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Critiques Express

Le Sorcier du Népal    (1986)
En 1975, Ho Meng-Hua réalisait Black Magic, dont le titre a le mérite d’être assez représentatif du sujet. Véritable objet mercantile, on y voyait de la sorcellerie et de l’érotisme, une recette qui constituait une partie du catalogue de la Shaw Brothers avant qu’elle ne succombe à la concurrence. Véritable mode, le film de sorcellerie a donc connu, outre trois volets de la série Black Magic, des représentants assez incroyables tels que Boxer's Omen, ou encore Seeding Of A Ghost. Et si la majorité de ces productions sont issues du studio qui a contribué à la mise en valeur d’artistes tels que Chang Cheh, la société de Raymond Chow s’est aussi essayée à ce genre bien particulier, même si on se rappellera davantage des fameuses Ghost Kung Fu Comedies popularisées par Sammo Hung et Lam Ching Ying. Witch From Nepal est l’une de ces tentatives sur laquelle on jettera un regard curieux, interpelé par l’équipe. C’est Chow Yun-Fat qui interprète le héros, quelques mois à peine avant d’obtenir la reconnaissance en tant qu’acteur avec A Better Tomorrow de John Woo. Il se voit donner la réplique par la débutante Emily Chu, qu’on a pu découvrir aux côtés de Jackie Chan dans Heart Of Dragon, mais aussi par Dick Wei, excellent artiste martial habitué aux rôles de bagarreurs belliqueux dans les films de Sammo Hung. Mais Witch From Nepal est aussi la deuxième réalisation du chorégraphe Tony Ching Siu Tung, après un Duel To The Death aussi surprenant que réussi. L’occasion de découvrir si son premier film était une authentique réussite ou un coup de chance de débutant ! Car en s’éloignant de son terrain de prédilection, les arts martiaux, l’artiste se lance dans une entreprise pour le moins audacieuse. A première vue, on pourrait penser qu’il existe un parallèle entre Witch From Nepal et le Seventh Curse de Nam Nai Choi, dans lequel Chow Yun-Fat fait d’ailleurs de la figuration. Il suffit de comparer les séquences de rituels tribaux dans ces deux films pour constater que les inspirations ne doivent pas être si éloignées. Mais si le réalisateur de The Cat et Story Of Ricky reste cohérent dans sa narration, Tony Ching Siu Tung surprend (ou trompe) le spectateur en mettant en scène une romance qui préfigurerait presque le Two Lovers de James Gray.

Un constat qui n’a rien d’évident, puisque toute la première moitié du film est dénuée de la moindre vision. Si le prologue et l’introduction insistent sur la magie et sa confrontation avec la science, le récit peine à décoller, nous présentant un Chow Yun-Fat en touriste beauf, n’hésitant pas à déguster des mets que les autochtones ne peuvent qu’admirer en salivant, avant de tapoter la joue de ces pauvres bougres. Son Joe est immédiatement présenté comme un individu peu sympathique et sans empathie, préférant plaisanter lourdement qu’admirer les magnifiques paysages qui s’offrent à lui. Car le choix des décors est plutôt réussi, tout comme les musiques, qui apportent beaucoup de vie au récit, au gré de quelques expérimentations de montage audacieuses, comme cette marche d’éléphants appuyée par une mélodie pesante. Mais cette attitude irritante du protagoniste ne sera pas sans conséquences, puisqu’il va rapidement être confronté à une succession d’accidents mis en scène avec autant de conviction que les vidéos de famille envoyées à Vidéo Gag. A ce titre, le gros plan sur Chow tombant à la renverse avant même d’avoir touché la branche d’arbre censée l’assommer est assez incroyable, et illustre bien le côté très brouillon du film. Difficile d’imaginer que celui qui allait mettre en scène A Chinese Ghost Story à peine un an plus tard serait capable de livrer un travail aussi platement filmé. Les accidents de Joe bénéficient d’un montage dynamique, mais le reste du récit est montré avec autant d’énergie que ce qu’on peut voir dans les pires téléfilms. Car Joe, en plus d’être un plouc, a la mauvaise habitude de tomber partout. Alors que n’importe qui verrait que son prochain pas le plongera dans une rivière, notre héros fonce tête levée. A tel point qu’on ne compte même plus le nombre de fois où il va chuter, le final dépassant de loin les espérances de ce point de vue. Ce parti-pris est-il censé apporter une touche d’humour ? Difficile de dire si le film se prend au sérieux en vérité. Le ton est plutôt léger (pas autant que la consistance du scénario cependant), mais la romance est traitée avec tellement de sincérité qu’on a beaucoup de mal à savoir comment appréhender ce qu’on voit.

Car plus que Witch From Nepal, c’est "Ida And Sheila" qu’il aurait fallu appeler ce film, en hommage au Jules Et Jim de Truffaut, tant le chassé croisé amoureux a d’importance. On ne comprend d’ailleurs pas vraiment si Emily Chu pourchasse Joe à cause de son physique de mannequin ou parce qu’il a une allure héroïque avec son bermuda et ses chaussettes remontées jusqu’aux genoux. Mais qu’importe, puisque rapidement les deux héros vont avoir une liaison des plus romantiques, le temps de plusieurs scènes inoubliables, sur fond d’une chanson aux paroles riches de sens, alors même que Joe est fiancé ! Ces échanges amoureux seront d’ailleurs l’occasion de découvrir l’origine des étoiles filantes, mais aussi d’être confrontés à des fantômes d’électricité à la recherche de câlins. Et pour montrer que l’amour transcende les frontières, la culture et la langue, le dialogue le plus romantique sera uniquement ponctué de grognements. Mais si la romance est au premier plan, la magie n’est pas en reste, et si Mary Poppins rangeait les chambres en bougeant son nez, Emily Chu met la table d’un plissement des yeux. En bon élève de Uri Geller, Tony Ching Siu Tung prouvera à ses spectateurs la puissance de l’esprit sur la fourchette, mais aussi sur les emballages de sucre, puis enfin sur le café, afin qu’il y ait une véritable montée en puissance. Et alors qu’on pouvait s’attendre à voir ce passionnant apprentissage se dérouler en une courte scène, le réalisateur fait le choix de le développer sur 10 minutes, alors même qu’il ne sera plus jamais question de ce pouvoir par la suite. S’il y a bien un élément caractéristique de Witch From Nepal, c’est ce sens douteux de la narration, qui rend la vision ennuyeuse. Il faut tout de même attendre 45 minutes avant que le récit ne progresse un peu, et on n’aura jamais la satisfaction d’assister à une histoire construite. Les scènes superflues s’enchaînent, et sans parler de cohérence, rien n’est crédible. Comment expliquer cette scène hilarante de poursuite dans l’hôpital ? Emily Chu y retourne un matelas, avant d’être pourchassée par une cinquantaine d’infirmiers, décidément très réactifs et en sur-effectif, ce qui ne correspond pas trop à la réalité des nuits de travail dans le milieu hospitalier. On notera par contre le discours subversif de ce passage, puisque la jeune femme traverse un mur aussi épais qu’une feuille de papier, dénonçant aussi l’état catastrophique des bâtiments de Hong Kong.

Difficile donc de trouver un véritable fil rouge à une histoire sans queue ni tête, dans laquelle les événements s’enchainent sans réelle logique. On remarque par contre l’utilisation appuyée des animaux, qui illustre certainement un message caché. Outre les éléphants, on verra un chien se faire massacrer dans un montage qui a du inspirer Nam Nai Choi pour le combat chien/chat de The Cat, un homme panthère, et un professeur de ballet aussi gracieuse qu’un grizzly. Mais c’est finalement Joe qui permet de lier tous ces éléments, grâce à sa constante gaucherie, son égoïsme et sa malhonnêteté, qui ne se démentiront presque jamais notamment dans l’attitude très digne qu’il adopte face à ses conquêtes. Face à lui, Dick Wei semble plus largué que jamais, son rôle se résumant à courir face au vent en poussant des hurlements et en manifestant rageusement sa haine de la faune et de la flore. On s’étonnera d’ailleurs de le voir arriver à cheval lors de la confrontation finale alors qu’il ne s’est déplacé qu’à pieds jusque-là. Final d’ailleurs sans aucun rythme. On a bien du mal à croire que quatre chorégraphe, dont Philip Kwok et Tony Ching Siu Tung aient participé aux deux seules scènes d’action, tant elles se révèlent sans éclat. Mais malgré ses innombrables défauts, Witch From Nepal possède quelques arguments justifiant qu’on le regarde. Pour commencer, quelques effets spéciaux sont réussis (ce qui a de quoi surprendre quand on repense à cette panthère magique dessinée sur la pellicule), comme des éclats de verre impressionnants dans le final. Et comment condamner un film qui est tellement raté qu’il provoque le rire du début à la fin ? Bien sûr, son rythme détestable n’évite pas un certain ennui, mais on s’amuse tout de même beaucoup, même si ce n’est pas pour les bonnes raisons. Enfin, malgré le manque de consistance de la réalisation, Ching parvient à livrer une scène aussi surprenante que réussie dans un cimetière. S’inspirant de la sortie des morts de leur tombe dans Return Of The Living Dead et préfigurant celle de Return Of The Living Dead, cette scène bénéficie d’un soin qu’on ne trouve dans aucun autre passage de Witch From Nepal et se révèle même un peu angoissante, car elle baigne dans une atmosphère saisissante. Il faut dire que le travail sur la lumière et l’utilisation de la fumée sont très convaincants. Même les maquillages des zombies sont crédibles, ce qui n’était pas acquis. Leur démarche lente et leur avancée inexorable s’inscrivent naturellement dans la tradition des bons films du genre, rappelant d’ailleurs le travail sur l’atmosphère de Fulci. Ce bref éclat de talent ne sera malheureusement que peu exploité, puisque les morts-vivants n’auront pas l’occasion de mordre qui que ce soit, pas plus qu’on ne verra leur cervelle exploser. Le potentiel gore de ce passage est donc délaissé pour permettre à Tony Ching Siu Tung de reprendre le cours de son récit laborieux, et c’est bien regrettable.

Witch From Nepal est loin d’être ce qu’on pourrait qualifier de bon film. L’histoire n’a aucun sens, les acteurs sont en roue libre, la réalisation est molle, et on navigue constamment entre le rire et l’ennui. Mais tous ses défauts sont compensés par cette sincérité naïve, cette douce folie, et une véritable scène de zombies, même si elle ne termine pas en carnage. Face au délirant Seventh Curse de Nam Nai Choi, le film de Ching Siu Tung ne fait pas le poids, mais il peut être considéré comme un sympathique complément.
Léonard Aigoin 1/5/2011 - haut

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 1/5/2011 Léonard Aig...

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