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Critiques Express

My Blueberry Nights    (2007)
Balade sucrée aux States pour Wong Kar Wai.

Elizabeth (Norah Jones) est une jeune femme dans la tourmente d’une rupture amoureuse. Elle échoue dans un bar de banlieue new-yorkais et se lie d’amitié avec le patron, Jeremy (Jude Law). Reprenant goût à la vie et aux desserts du cuistot (la fameuse blueberry pie), elle décide de partir dans une traversée des Etats-Unis qui se révèle évidemment être un périple initiatique.

Wong Kar Wai signe avec My Blueberry Nights son premier film américain, entièrement tourné en anglais avec des acteurs occidentaux. Pétri de bonnes intentions et de tics qui lui sont chers, il se lance dans un road-movie qui peine à convaincre et qui n’aurait même que très peu d’intérêt s’il n’était sauvé par une réalisation toujours virtuose et un jeu d’acteur sans reproche.

L’une des premières interrogations qui vient à l’esprit, c’est de savoir ce qu’il y a de chinois dans ce film. Qu’est-ce que Wong Kar Wai apporte à ce genre cher aux Américains ? Quel regard porte-t-il sur les Etats-Unis ? Le réalisateur hongkongais surprendra ceux qui l’attendaient sur ces points. D’abord, il ne fait qu’effleurer le genre du road-movie puisque les notions de temps et d’attachement sont plus importantes que celles d’espace et de fuite. Ensuite, My Blueberry Nights aurait pu se passer dans n’importe quel pays, peu de choses auraient changé. Wong Kar Wai s’entiche de quelques personnes qui ne peuvent être une généralisation d’une vue de la société américaine et fait vivre ce beau monde en vase clos. Les scènes extérieures sont rares.

Le personnage de Norah Jones est plus ambigu ; semblant débarquée de nulle part, elle peut symboliser l’ignorance et la découverte du pays. Le choix d’un personnage étranger fraîchement immigré produirait les mêmes effets. C’est peut-être là qu’il faut voir le regard neuf du metteur en scène. Et le choix de la chanteuse, novice dans le métier d’acteur, pour le rôle principal n’est sûrement pas anodin.

Les rencontres de l’héroïne sèment également le doute sur le mélange géographique des inspirations. Il y a, au cours du voyage, une première partie classique ; le policier désabusé et stoïque rongé par le chagrin, et sa femme, beauté sauvage et débridée, peuvent facilement être associés à des personnages asiatiques, fréquemment rencontrés dans les productions hongkongaises. Et il y a cette étrange deuxième partie avec la jeune et romanesque joueuse de poker (Nathalie Portman). L’Amérique reprend le dessus et l’intrigue se rapproche beaucoup du roman de Paul Auster, La musique du hasard.

Les nuits américaines de Wong Kar Wai sont colorées. Très colorées. Parfois, la tarte aux myrtilles est même un peu écoeurante. Le déballage de couleurs est démonstratif d’un savoir faire à la limite de la préciosité. Le réalisateur s’est associé à un directeur photo remarquable, Darius Khondji. Il s’agit de l’opérateur attitré des films du duo Jeunet-Caro ou encore de David Fincher ; de Delicatessen à Alien 3, on reconnaît tout de suite l’empreinte très chaude du technicien d’origine iranienne. Ajoutée à la personnalité également marquée de Wong Kar Wai, c’est peut-être l’explication de cette surenchère artificielle de filtres et de lumière. C’est beau, certes, mais c’est limite la fête foraine sur la plupart des plans.

Plus que les choix de lumières, les ralentis pompeux qui parsèment le film rendent perplexes. Pourquoi faut-il absolument décomposer les actions importantes de manière saccadée, avec cette méthode très en vogue chez certains réalisateurs américains (Ridley Scott en tête) qui consiste à diminuer le nombre d’images par seconde ? Est-ce encore un effet de style pour la forme ou bien un nécessaire effort de forme pour servir le propos ?

Et si, au final, tous les effets de manches, appréciés dans les autres œuvres de Wong Kar Wai, toute cette ambiance que le réalisateur s’échine à mettre en scène n’étaient pas tant à remettre en cause que le script un peu vain et vide. Une déception amoureuse et un voyage pour réfléchir sur l’existence et percuter des tranches de vies… c’est un beau départ après tout. Mais My Blueberry Nights effleure avec des dialogues qui n’ont rien de transcendant ; évoque avec des leçons qui n’ont rien de profond.

Côté musique, Ry Cooder se fait plutôt discret et quelques chansons trottinent agréablement tout au long du voyage. Clin d’œil du réalisateur à ses œuvres précédentes ou essoufflement de l’inspiration, il est tout de même surprenant d’entendre, à deux reprises, l’excellent thème principal de In the Mood for Love, repris et réorchestré dans un mélange baroque à la mode locale, entre harmonica country et flamenco...

Alors pourquoi faudrait-il, quand même, voir ce film ? Pour assister à cette expérience américaine par un réalisateur chinois et y chercher ce qu’on ne trouve pas ailleurs ; pour la qualité des prises de vue, toujours pudiques et discrètes, souvent originales ; pour voir Norah Jones se sortir avec brio de cette première expérience d’actrice, périlleuse ; pour voir l’excellent Jude Law (comme d’habitude) et des seconds rôles particulièrement convaincants (Jason Straitham et Rachel Weisz).

My Blueberry Nights n’est pas l’ovni passionnant auquel on pouvait s’attendre, qui aurait pu jouer sur les décalages de visions ou les différences de cultures. A ce titre et par exemple, Mystery train, de Jim Jarmush, cerne bien mieux le décalage entre l’Asie et la campagne des Etats-Unis. Mieux vaut sûrement s’attendre à un film américain surprenant qu’à un film d’un réalisateur de Hong Kong en Amérique ; sinon, cette gourmandise risque de laisser sur sa faim…

5/10
François Drémeaux 1/23/2008 - haut

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 1/23/2008 François D...

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