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My Rebellious Son (1982) |
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Un dignitaire local, appuyé par une jeunesse fortement occidentalisée (ses enfants, leurs amis et quelques gweilos), complotent pour voler la statue de la Déesse de la Grâce qui orne l’autel du temple d’un petit village. Cet objet de culte, vénéré par la population locale, est destiné à être offert en cadeau d’anniversaire au gouverneur anglais. Un médecin (Ku Feng) et son turbulent rejeton (Fu Sheng) vont tout mettre en œuvre pour empêcher les voleurs de commettre leur forfait.
Avec My Rebellious Son, Suen Chung se réapproprie l’espace d’un film les thèmes développés par Liu Chia Liang dans deux de ses œuvres les plus abouties, My Young Auntie et Heroes Of The East. De la première, il reprend la réflexion sur le conflit des générations et l’occidentalisation d’une certaine jeunesse hongkongaise et, de la seconde, la suprématie des arts martiaux chinois sur les sports de combat venant de l’étranger (on retrouve même les habituels Japonais…). Seulement, Suen Chung n’est pas Liu Chia Liang et son film n’exploite que partiellement ces sujets : la comédie et l’action sont reines, le reste, ce n’est que de l’intendance…
La relation père-fils est ainsi schématisée à outrance, les gesticulations sans fin de Fu Sheng et les gros yeux de Ku Feng n’apparaissant que comme de simples ressorts comiques. Aucune interrogation sur le respect filial tel qu’il est prôné par le confucianisme par rapport à l’évolution des mœurs (si l’époque à laquelle se déroule l’action n’est pas précisée, les costumes indiquent clairement qu’il s’agit des années 30). Tout est axé sur la farce : le jeune homme est turbulent, point. Son père dispute le garnement qui n’en n’a que faire. Le personnage de Fu Sheng est tellement infantilisé qu’il est pratiquement asexué : aucune arrière-pensée lorsqu’il manipule la jambe d’une belle jeune fille tombée de cheval (ce sont les garçons présents qui sont gênés) ou fuite en courant lorsqu’elle se promène seule avec lui dans la campagne… Eduquée à l’étranger et relativement émancipée, elle est toute déçue de ce manque d’attention ! Le jeune homme la retrouve un soir à l’occasion d’un bal à l’occidentale. S’il lui propose soudainement une danse, ce n’est pas une tentative de séduction de sa part, mais simplement un défi qu’il relève. Pire encore, il transforme la valse en une démonstration de kung-fu grâce à laquelle il envoie au tapis plusieurs assaillants. Décidemment, le garnement est encore trop impétueux pour s’intéresser à la gente féminine ! La séquence est fort drôle et Fu Sheng fait une fois de plus la preuve qui est à l’époque le roi de la comédie kung-fu. Si un terrible accident de voiture n’était pas survenu un an plus tard, un certain Jackie Chan n’aurait peut-être pas atteint le statut qu’il a aujourd’hui…
L’occidentalisation de la vie chinoise et la perte des valeurs ancestrales est également un des thèmes majeurs de My Rebellious Son. Hormis le chef des méchants, peut-être trop vieux pour complètement s’imprégner d’une culture qui n’est pas la sienne, tous les comploteurs chinois se sont occidentalisés : ils portent pantalon, chemise et bretelles, ils jouent au billard, pratiquent la boxe, dansent, arborent des coiffures ridicules (Lam Fai Wong a les cheveux frisés, Cheung Gwok Wa une belle raie)… Ils s’entourent également d’une bande de gweilos chacun spécialisé dans un sport de combat : boxe anglaise, lutte, escrime… Evidemment, les Chinois traditionalistes – Fu Sheng en tête – vont se faire un plaisir de leur démontrer que rien ne vaut un bon kung-fu ! Plus grave que cette occidentalisation des coutumes, le reniement et la trahison de ses racines. Le riche dignitaire n’hésite pas à s’emparer de la statue d’une déesse qui siège sur l’autel du temple d’un petit village… pour l’offrir en cadeau d’anniversaire au gouverneur anglais. Les villageois ont beau exprimer leur colère, il leur est répondu que les gweilos considèrent cet objet de culte comme une œuvre d’art et qu’ils devraient être heureux que ces statues voyagent à l’étranger. Un sage rétorque alors que les occidentaux sont les bienvenus en Chine s’ils souhaitent admirer ces pièces, mais qu’elles ne doivent pas en bouger. Vaste sujet que le pillage des œuvres d’art pour les nations coloniales telles que l’Angleterre ou la France…
My Rebellious Son est une nouvelle fois l’occasion de dépeindre l’affrontement entre les cultures japonaise et chinoise. Fu Sheng l’exprime clairement au cours d’un affrontement particulièrement violent : le Japon ne serait rien sans la Chine. Culture, écriture et arts martiaux nippons ont pour origine son beau pays. Suen Chung cite sur un ton beaucoup plus léger et moins subtil Liu Chia Liang et son Heroes Of The East.
Les combats de My Rebellious Son sont réjouissants à plus d’un titre. Chorégraphiés par les spécialistes vétérans Tong Gaai et Wong Pau Gei, ils collent avec brio aux différents climats du film. Joutes potaches entre Ku Feng et Fu Sheng – l’amour entre le père et le fils ne doit pas disparaître lorsqu’ils s’affrontent -, combat sous influence lorsque Fu Sheng dévore des « pénis de tigre » pour se donner de la vitalité (l’effet secondaire est un peu raide !), combats culturels entre arts martiaux étrangers, détournements de situations de la vie quotidienne (incursion du kung-fu dans un bal), joutes plus violentes... la palette est vaste et variée !
My Rebellious Son n’est pas un chef-d’œuvre et ne souffre pas la comparaison avec les films de Liu Chia Liang auxquels il fait référence. Mais il demeure pour autant un très sympathique divertissement avec la star bondissante et trop tôt disparue, Fu Sheng.
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David-Olivier Vidouze 9/23/2005 - haut |
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