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Critiques Express

Le Justicier de Shanghai    (1972)
L'histoire de Ma Yongzheng (ou Ma Yungcheng), basée sur des faits réels, a connu quatre adaptations cinématographiques en 1927 avec Boxer From Shantung de Zhang Shichuan à Shanghaï, Ma Yungcheng A Hero of Shantung Province en 1961 par He Ben à Hong kong, Boxer From Shantung de 1972, réalisé par un des maître de la Shaw Brothers, Chang Cheh et son remake de 1997 Hero. C'est sur l’avant-dernière version, considérée par beaucoup comme une des meilleures oeuvres de Chang Cheh, que nous nous pencherons. Et Boxer From Shantung, c'est avant tout un personnage, Ma Yongzheng que personne n'aurait pu mieux interpréter que Chen Kuan-tai.

Boxer From Shantung pourrait être comparé aux films de triades récents, si seulement les réalisateurs d'aujourd'hui savaient aussi bien que Chang Cheh travailler leurs personnages. A la différence d'un nombre incalculable de films d'arts martiaux de la Shaw Brothers, Chang Cheh prouve avec ce Boxer From Shantung qu'un film peut capter l'attention du spectateur sans pour autant mettre des bagarres toutes les cinq minutes. Ce film n'est d'ailleurs pas un film de kung fu. Une chose est sûre, le rôle de Ma Yongzheng est très fort, et contrairement à d'autres films qui présentent le héros en le montrant se battre, Chen Kuan-tai dévoile la personnalité du héros par la parole, à son ami : il souhaite devenir comme Tan Si (David Chiang), trafiquant d'opium local, qui vit dans le luxe mais qui a suscité l'admiration de ce jeune et pauvre combattant fraîchement débarqué à Shanghai. Ma n'a que la connaissance des arts martiaux pour se défendre et gagner sa vie dans cette ville, les arts martiaux et rien d'autre : parti de rien, ce sera en effet par les poings qu'il va gravir les échelons sociaux. Imbattable au combat, la vérité est que Ma Yongzheng est invincible dans une ville où le pouvoir et le respect s'acquièrent par la force. Mais ne choisissant pas de camp entre celui de Tan Si et celui de Yang, les deux hommes les plus influents de Shanghai, et Yang connaissant l'admiration de Yongzheng pour Tan Si, ce brave Ma Yonzheng va se retrouver pris pour cible par Yang.
Ma Yonzheng n'est pas un personnage faible de caractère. Il sait ce qu'il veut, et n'entend pas oublier ceux qui l'ont accompagné dans la pauvreté, ni accepter l'argent de Tan Si : il veut faire son chemin seul, il ne veut rien devoir à personne quand, enfin, il sera devenu un personnage important. Avec cette histoire de jeune homme parti de rien mais voulant devenir quelqu'un, on pense à l'ascension d'un Tony Montana dans Scarface, d'autant plus que Ma Yongzheng se confronte au milieu des triades. Mais Ma est un jeune homme au coeur pur que l'argent ne saurait trop rendre fou. Alors que le film de De Palma montrait l'ascension puis le déclin de Montana, Ma Yongzheng est pris de court par Yang alors même qu'il avait acquis une réputation dorée de justicier à Shanghai. S'il avait pu tirer une leçon de cette défaite vivant, il aurait sans doute regretté d'avoir voulu sortir de la pauvreté qui lui permettait tout de même de ne pas mettre le pied dans les affaires des mafieux déjà en place, qui eux n'ont que faire de la loyauté du pratiquant d'arts martiaux. Ma Yongzheng le héros ne peut mourir que d'une façon déloyale. Et quand il se rend dans le restaurant où il a rendez-vous avec Yang à la fin, il a déjà une idée de la manière dont les choses finiront.

Boxer From Shantung n'est pas vraiment un film de kung fu dans le sens où les scènes de combats ne sont pas très nombreuses (on met de côté le final monstrueux) et où l'histoire n'est pas centrée dessus. Les affrontements servent surtout à démontrer la supériorité de Ma Yongzheng dans l'art du combat, mais on retiendra plus le regard rempli d'espoir de Chen Kuan Tai, qui nous confie ses projets d'avenir comme personnage important de Shanghai, lui qui est arrivé dans cette ville sans un sou en poche. Cependant les combats innovent et sont très crédibles par rapport au contexte : les haches des truands contre les poings de Ma Yongzheng. Et si Liu Chia-liang a été embauché comme directeur des combats, ce n'est pas pour des chorégraphies de kung fu traditionnel comme il nous en a donné plus tard dans ses réalisations. Les combats du Justicier De Shanghai, des coups souvent brefs et directs, ne sont pas visuellement impressionnants mais paraissent très crédibles. La hache est une arme pour le moins originale pour des scènes de combats (les films de goo wak jai, ou jeunes triadeux modernes mettent en scène les combats à la machette), et surtout donne lieu à la violence que Chang Cheh souhaitait. Une hache tranche, donc le sang gicle. Une hache se plante facilement dans l'abdomen. La hache représente la modernité des organisations criminelles de l'époque, et peut être maniée par n'importe quel voyou à qui la loyauté martiale est étrangère.
Le choix de la hache n'est donc pas innocent, et donne aux combats une violence aussi cruelle que le destin du héros. On savait Chang Cheh friand d'effets sanglants, et la longue et lente scène finale n'en est pas dénuée.

Boxer From Shantung se termine de façon paralysante, empêchant tout oeil de spectateur de cligner. La fin casse le rythme de tout le film, pendant lequel on voyait Ma Yongzheng évoluer à grand pas. Pas de musique, pas de grand spectacle ni de dialogues endormissants : de la bagarre, de la bagarre et encore de la baston. Un long malaise qui se plaira tout à la fin à montrer un Chen Kuan Tai rampant au sol comme un misérable ver. Durant cette longue scène les coups de haches et les blessures sont légion. Une violence à la fois morale (le héros Ma auquel on s'était attaché en pleine chute) et visuelle (la hache plantée dans son abdomen, à côté du Tan Tien, source d'énergie vitale selon les croyances chinoises) qui fait du parcours de Ma Yongzheng une passionnante histoire de chevet, mais pas un conte pour enfants.
Florent d'Azevedo 7/21/2004 - haut

Le Justicier de Shanghai    (1972)
Nous sommes en 1972 et la Shaw Brothers a décidé de réagir face au phénomène Bruce Lee (vedette de la Golden Harvest, fondée par un dissident SB, Raymond Chow, sur les ruines de la Cathay) qui est en train de gagner le monde. Runme Shaw doit frapper un grand coup et commence alors à chercher un acteur doué en tant que comédien mais aussi en tant qu'artiste martial. Et qui mieux choisir qu'un véritable athlète, vainqueur du championnat de boxe inter-Asie en 1969 (catégorie mi-lourd) ? The Boxer From Shantung n'est pas à proprement parler le premier film de Chen Kuan Tai (il a déjà tourné six fois - principalement des apparitions - pour la Shaw Brothers), mais c'est bien la première fois qu'il tient le rôle central. Et c'est un coup de maître !

Toujours dans l'optique de concurrencer la Golden Harvest, The Boxer From Shantung a bénéficié d'un budget colossal dont le moindre sou est visible à l'écran. Les décors sont très beaux, les prises de vues en extérieur nombreuses, les costumes soignés, et on peut aussi noter la présence de grosses stars maison telles que David Chiang, Cheng Li et Ku Feng.

Ma (Chen Kuan Tai) et son camarade Lo débarquent à Shanghai pour faire fortune. La vie est difficile et ils ne tardent pas à déchanter, lorsqu'ils rencontrent incidemment un parrain local élégant et fascinant, Mr. Tan (David Chiang). Les événements les amènent bientôt à s'opposer à une autre figure emblématique de la pègre, Mr. Tang. Sans s'acoquiner à l'un ou l'autre des deux camps, l'ambitieux Ma a pris la décision de régner lui aussi sur une partie de Shanghai. Son ascension ne sera pas des plus aisées...

Le scénario est travaillé et beaucoup moins simpliste qu'il n'y paraît : aucun des personnages ne semble trouver grâce aux yeux des scénaristes (Chang Cheh accompagné de l'indispensable Ni Kuang). Les méchants sont lâches, Mr. Tan (David Chiang) est une sorte de dandy au sort finalement peu enviable, Ma (Chen Kuan Tai) croyant trouver la gloire ne trouve que la mort, Chin (Cheng Li) qui aspire à la paix choisit la fuite et Lo retourne dans son village de la province de Shantung... Shanghai n'est un eldorado pour personne, pauvres ou gangsters.
La relation entre Ma et Mr. Tan est très intéressante car ils exercent chacun une fascination pour l'autre. Ma n'a de cesse de copier Mr. Tan (il commence par les vêtements, puis le fûme cigarette en ivoire et enfin la cariole à ses initiales) tandis que Mr. Tan est fasciné par ce "paysan", artiste martial émérite et bien bel homme, qui n'a pas encore donné la mesure de ses ambitions. Ce sont un peu les jeux de l'amour qui se déroulent devant nous, tout en sourires (David Chiang n'en est jamais avare !) et en regards. Du reste, toute ambiguité disparaît lorsque Ma renonce à la femme qu'il aime pour rejoindre Mr. Tan et son "paradis des mauvais garçons", là où Jean Genet rejoint Fassbinder !

Mais que les fans de combats se rassurent, The Boxer From Shantung ne se réduit pas du tout à ces joutes amoureuses : au contraire, le film nous dispense de superbes scènes martiales et s'achève par une véritable séquence d'anthologie, encore plus impressionnante que celle de Vengeance ! (1970), même si elle manque complètement de crédibilité. Le sang gicle, les sabres tranchent dans le vif, les coups portés font très mal... pendant près d'une demi-heure ! Comme dans Vengeance !, la géographie des lieux est très importante et l'escalier central de la pièce joue un énorme rôle narratif, symbolique et cinématographique (on retrouve aussi ce symbolisme dans Have Sword, Will Travel [1969] lors du combat final dans la tour). Le héros essaie de monter, redescend, remonte, poursuit le méchant... sauf que là, Ma trouve une solution toute personnelle à ce problème ! Quatre brillants chorégraphes ont été nécessaires pour mettre en place les joutes martiales, la crême locale de l'époque : Liu Chia Liang, Lau Kar Wing, Tang Chia et Chan Chuen.

The Boxer From Shantung a une durée relativement longue pour un film de cette époque (138 minutes pour la version cinéma) mais l'on ne s'ennuie pas une seconde, pris que nous sommes dans l'épopée de ce paysan s'imaginant un destin de caïd. C'est aussi un des nombreux films que Chang Cheh réalisa avec Pao Hsieh Lieh et l'on trouvera au poste d'assistant réalisateur l'encore tout jeune John Woo.

The Boxer From Shantung aura droit à son remake en 1997 : Hero de Corey Yuen, avec Yuen Biao dans le rôle tenu par David Chiang et Kaneshiro Takeshi dans celui de Chen Kuan Tai, toujours produit par la Shaw Brothers. Une oeuvre bien inférieure à son illustre modèle.

Tout simplement un des plus grands films de Chang Cheh : un chef-d'oeuvre !
David-Olivier Vidouze 1/29/2004 - haut

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