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Critiques Express

Love In A Fallen City    (1984)
Adaptation d’un roman d’Eileen Chang, Love In A Fallen City fut un des derniers gros budgets débloqué par la Shaw Brothers avant la fermeture de son département cinéma. Derrière la caméra, on retrouve l’excellente Ann Hui, qui avait précédemment signé des films marquants comme Boat People et Story Of Woo Viet. Son passage à la Shaw coïncidait avec la nouvelle politique de production du studio qui tentait de rallier en son sein les réalisateurs de la nouvelle vague afin de renouer avec le succès public. Une orientation avisée mais qui ne portera pas ses fruits puisque les œuvres d’Alex Cheung ou bien ce Love In A Fallen City peineront à atteindre les plus hautes cimes du box office local. Il faut d’ailleurs bien reconnaître, qu’artistiquement, ce ne sont jamais de vraies réussites malgré les efforts déployés…

Ann Hui a pourtant fait de son mieux. Sa réalisation est en tout point superbe. La composition des plans est très soignée ; un soin tout particulier est apporté à l’arrière plan, beaucoup plus vivant et naturel que dans un long métrage lambda. Les mouvements de caméra sont fluides et élégants, à la fois précis et pudique (une véritable marque de fabrique pour la réalisatrice).
Le travail de l’ensemble de l’équipe technique est au diapason de celui d’Ann Hui. La photographie, très douce, capture parfaitement l’ambiance du Hong Kong des années 40. Tout le travail de reconstitution de la période (costumes, décors, accessoires) est lui aussi particulièrement réussi. Ce point est d’ailleurs d’autant plus notable si on le compare à Hong Kong 1941 censé se dérouler à la même période et réalisé juste deux ans après. Le film de Leong Po Chih propose une reconstitution à très petite échelle, se contentant de décors relativement restreints. Love In A Fallen City propose une vision plus riche de l’époque avec son hôtel luxueux, ses véhicules et pleins de petits détails renforçant sa véracité. La description de HK sous attaque Japonaise est aussi beaucoup plus convaincante dans le film d’Ann Hui. Notons enfin que la musique, discrète mais appropriée, soutient admirablement l’esprit du film.
Les acteurs ne viennent pas fausser cette partition classieuse. Tout en retenue et en subtilité, ils donnent le meilleur d’eux même. C’est bien évidemment le cas de Chow Yun Fat et Cora Miao mais le casting secondaire n’a pas à souffrir de la comparaison. Particulièrement remarquable est la présence de nombreux gweilos (dont une Indienne) qui ne se voient pas attribués les habituels rôles stéréotypés d’occidentaux made in HK mais ont des personnages crédibles. La marque, à n’en pas douter, d’Ann Hui.

Mais alors, comment se fait il qu’avec autant de réussites à son actif, Love In A Fallen City soit un semi échec ? La faute en incombe à la caractérisation ratée des personnages.
Il faut bien avouer que la tache n’était pas aisée. Les travaux d’Eileen Chang, en tant qu’écrivain ou scénariste lors de son passage à la Cathay, ont rarement engendrés de très bonnes choses sur le grand écran. Sa thématique est intéressante, basée essentiellement sur la recherche de la modernité chez la femme Chinoise, mais ce qui fait sa force c’est son style d’écriture. Un élément qui est bien sur très difficile à retranscrire à l’écran.
Cette incapacité d’Ann Hui, cumulé à de mauvais choix scénaristiques sur les principaux personnages, condamne le film à l’échec. C’est essentiellement la manière dont est abordé le personnage de Cora Miao qui est en cause. Sa personnalité est pourtant bien décrite en début de récit. C’est une femme écrasée par la pression de sa famille, tiraillée entre une volonté d’émancipation et son code moral conservateur. Sa rencontre avec Fan (Chow Yun Fat) marque le début d’une lutte intérieure entre ces deux aspects contradictoires de sa personnalité, compliqué par un amour naissant. Enfin… C’est ce qui devrait logiquement se passer… Or, à l’écran, c’est le contraire qui se produit : Pai (Le personnage de Cora) semble se fermer, elle reste constamment passive et froide sans qu’on ait jamais d’indices sur le conflit intérieur qui la déchire. Son blocage a pour conséquence de bloquer le récit même. L’histoire n’avance plus et on assiste à une succession de phases de séduction à l’aboutissement stérile. Le personnage, potentiellement passionnant, devient unidimensionnel et frustrant dans son immobilisme.
Celui de Chow souffre lui aussi de cette caractérisation maladroite. Séducteur patenté sous influence Occidentale, il joue avec Pai comme un chat joue avec une souris. Mais, outre le fait qu’on puisse être surpris qu’un tel individu s’intéresse autant à une femme aussi peu avenante, les sentiments qui parcourent le personnage sont très mal mis en valeur. Dé séducteur, il devient amoureux transi sans qu’on voie bien le pourquoi de cette évolution.
Les choses s’améliorent un peu quand HK est attaqué. Pai donne enfin l’impression de se réveiller et le couple prend des airs plus convaincants. Dommage que l’échec antérieur (sur les 2/3 du film) de la description de leurs émotions empêche d’y croire totalement…

Love In A Fallen City est un film frustrant, laissant un petit goût de déception au vu de tous les bons ingrédients réunis et du résultat final. Ann Hui retentera l’exercice de l’adaptation d’un livre d’Eileen Chang avec Eighteen Springs, autre œuvre en demi teinte. De là à dire que les écrits de Chang sont inadaptables au cinéma, il n’y a qu’un pas qu’on serait tenté de faire.

Arnaud Lanuque 6/4/2004 - haut

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