sont nombreuses et parfois difficiles à décoder. L’époque en elle-même, 1976 et la Révolution culturelle, est un sujet sensible, surtout quand on connaît les déboires de Jiang Wen après Les démons à ma porte (2000). Au-delà de son confortable succès à l’international, ce long-métrage a été chèrement payé : cinq ans d’interdiction de tourner en Chine. Et que réaliser après une peine aussi politique ? C’est un point de vue évidemment bien délicat qui n’a pas manqué de mettre une forte pression sur l’auteur. Il ne se réfugie pourtant pas dans un conformisme de bon aloi. La campagne chinoise est certes filtrée par un directeur photo particulièrement esthète et nostalgique. On se méfie alors du cliché un peu plat… mais rien n’y fait, les images tiennent plus de l’œuvre d’art fantasmé que de la carte postale jaunie. Elles sont au service d’une vision idéalisée car rêvée. Et par antinomie, le sous-entendu sur la réalité est fort.

Les quatre volets ne racontent donc pas une histoire ni même l’Histoire… C’est un puzzle d’apparence simple et banale comme le sont les vies entrevues. Mais les oppositions sont fortes et le jeu des contrastes essentiels. Pour chaque partie, il y a le tout et son contraire : une féérie qui se confronte à la démence, une romance brisée par la rumeur, une fable égratignée par la violence, un conte de fée sous acide. La formule s’essouffle légèrement à la troisième séquence. Cette étonnante complexité de l’armature du film est déroutante. Et pourtant, quel rythme ! Quelle sensation de liberté et d’évasion…

The Sun Also Rises doit, à ce titre, beaucoup à sa musique. Ce langage, universel s’il en est, a été confié au japonais Joe Hisaishi, compositeur attitré des poèmes animés des studios Ghibli tout comme du violent et cynique Takeshi Kitano. Il détourne les cuivres des pompeuses marches militaires avec malice et offre une ritournelle entêtante, il laisse les cordes ponctuer chaque histoire pour répondre aux soupirs d’une litanie russe récurrente. La partition est impeccablement ordonnée et, là encore, la rigidité n’apparaît pas.

C’est sûrement le secret de Jiang Wen : avoir construit un film dense avec des éléments apparemment simples qui poursuivent le spectateur des jours et des nuits après le générique. On se surprend à crier « Alyosha » dans sa tête, à marcher d’un pas plus rapide en fredonnant la musique, à reconstituer, encore une fois, l’énergie fugace d’une des nombreuses scènes marquantes pour ne pas dire cultes et, surtout, on démêle et on entremêle encore ces vies de passage, des passages brillants mais trop courts… comme le soleil.
François Drémeaux 10/24/2007 - haut

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 10/24/2007 François ...

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