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La Rage du vainqueur    (1974)
Être une star, ça ne s’improvise pas. Mais est-on réellement une étoile, ou le devient-on ? Une question qui mérite d’être posée, tant le chemin jusqu’à la gloire peut être facile pour les uns, et semé d’embûches pour les autres. Si des acteurs comme Bruce Lee ou James Dean n’ont eu qu’à tourner une poignée de films pour rentrer dans la légende, d’autres ont dû faire preuve d’une détermination farouche pour prétendre à un tel statut. C’est le cas de Jackie Chan, qui semblait condamné à n’être qu’un de ces artistes martiaux improvisés acteurs sans aucun charisme, comme il y en avait des dizaines à l’époque. La genèse de Master With Cracked Fingers est assez surprenante. Tourné en 1971 sous le titre Little Tiger From Canton, le montage original n’était ni assez long si assez spectaculaire pour rester dans les annales. Chan avait déjà tourné quelques petits rôles, mais il s’agissait de son premier rôle principal. Malheureusement, n’ayant pas encore atteint la gloire, son aura n’était pas suffisante pour obtenir le succès, et Master With Cracked Fingers est tombé dans l’oubli pendant des années. Puis Ng See Yuen et Yuen Woo Ping unirent leurs forces pour exploiter le talent de Jackie, avec les résultats que l’on connaît. Le public, qui jusque-là avait boudé les salles, voit en Chan sa nouvelle idole, et ne peut se contenter du peu de films dans lesquels il a joué. On connaissait la Brucexploitation, et bien avec Master With Cracked Fingers, c’était un peu le début de la Jackiexploitation, genre à part entière, moins célèbre et usé que l’emploi de clones de Bruce Lee, mais tout aussi surprenante. Faistan Film Co. décide en effet qu’il n’y a pas de raison de ne pas profiter du gâteau, et ressort son vieux film des cartons. Seulement voilà, pour justifier une sortie, il faut une durée minimale, et le montage ne dépasse pas les trois quarts d’heure. Mais un tel obstacle n’a jamais arrêté les réalisateurs hongkongais, comme Godfrey Ho l’a prouvé ardemment tout au long de sa carrière. C’était qui déjà ce vieux qui balbutiait des phrases kung fu ? Simon Yuen ? Amenez-le sur le plateau. Maintenant on passe un casting vite fait : « cherche artiste martial avec un nez fort des cheveux longs, environ 1m73. Ben voilà, on l’a notre Jackie ! Comment ça il ne ressemble pas au vrai, même de dos ? Ben c’est simple : on le filme de dos, mais on ne montre que son épaule. Et quand on doit le montrer de face, il porte un bandeau, après tout c’est cool de se battre les yeux bandés ! Et si on est obligé de le montrer de face, il faut que ce soit dans l’ombre ! Après tout c’est logique que le visage de Simon Yuen soit visible et celui du faux Jackie obscurci par l’ombre ! Et puis on peut aussi lui demander de mettre son bras devant sa tête, après tout, tout le monde fait ça pour taper la discussion ! ça va être un film du tonnerre ! ». Et voilà comment ce petit produit sans ambition a pu devenir…. Une escroquerie sans ambition.

Et pour s’assurer que le public soit complice, c’est la nouvelle intrigue qui ouvre le bal, avec une scène d’entraînement insipide. A noter qu’il semble difficile de trouver le film dans sa version originale. La VHS anglaise ajoute un charme certain à cette pantalonnade, grâce à des comédiens de doublage tous enrhumés et des dialogues qui tentent vainement de lier deux intrigues tellement différentes qu’on a continuellement la sensation de regarder deux films différents. Les scènes ajoutées, plus modernes, sont aussi les plus mauvaises. L’histoire y est identique à tous les kung fu de l’époque : rivalités, quête de vengeance, le fils qui doit laver le nom de sa famille, et les inévitables entraînements. Le ton se veut comique, Dean Shek faisant caution en la matière, et Simon Yuen s’évertuant à grimacer, tout en étant de moins en moins capable de bouger de façon convaincante. Le voir s’évertuer à rouler par terre est réellement pathétique, mais pas autant que l’affreuse perruque brune dont il est affublé. On aurait pu penser que les producteurs tenteraient d’insuffler une cohérence d’ensemble, mais rien ne va dans ce sens. Toutefois, il faut reconnaître une certaine inventivité : afin de limiter le temps de présence de la doublure, le premier quart d’heure est occupé par le personnage enfant, apprenant aux côtés de Simon Yuen. Alors que dans l’intrigue originale, il n’est jamais question de l’enfance du héros, ni de l’origine de ses dons pour les arts martiaux, ici cet apprentissage est interminable, et présente son lot de scènes risibles ou inquiétantes. On s’étonnera par exemple de voir le père Yuen commandé à l’enfant de se déshabiller intégralement la nuit dans la forêt, avant de l’enfermer dans un sac avec des serpents. Si le ton est à la rigolade, ce passage est discutable non seulement en termes d’intérêt, mais aussi pour ses connotations évidentes. Mais le plus ahurissant reste que les nouvelles scènes sont tout aussi mal mises en scène que les anciennes, comme l’illustrent les innombrables hors champs qui cachent l’action. C’est parfois volontaire, mais c’est souvent la marque d’un manque de savoir-faire. On a de toutes manières bien du mal à imaginer un metteur en scène talentueux s’aventurer dans une telle entreprise. Finalement, au bout de quinze minutes, la véritable histoire débute, avec une démonstration d’acrobaties d’un tout jeune Jackie Chan. Mais qu’on se rassure, afin de ne pas oublier les nouvelles scènes, de réguliers inserts de Simon Yuen viennent faire le lien entre les deux récits, à la manière de Rudy Ray Moore dans Shaolin Dolemite. Quand enfin on peut contempler l’œuvre originale, on constate que n’étant pas encore passé par la case chirurgie, Chan possède un physique très marqué, qui lui donne un côté sauvage et une véritable présence. Le ton se fait immédiatement plus sérieux, même si l’acteur a déjà tendance à grimacer dans les scènes avec sa sœur. L’histoire est bien loin des apprentissages et des rivalités entre maîtres. Il est question de petits voyous qui terrorisent un village, et Jackie, simple serveur, va intervenir totalement par hasard.

Et c’est bien l’intérêt du récit : les confrontations vont s’enchaîner (on a d’ailleurs l’impression qu’il n’y a que des combats dans cette partie) et la tension va monter crescendo. Ce qui débute comme une action héroïque va devenir un lutte à mort, les gangsters ne cessant de harceler le héros et sa famille, allant même jusqu’à brûler le domicile familial. Les combats, chorégraphiés par Chan, sont surprenants. Ils sont brutaux et violents, dans un style qui se veut plus proche du combat de rue que du kung fu technique. L’acteur y est tout de même bondissant, et enchaîne les coups de pied avec une régularité peu commune chez lui. Mais c’est surtout la montée en violence des affrontements, de plus en plus brutaux, qui impressionne. Chan est très crédible, non seulement physiquement, mais aussi dans sa façon d’exprimer la rage d’un honnête jeune homme accablé pour avoir voulu bien faire. La relation avec le père, incarné par Tien Feng, est d’ailleurs intéressante, puisque ce dernier lui interdit de se battre en toutes circonstances. Les relations familiales semblaient prometteuses, notamment avec l’intervention de la sœur, mais elles restent trop en retrait. Elles donnent tout de même lieu à quelques scènes importantes, comme les punitions sadiques du père, qui va jusqu’à obliger son fils à plonger sa main dans du verre pilé. Le nouveau montage impose Simon Yuen comme une sorte de seconde figure paternelle, qui pousse au contraire le héros à se battre et le punit lorsqu’il s’y refuse. Ce parti-pris renforce largement les incohérences et contradictions entre les différentes scènes, ce dont Master With Cracked Fingers n’avait vraiment pas besoin. En effet, même sans le nouveau montage, l’intrigue devient rapidement totalement incompréhensible. Certaines scènes sont coupées en plein milieu, des combats cessent pour se transformer en dialogues, à l’inverse, certains affrontements débutent sans qu’on sache pourquoi, et dans une même scène, les acteurs changent de vêtements sans raison. On a presque l’impression de regarder Kung Pow ! Mais ce délire narratif reste plus ou moins efficace grâce à la sauvagerie de plus en plus évidente des combats, qui atteint des sommets dans le vrai final sur les docks. Il y a même une véritable intensité émotionnelle, qui renforce de façon évidente l’impact d’une chorégraphie pas inoubliable mais percutante et fraiche. Concrètement, Master With Cracked Fingers n’avait rien pour être un grand film, mais méritait que les fans de l’acteur le regardent pour ses combats violents et son jusqu’au boutisme.

Mais l’ajout des nouvelles scènes, et donc d’un nouveau final donne un côté bis intéressant à défaut d’être divertissant. Il faut dire qu’après le spectacle auquel on vient d’assister, il est difficile de prendre au sérieux le duel yeux bandés qui suit. La chorégraphie est plus technique, mais aussi et surtout plus molle, et l’équipe ne parvient jamais à nous faire croire qu’il s’agit du même film. Dans certains inserts, les acteurs sont censés être au même endroit alors qu’il est évident que le décor derrière eux n’est pas le même. Applaudissons toutefois l’audace des inserts de Drunken Master, alors que la technique employée par la doublure n’a rien à voir. Le yes-man en question parvient par contre assez bien à imité la gestuelle de Jackie, mais les mouvements sont tellement répétitifs qu’on ne se prend jamais au jeu. Par chance, le mot fin apparaît assez tôt. Assez court, Master With Cracked Fingers ne mérite d’être vu que par les fans absolus de la star, en ayant conscience qu’il est recommandé de faire avance rapide pour les nouvelles scènes.
Léonard Aigoin 2/24/2011 - haut

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