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Le Royaume interdit (2008) |
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Le « J&J project » enfin ! Et un bon divertissement à la clé.
Tout commence dans une chambre de bonne à New York, dans l’univers exclusif, entièrement dédié au cinéma d’arts martiaux, d’un ado gringalet. Une première scène qui n’est pas sans faire penser à Augustin, Roi du Kung Fu, le petit bijou d’Anne Fontaine. Le ton n’est pas le même. Jason (Michael Angarano) trouve refuge dans une vieille boutique de Chinatown (côté clichés, il s’agit de la même que dans Gremlins) où le vendeur centenaire (la même caricature là aussi) lui vend les films qu’il aime. Puis, vient la rencontre avec quelques vils délinquants et une drôle de spirale, qui nous emporte en Chine médiévale…
C’est une Chine de pacotille faite de carte postales et d’images d’Epinal, où le héros avance de poursuites en embûches jusque vers le repère du seigneur à pourfendre. Il y a donc une quête, une initiation, un maître et un élève et des méchants : le contrat scénaristique est rempli pour appuyer un bel hommage au genre. Il est possible d’oublier son cerveau à l’entrée du cinéma. The Forbidden kingdom n’a aucune prétention et surtout pas celle d’apporter du nouveau au genre. A n’en pas douter, Rob Minkoff est un amoureux du cinéma hongkongais d’arts martiaux. Il multiplie les clins d’œil et les allusions et, quand bien même son scénario est américanisé, il reste un bel hommage, honnête et fidèle, au cinéma d’arts martiaux des années 70. La présence du vernis moderne est presque inutile, si ce n’est pour attirer un public indécis.
Le générique a lui seul vaut le coup d’œil. Un swing orientalisé, quelques affiches de grands classiques et des couleurs seventies. Le décor est planté. Pas assez longtemps malheureusement. On aurait aimé que cette nostalgie soit cultivée un peu plus, que l’amour du genre et de sa période soit mieux mis en valeur. Hélas, Rob Minkoff cède aux démons de la rapidité et du marketing. The Forbidden Kingdom n’est pas un film de « geek » amateurs de cinéma d’exploitation. Autant Tarantino et Rodriguez ont pu aller au bout de leur délire en hommage aux films de Grindhouse (Planète Terreur et Boulevard de la mort), autant Rob Minkoff est très policé et ne livre en aucun point une oeuvre confidentielle pour passionnés d’arts martiaux. Sa recette est tout public. De quoi, peut-être, décevoir un peu les fans du genre.
Ces derniers se consoleront avec le choc des titans. Longtemps baptisé avec mystère « J&J project » le film est avant tout la rencontre de deux géants : Jet Li et Jackie Chan. Le premier est arrivé tardivement dans le genre (1982) mais le symbolise en tout point ; quant au second, sa longue filmographie dans les années 70 et les grands noms du genre qu’il a côtoyé font de lui un mythe du cinéma de Hong Kong. C’est une belle rencontre, taillée sur mesure. Et pour l’occasion, les deux acteurs endossent deux rôles chacun.
Jackie Chan retrouve un personnage important avec le « drunken master », hommage appuyé au film éponyme de 1978 et avec le même chorégraphe en la personne de Yuen Woo Ping. Ce dieu vivant des arts mariaux est désormais bien connu des occidentaux puisque c’est lui qui a chorégraphié les succès que sont Tigre et Dragon mais aussi Matrix, Kill Bill et autres. Jet Li est toujours aussi efficace et parle peu (le scénario lui réserve tout de même quelques réflexions dignes de Jean-Claude VanDamme).
On peut s’interroger sur l’intérêt de la présence du personnage européen, Jason. Ses remarques sur les lieux communs de film d’arts martiaux et sa vision étriquée sortie des jeux vidéos sont finalement amusantes. C’est un faire valoir efficace qui sert efficacement le rythme des premières scènes de combats où il se trouve plongé contre son gré.
Rob Minkoff, ancien animateur de chez Disney, propose son sens du rythme et du cartoon avec bonheur. Le divertissement est complet et réussi. Finalement, la légende du Roi Singe en quête d’immortalité reste un prétexte librement adapté, bien loin des préoccupations des acteurs et des spectateurs. L’important est que les deux « J » aient leur quota de brigands à corriger au milieu de décors sino-baroques ou de paysages superbes !
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François Drémeaux 5/5/2008 - haut |
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