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Critiques Express

Little Cheung    (2000)
La filmographie de Fruit Chan est peu fournie comparée à celles des autres metteurs en scène et producteurs de Hong Kong. Le réalisateur lui-même n’a pas grand-chose à voir avec ceux qui n’ont fait qu’offrir au public ce qu’il avait déjà vu des centaines de fois, qu’il s’agisse de comédies niaises ou de films d’action joués par les stars locales les plus en vogue. Little Cheung est le dernier volet d’une trilogie dont les histoires des trois films ne se suivent pas, entamée par les indispensables Made In Hong Kong et The Longest Summer. Alors que Made In Hong Kong décrivait la jeunesse après le passage à l’âge adulte, The Longest Summer s’attachait au sentiment des quarantenaires dépassés par la jeunesse nouvelle, et Little Cheung se charge des deux extrémités d’une vie : l’enfance et le vieil âge des grands-parents. Le tout sur un fond social devenu habituel dans les œuvres de Chan, et dans une ville qui lui tient à cœur.

Ce qui fait la force des films de Fruit Chan, avec son utilisation bien particulière du milieu urbain, sont ses personnages. Profondément humains, des films comme Hollywood Hong Kong, Made In HK ou The Longest Summer font penser à des documentaires, avec la petite touche de fantaisie dans la mise en scène du réalisateur. Toujours attachants quel que soit leur rôle, les personnages des films de Chan leur donnent leur goût si particulier. Dans Little Cheung, Hong Kong et sa population sont vues des yeux d’un enfant de neuf ans, Petit Cheung, qui fait preuve d’une grande maturité dans ses discours en voix off : le petit bonhomme a déjà compris que dans une ville florissante comme HK, rien n’est réalisable sans argent, et c’est donc pour cela qu’il récupère les pourboires des livraisons du restaurant de son père, qu’il assure avec beaucoup de professionnalisme (comme le prouve sa recette spéciale du thé mélangé à de l’urine).
Little Cheung se penche sur les relations entre le jeune garçon et les vieilles personnes, comme sa grand-mère ou d’autres personnages attachants comme monsieur Hoi ou le fabricant de cercueils. Les moments où la grand-mère de Cheung lui raconte son histoire sont savoureux, car remplis de vécu et d’anecdotes tout à fait réalistes. La vieille dame et le Petit Cheung ne sont pas dans la vie active Hong Kongaise et voient d’un œil extérieur ce qui se passe dehors, et les relations changées entre les gens que la grand-mère a constatées. On a donc le point de vue d’un enfant qui représente le futur de HK et celui d’une vieille dame qui a vécu tous les changements de la ville pendant son essor. Les rapports entre cette dame âgée et son petit fils sont chargés de tendresse et ne font pas oublier que la famille est l’unité de base dans une société qui voit ses acteurs aller chacun de leur côté, ou se disputer pour des raisons futiles.

L’interprétation des personnages touche juste, mais il faut savoir que Fruit Chan ne fait pas comme tout le monde. Le réalisateur adore ce que font les comédiens amateurs, et embauche souvent des acteurs inconnus, voir des gens qui n’ont aucune expérience cinématographique. Ainsi, l’interprète de Petit Cheung, Yu Yuet Ming, n’a rien à voir avec les gamins d’Hollywood baignant dans le star system dès leur plus jeune âge. Déniché dans un quartier défavorisé après six mois de recherches pour son rôle, Yu Yuet Ming est tout simplement parfait tout comme la petite Mak Wai Fan dans le rôle de Fan. Pour ce qui est du naturel étonnant du « jeu » de ces jeunes enfants, la méthode de Fruit Chan est celle qui gagne : ne pas leur dévoiler le scénario en leur demandant juste de jouer les scènes une par une. Mieux encore, Chan et son équipe ont filmé à certains moments les enfants sans les prévenir qu’ils étaient filmés en plaçant la caméra loin d’eux. Il n’existe pas de meilleure technique que celle-ci pour obtenir des enfants une façon de jouer qu’on ne peut même pas appeler ainsi et éviter le cabotinage : ils sont eux-mêmes.

Fruit Chan aime l’âme de Hong Kong, mais n’hésite pas à montrer les injustices de son gouvernement. En inventant le personnage de Fan, petite fille d’une famille chinoise clandestinement immigrée, il soulève tout un problème qui faisait à l’aube de la rétrocession partie de l’actualité quotidienne. On est forcément attristé de voir cette famille vivant dans des conditions déplorables, travaillant à fond dans un restaurant (dont les plats sont lavés par la petite Fan dans une ruelle dégradée), se faire du jour au lendemain éjecter et renvoyer en Chine la veille de la restitution de HK à la Chine. Un problème dont Fruit Chan, immigré à HK de Chine continentale à l’âge de treize ans, est en position de parler.
De plus, le réalisateur de l’ovni Hollywood Hong Kong n’hésite jamais à filmer les quartiers les plus pauvres, les bâtiments les plus délabrés dans ses films, signe qu’il s’attache aussi à cette partie de HK que peu de ses confrères filment. Dans les films à gros budget récents, seuls les plus beaux coins de HK, les plus modernes et urbains servent de domicile à des personnages de jeunes Hong Kongais friqués, alors que Chan préfère peut-être rappeler que des gens vivent autrement à la même époque et dans la même ville, dans de sombres ruelles où l’hygiène ne règne pas toujours en maître.

Little Cheung est un film parfois touchant, mais n’utilise pas la voie de la niaiserie ni des scènes tristes gratuites pour toucher le cœur du spectateur. Comme il le dit en interview, Fruit Chan n’a pas voulu d’une relation amoureuse entre Fan et Cheung, car selon lui les enfants si jeunes ne peuvent pas savoir ce qu’est l’amour. Pas de scènes à l’eau de rose gnian gnian entre les deux gamins donc, pour Fruit Chan qui préfère filmer Cheung pédaler dans les rues de HK dans un superbe travelling d’accompagnement.

Touché par la grâce, Little Cheung est le quotidien magnifiquement filmé par Fruit Chan de Hong Kongais, interprétés par des acteurs dont le manque d’expérience assure la justesse du jeu. Tendre, amusant et documentaire, Little Cheung place définitivement son réalisateur à part dans l’industrie du cinéma de HK.
Florent d'Azevedo 8/18/2004 - haut

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 8/18/2004 Florent d'...

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