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Critiques Express

My Heart Is That Eternal Rose    (1989)
Auteur prometteur de la nouvelle vague au début des années 80 avec son étonnant The Sword, Patrick Tam peina par la suite à s’intégrer pleinement dans l’industrie. Son approche très personnelle des différents genres qu’il aborda en tant que metteur en scène semble avoir systématiquement rebuté le public local malgré des castings faisant la part belle aux stars. D’échecs commerciaux en échecs commerciaux, il arriva un moment où Tam ne parvint plus à trouver de producteurs pour le soutenir. Le talentueux réalisateur dut entamer sa reconversion dans d’autres postes techniques (montage et supervision de scripts). Triste gachis pour un tel talent.
My Heart Is That Eternal Rose est son tout dernier long métrage pour lequel il cumule les fonctions de réalisateur et directeur artistique. Rejeton de la puissante mode de l’Heroic Bloodshed, le film est une nouvelle occasion pour Tam de mélanger utilisation de codes bien établis à sa propre approche artistique unique.

Le scénario de My Heart Is That Eternal Rose est une illustration de ce paradoxe. A première vue, il se place dans la droite ligne de l’évolution qu’a connu le genre à travers l’explosion de l’Heroic Bloodshed et sa transformation graduelle en films de triades romantiques et glamours. Du premier le script de John Chan et Tsang Kan Cheung reprend la structure en 3 actes, les affrontements remplis de flingues et de poudre et l’apologie des valeurs « anciennes » de respect et de loyauté ainsi que certains archétypes incontournables (le tueur qui cherche à raccrocher les gants). Du second (alors en pleine formation), le duo fait appel à l’idéalisation de la triade (nos héros sont des produits de l’organisation criminelle sans que ça pose quelques problèmes de consciences) et à la place centrale que joue la relation romantique unissant nos trois protagonistes principaux. Scénaristiquement parlant, My Heart Is That Eternal Rose est donc à cheval entre deux grand type de polars à la Hong Kongaise à une époque où le genre commençait à muter.

Mais ce qui fait son authentique spécificité, c’est bien la manière dont Tam insuffle de la vie à ses personnages, une émotion que peu d’œuvres (en dehors de celles mises en scène par John Woo) ont réussi à insuffler. Le personnage de Cheung est à ce titre une des personnalités clés du film. Son appartenance aux triades est totalement mise de coté pour laisser la place à un homme extrêmement émotionnel. Il est d’ailleurs très contradictoire dans ces émotions : Amoureux transi mais timide, miséricordieux (l’humiliation de l’oncle Cheung) mais aussi un peu couard, volontaire mais peu sûr de lui. Une palette étonnamment riche pour un film de genre qu’on retrouve également chez Lap et Rick.
Autre point d’intérêt, c’est que là où John Woo sublimait l’amitié sous toutes ses formes, Tam sublime, lui, l’amour pure et romantique. Toute l’intrigue tourne autour des sentiments passionnels qui lient Rick et Lap dans une configuration qui n’est pas loin de faire penser à la tragédie classique. Nos héros ont du faire des sacrifices déchirants, des compromissions qui les ont profondément affectés au point de leur faire abandonner tous leurs idéaux de jeunesse. Mais c’est bien leur sentiment amoureux, enfoui au plus profond de leur être mais jamais totalement oublié, qui va leur permettre d’achever leur rédemption. La manière dont Tam met en valeur la passion amoureuse est à 100% premier degré. Le réalisateur croit aux émotions de ses personnages et use de tous les moyens à sa disposition (jeu de montage, ralentis, gros plans pénétrants, utilisation des lieux de tournage et couleurs, musique inspirée) pour nous les faires ressentir. Le but est superbement atteint, d’autant plus que la direction d’acteurs est en tous points remarquable. Joey Wong est rarement apparue plus belle qu’ici (on ne peut qu’évoquer Histoire de Fantômes Chinois pour trouver un équivalent). Son interprétation est juste, à la fois subtile et passionnée. Tony Leung fait déjà preuve d’un beau talent, faisant corps avec son personnage complexe mais excessivement attachant de Cheung. Kenny Bee est un peu plus en retrait par rapport à ses partenaires. Bien qu’il peine un peu à composer un tueur implacable totalement convaincant, il se rattrape lors des séquences romantiques. Le reste de la distribution, sous la direction vigilante de Tam, égale le niveau des interprètes principaux. En tête, on trouve Michael Chan, impressionnant en parrain des triades froid mais à la violence contenue toujours sur le point d’exploser. Son bras droit en est tout l’inverse, bavard et continuellement en train de profiter de son statut de criminel. C’est un Gordon Lau perruqué et en plein dans sa période « bad guy » qui assure le rôle très efficacement. Notable également, les prestations des vétérans que sont Kwan Hoi San et Ng Man Tat (bien loin de ses travaux aux cotés de Stephen Chow). Ce casting à la fois bien senti et inspiré est un nouveau bon point à mettre au crédit de My Heart Is That Eternal Rose.

Le film dispose également d’une authentique identité visuelle propre, préfigurant les travaux de Wong Kar Wai au début des années 90. La présence de Christopher Doyle, assisté du non moins compétent David Chung, y est pour beaucoup. L’utilisation de filtres de couleurs confère une atmosphère originale à l’ensemble. Dans la première partie du métrage, c’est l’orange qui domine et nous permet de ressentir l’étouffante chaleur de Hong Kong parfaitement en accord avec les émotions à fleur de peau des personnages. A contrario, la dominante bleuté du reste du film, révèle la perte d’illusions des différents protagonistes et s’accorde avec les éclairs de violence sans pitié qui surgissent à intervalles réguliers.
Ces affrontements se distinguent assez nettement de leurs équivalents John Wooiens. Bien qu’il soit là aussi essentiellement question de fusillades en tous genre, le traitement de Patrick Tam diffère sur de nombreux points. Dés la première d’entres-elles, le réalisateur privilégie la tension psychologique. L’emphase ne sera pas sur la beauté de la chorégraphie, l’opéra de violence chère au réalisateur de A Better Tomorrow, mais davantage sur l’état d’esprit des personnages. Le recours aux gros plans, aux ralentis et à la musique convergera dans ce sens, dans le but d’une tension maximale avant une explosion de violence aussi brève que marquante. Ainsi, le final de My Heart Is That Eternal Rose n’est pas une longue démonstration chorégraphique mais l’aboutissement psychologique des protagonistes aussi intense qu’il est court et sanglant.

Malgré toutes ses qualités, le film de Patrick Tam ne trouvera pas son public. Ce sera la fin de la carrière de l’ancien membre de la nouvelle vague au poste de réalisateur pendant plus de 15 ans. Il restera tout de même une influence pour la seconde vague, tout spécialement pour Wong Kar Wai dont il montera Nos Années Sauvages.
Arnaud Lanuque 9/18/2007 - haut

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 9/18/2007 Arnaud Lan...

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