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Gong Tau (2007) |
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On ne peut s’empêcher, lorsque l’on voit le nom d’Herman Yau associé à la réalisation d’une catégorie III, de repenser à ce qui fit sa gloire dans les années 90 à savoir des films comme Untold Story ou Ebola Syndrome. Même si ceux-ci ne représentent pas la majorité de l’oeuvre du bonhomme, il faut quand même avouer que ces deux pièces sont loin d’être oubliables…. Mais les temps ont changé et la Catégorie 3, qui a connu son heure de gloire dans une grosse première partie des années 90, alors érigée au statut de genre, n’est plus aujourd’hui un filon juteux.
Pourtant, avec Gong Tau, Herman Yau, réalisateur prolifique, réussit malgré tout à nous servir un thriller horrifique un peu gore, preuve que l’on peut encore espérer voir à Hong Kong autre chose que des productions calibrées pour le grand public et des films d’«horreur » plus comiques qu’effrayants.
Si le titre, « Gong Tau », nous évoque quelque chose c’est qu’il est le même que celui d’une production Shaw Brothers (Black Magic en anglais) réalisée par Ho Meng Hua (autre réalisateur touche-à-tout) en 1975 dont le scenario comportait aussi son lot d’aiguilles et de mauvais sorts. Car rappelons-le, le Gong Tau désigne un envoûtement et se pratique (à l’instar du vaudou) avec petites poupées et aiguilles.
Avec ses sortilèges et sorciers, Herman Yau remet donc au gout du jour toute une batterie d’ingrédients nécessaires à la pratique de la magie noire : scolopendres et autres bestioles grouillantes, viscères et gras humain puis jet de sperme pour couronner le tout. Mais le tableau ne serait pas complet sans quelques scènes dénudées et… une tête volante vengeresse. Bref un mélange d’ingrédients, même si on ne les trouve pas en grosse quantité, qui ne peut que ravir les amateurs du genre souvent oubliés par le cinéma hongkongais. A cela ajoutons un casting intéressant, Mark Cheng dans le rôle du flic qui se retrouve au centre des agissements du sorcier, toujours très sérieux quand il discute gong tau avec son ami (Lam Suet), Maggie Siu qui, elle, passe le film à perdre son sang froid et à paniquer (un peu normal car elle est la victime innocente et la cible des sorts), et des seconds rôles convaincants avec des vétérans comme Hui Siu Hung et Fung Hak On. Tout ce petit monde évolue donc dans un univers glauque, dépourvu d’endroits qui ne sont pas inquiétants, où l’on ne peut pas échapper à la puissance des envoutements, même la demeure familiale du héros est on ne peut plus sinistre et l’on sent bien que partout le sorcier est « présent » ne laissant aucun répit à ses victimes. Bonne initiative dans ce choix des acteurs que d’avoir évité l’écueil de miser sur les stars du moment ce qui aurait sans doute énormément décrédibilisé l’histoire car ici l’héroïne, celle que l’on veut voir à l’œuvre, est bien la magie noire et elle seule..
Herman Yau mène son film habilement et de manière convaincante, laissant de côté toute trace d’humour et prenant son sujet au sérieux (ici on ne rigole pas avec le gong tau, il n’y a qu’à assister aux discussions entre les différents protagonistes pour s’en rendre compte).
Gong Tau, sorti en même temps que Whispers And Moans (du même réalisateur) n’a pourtant pas eu la chance d’être présenté au HKIFF (Hong Kong International Film Festival) comme ce dernier, les jeteurs de sorts étant un sujet certainement moins sérieux et d’actualité que celui de la prostitution. Pourtant, Gong Tau est un film honnête et assez « sympathique », si le terme peut convenir à une oeuvre de cette catégorie qui sans révolutionner le genre nous montre qu’Herman Yau est toujours capable de nous étonner et confirme, s’il en était besoin, son statut de réalisateur éclectique.
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Annabelle Coquant 8/10/2007 - haut |
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