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Critiques Express

Seven Swords    (2005)
Seven Swords: Une autre idée du cinéma

Controversé et malmené Seven Swords n'a connu ni succès critique, ni succès commercial. Avouer son admiration pour ce film revient à être soupçonné de fanatisme à l'encontre de Tsui Hark, son réalisateur. C'est oublier un peu vite qu'autrefois les cinéphiles se tournaient vers Hong Kong pour trouver un cinéma différent. Or Seven Swords s'inscrit précisément dans la tradition de ce cinéma de Hong Kong fou, inimaginable et jouissif. Non aimer ce film ne relève pas de la folie, c'est adhérer à une autre façon de concevoir le cinéma.

Pour les fans de cinéma de Hong Kong, Seven Swords est un miracle. Il permet de retrouver tout ce qui les a fait vibrer. Oui ce film est bourré de défauts, si on considère que les règles du cinéma classique représentent l'unique modèle à respecter. Mais c'est aussi un formidable pied de nez à cette esthétique et ce mode de pensée qui uniformisent progressivement le cinéma mondial. Il y a 10 ans, les amateurs du cinéma de Hong Kong n'étaient pas surpris par les récits biscornus et feuilletonnesques qui avaient cours à Hong Kong. C'était une tradition de voir des personnages par dizaines se perdre dans les méandres de scénarios qu'on disait écrits au jour le jour. Cette pratique s'expliquait par le fait que les personnages étaient avant tout des archétypes. Il n'est pas nécessaire de définir des Arlequins ou des Guignols. En outre le mode de pensée chinois est surtout fondé sur l'allégorie et la métaphore. L'intrigue importait donc moins qu'un symbole qui viendrait donner sens à la scène. Enfin le cinéma de Hong Kong se basait sur la narration de romans développant une multitude d'intrigues, la quantité de rebondissements étant alors plus importante que de maintenir une quelconque cohérence scénaristique.

Seven Swords s'inscrit pleinement dans cette tradition. Prenons un exemple. Dans le cinéma américain on traite le thème de l'héroïsme en suivant un personnage, comme le fait Ridley Scott dans Kingdom of Heaven. Le personnage principal est initié par une série d'épreuves à son noble destin. Dans Seven Swords, le même thème est éclaté à travers le destin de plusieurs personnages. C'est d'abord le parcours du personnage de Charlie Young qui doit apprendre le maniement de son épée. C'est aussi Han qui doit renoncer à sa vie paysanne (d'où l'importance symbolique de la scène du cheval tant décrié) pour devenir un véritable chevalier. L'institutrice fait, elle, l'expérience de la violence. Elle devrait d'ailleurs devenir une épéiste par la suite. Et enfin le petit garçon, qui a dénoncé son institutrice, découvrira le sens du bien en lui venant en aide. Toutes ces étapes auraient pu être effectuées par un seul personnage. Le film aurait été plus simple et plus lisible. Mais en multipliant les visages de l'héroïsme, le réalisateur permet une plus grande liberté à son spectateur. On peut préférer tel ou tel personnage, être touché par son parcours ou au contraire le trouver ridicule. Evidemment cette matière narrative trop riche, cette multitude des personnages, ces jeux de symboles ne rendent pas l'oeuvre simple à appréhender. Sans doute Tsui Hark en demande trop à son spectateur en lui fournissant trop d'informations d'un coup. En même temps, revoir Seven Swords devient aussi un plaisir car il permet de faire des découvertes à chaque nouvelle vision.

L'autre grand intérêt de Seven Swords réside dans sa mise en scène et surtout dans son montage. Dans ce domaine, le cinéma de Hong Kong a apporté une fraîcheur et un dynamisme incroyable. John Woo, Wong Kar Wai et Tsui Hark notamment ont créé un véritable art du cadrage, du découpage et du mouvement. Avec Seven Swords, Tsui Hark continue ce travail de recherche. La mise en scène a d'ailleurs conduit certains spectateurs à considérer que le film était très mal filmé. C'est vrai qu'il ne respecte pas les codes de la grammaire traditionnelle. En même temps les amateurs les plus extrémistes de Tsui Hark ont trouvé la mise en scène plutôt classique au regard de ses films précédents. C'est que le réalisateur a essayé de trouver une voie intermédiaire. Faire plus classique, mais en faisant différent. Malheureusement il a, en fait, mécontenté la majorité.

Et pourtant, cette mise en scène est magnifique. Si elle est étonnante par rapport à la grammaire classique, c'est parce que la caméra ne cherche pas à montrer uniquement l'action, elle effectue une chorégraphie, créant du sens, comme les gestes du calligraphe. Elle fourmille en outre de petites inventions, discrètes, mais d'une vraie force poétique. On est loin des mises en scène tape à l'oeil des réalisateurs américains qui ont repris l'énergie des mises en scène hongkongaise, mais en les vidant de leur sens.

Prenons l'exemple de la rencontre entre l'épéiste joué par Donnie Yen et l'institutrice après l'attaque du village. Celui-ci lui donne à boire le sang de leurs ennemis (pour ne plus avoir peur!) et range son épée. Au lieu de filmer en plan large ce geste, Tsui Hark fait un gros plan sur l'épée qui a alors une couleur dorée. La caméra suit le mouvement circulaire de la lame entrant dans son fourreau. A la fin du geste, le visage de Donnie Yen est éclairé l'espace d'un instant par la lumière de l'arme. Ces 2 plans passent évidemment trop vite. Ils sont pourtant chargés à la fois d'une symbolique amoureuse, voire sexuelle, tout en conférant à l'épéiste une aura mystérieuse. Et on pourrait citer par dizaines, ces plans qui réinventent par leur traitement les situations les plus stéréotypées.

Enfin Seven Swords renoue avec le plaisir jouissif des scènes d'action d'anthologie. Depuis quelques années l'inventivité du cinéma de Hong Kong est en berne, alors qu'auparavant il attirait certains cinéphiles sur cette seule promesse. C'était Jackie Chan accroché avec un parapluie, Jet Li se battant sur des échelles ou un hélicoptère abattu à coup de cage d'ascenseur... Après des années de délires visuels, il n'est pas simple d'étonner le public. Et pourtant Seven Swords contient des combats qui retrouvent ce sens du spectaculaire propre au cinéma de Hong Kong. On retiendra surtout une scène finale d'une vingtaine de minutes où des épéistes font du tennis avec une épée, où d'autres s'envoient des drapeaux en fer à la figure, où d'autres enfin se battent dans un couloir trop étroit. C'est filmé avec énergie et dynamisme. Du cinéma spectacle comme on en voit plus.

Aujourd'hui il ne reste plus que Tsui Hark et Stephen Chow pour s'inscrire dans cette tradition cinématographique. Les succès en Chine de Kung Fu Hustle et, dans une moindre mesure, celui de Seven Swords vont-ils permettre à cette conception du cinéma de perdurer? Ou les Chinois vont-ils laisser tomber leur exception culturelle? C'est en tout cas avec une certaine impatience que les amateurs de cette conception du cinéma attendent la suite de Seven Swords, qui, espérons-le, sera encore plus folle et plus jouissive.
Laurent Henry 12/23/2005 - haut

Seven Swords    (2005)
Seven Swords est l’un des films les plus attendus de cette année, afin de mieux saisir les différents aspect de cette fresque il semble nécessaire de replacer le film dans l’œuvre de son réalisateur ainsi que dans son traitement du wu xia pian.

Seven Swords dans l’œuvre de Tsui Hark

Tsui Hark, que ce soit en tant que réalisateur ou en tant que producteur, a toujours puisé son inspiration aux sources de la culture chinoise. Elle est l’axe autour duquel il a bâti son œuvre avec une volonté toujours affichée de moderniser ces histoires afin de les faire découvrir au public. Que ce soit les grandes figures historiques comme Wong Fei-hong (dans la série des Once Upon A Time In China), les genres traditionnels comme le wuxia pian (film de chevalerie chinoise ou film de sabre) avec Zu, Swordsman ou The Blade, en passant par la littérature et les contes populaires (Green Snake inspiré de la légende du Serpent Blanc ou The Lovers mettant en scène les personnages de Butterfly Lovers), Tsui Hark à travers les films s’est évertué à passer en revue une partie de l’héritage chinois.
La littérature a toujours eu un attrait particulier pour le réalisateur hongkongais. D’une part, elle regorge de sujets et d’histoires familières au public chinois et d’autre part elle lui permet d’exprimer sa créativité grâce à une imagerie fabuleuse rehaussée par la présence de toute une galerie d’héros et d’héroïnes. Adaptation libre du roman de Liang Yu Sheng (auteur contemporain de wuxia xiaoshuo au même titre que Jin Yong) « Les Sept épées de la montagne céleste » (Qi Jian Xia Tian Shan), Seven Swords est une nouvelle pierre à ajouter à l’édifice. L’action du film se situe au début des années 1660, à cette époque la dynastie Qing (originaire de Mandchourie) est au pouvoir. Afin d’éviter les insurrections, le gouvernement met en place un édit interdisant la pratique et l’apprentissage des arts martiaux. Dans ce contexte de révolte, sept guerriers vont décider de défendre un village martial, dont les membres soutiennent la rébellion.
En choisissant ce roman, Tsui Hark faisait le choix de revenir au wuxia, dès ses débuts le réalisateur ne s’était pas caché de vouloir repousser les limites du genre afin de lui donner un nouveau souffle. Il avait alors imposé un style bien particulier, présentant des personnages aux tenues colorées, évoluant dans de fabuleux décors et pratiquant un kung fu aérien. Pour Seven Swords, Tsui Hark déclarait vouloir privilégier cette fois le réalisme. Peut-être était-il lassé par la surenchère en matière d’effets et d’esthétisme des derniers wuxia ou peut-être aussi n’en avait-il pas fini avec The Blade (1995),

Le wuxia selon Tsui Hark
A la vision de Seven Swords on ne peut s’empêcher de percevoir une résonance à The Blade. Tout d’abord c’est une impression qui s’attache au visuel : le maquillage des méchants, les costumes et cet univers si éloigné des wuxia de la Shaw : les paysages sont désolés, il y a de la poussière et les couleurs sont loin d’êtres flamboyantes. Puis, peu à peu, d’autres éléments apparaissent qui sont pour la plupart des thèmes récurrents du cinéma de Tsui Hark : le triangle amoureux ou encore le personnage de Green Pearl (l’esclave coréenne) qui est le reflet troublant de la prostituée de The Blade.
Les combats, sans être de la même facture, rappellent dans leur brutalité et leur réalisation ceux de The Blade. Encore une fois, Tsui Hark prend le parti de nous présenter des affrontements plus terre à terre, ils sont violents, exprimant une force brute mais n’excluent pas pour autant quelques fantaisies. En choisissant, entre autres, Tung Wei en tant que chorégraphe, le réalisateur inscrit Seven Swords dans la lignée du travail qu’il avait déjà commencé, recherchant un traitement différent du wuxia. Dans cette optique les affrontements ne forment pas le cœur du film mais n’en sont pas pour autant moins réussis, offrant des qualités visuelles et techniques indéniables. Les combats ne sont pas légions dans Seven Swords et l’on sent une volonté du réalisateur de s’attarder sur d’autres aspects de l’histoire, de ne pas tout miser sur les affrontements mais d’essayer d’approfondir les relations humaines.
A bien des niveaux le film constitue une rupture par rapport à la production cinématographique de wuxia de ces dernières années. A une esthétique éthérée, que l’on pouvait observer dans Hero ou House Of Flying Daggers, Seven Swords oppose un aspect charnel emprunt de violence. Le sexe est omniprésent dans le film, il est le moteur de la plupart des personnages. Ici, les différents protagonistes ne s’affrontent pas forcément pour des raisons politiques ou d’honneur, la passion et les sentiments prennent souvent le dessus. L’animosité existant entre le général (Sun Hong Lei) et Chu Zhao Nan (Donnie Yen) en est un exemple frappant, si elle se fonde au départ sur une appartenance des personnages à des camps différents, très vite elle va se cristalliser autour d’une femme que les deux hommes se disputent. Ici les grands thèmes du wuxia sont occultés par les passions humaines, Tsui Hark met en scène des héros, certes, mais les rapproche du commun des mortels en les soumettant aux mêmes sentiments.

Des épées aux personnages
Seven Swords nous présente donc sept héros, ce n’est pas chose rare pour un wuxia mais implique que tous les personnages ne soient pas développés de la même manière et pas aussi précisément que ce à quoi l’on pourrait s’attendre. Pourtant, mis à part le fait que Tsui Hark ait du faire des coupes afin de donner à son film une durée acceptable pour les exploitants de salles et le public, on peut aussi voir dans ce choix une volonté de ne pas placer les personnages au centre du récit mais de les définir par leurs armes. Les héros deviennent alors les doubles-humains de leur épée, image de la lame qu’ils possèdent ou pour ainsi dire possédés par elle. Force est de constater le soin apporté à la réalisation de ces épées, toutes différentes et d’une grande originalité. Ces armes se distinguent chacune par leur forme particulière mais aussi par leur sonorité, une musique propre et unique à chaque épée. L’arme n’est plus seulement un objet, elle est son et même quelquefois lumière, ce qui confère aux affrontements un aspect surprenant mêlant le bruit des chocs à la musique des épées.
Des héros se définissant par leur lame, le titre « Seven Swords » (Qi Jian) va dans le sens d’une telle interprétation. On peut alors au fil de l’histoire commencer à mieux cerner quelques personnages en faisant coïncider ce que nous dévoile l’intrigue avec les particularités des armes. Ainsi, l’épée de Fu Qing Fu (Liu Chia Liang), « Mo Wen Jian », évoquant l’idée de ne pas chercher à questionner le passé et vivre sans regrets, éclaire par son nom l’état d’esprit de cet ancien tortionnaire de la dynastie précédente, cherchant à se racheter ; il en est de même pour l’ambitieuse et magnétique lame de Chu Zhao Nan (Donnie Yen), il émane d’elle un sentiment de danger latent pourtant, à l’image de son propriétaire, elle reste l’objet de toutes les convoitises ; Yang Yun Chong (Leon Lai) hérite, pour sa part, de l’arme défensive par excellence, la Némésis de l’épée Dragon de Chu Zhao Nan, se définissant ainsi en opposition par rapport à ce personnage ; enfin Wu Yuan Yin (Charlie Young) est choisie pour porter la « Cascade Céleste » (Tian Pu Jian), une lame coulissant d’un côté à l’autre au travers de sa poignée, nécessitant une parfaite harmonie avec le monde, elle implique de retrouver confiance en soi.
Si ces quelques personnages tirent leur épingle du jeu en bénéficiant d’un traitement un peu plus poussé, les autres restent en retrait laissant présager de futurs développements.

En effet, il semble évident que Seven Swords doit se regarder dans la perspective d’une suite, nombre de pistes n’ont pas été défrichées et les personnages ainsi que leur épées n’ont pas livré tous leurs secrets. Avec Seven Swords, Tsui Hark nous livre un film qui n’est certes pas abouti, et peut-être affaibli par des impératifs liés à la production, mais qui n’est pas exempt de trouvailles et ouvre de nouvelles perspectives pour le traitement du Wu Xia Pian. Espérons alors qu’un second opus voit le jour qui pourrait éclairer Seven Swords en palliant à ses « imperfections » qui, précisons-le, ne nuisent pas à la compréhension et n’enlèvent rien à ses qualités.
Annabelle Coquant 11/23/2005 - haut

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