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L' Exécuteur défie l'empire du Kung Fu (1982) |
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Les cinéphiles parisiens se sentant une âme d’aventurier ont vu, dans les années 70/80, débarquer dans leurs temples du cinéma de genre préférés de la capitale bon nombre de rejetons ingrats du cinéma kung fu chinois. Se rendant compte de l’immense potentiel commercial des films de ce genre, aussi bien en Asie qu’en Occident depuis l’exportation lucrative de classiques comme La Main De Fer puis les films de Bruce Lee, de nombreux artisans du cinéma décident de s’installer dans ce marché porteur et de réaliser des œuvres qu’ils tenteront pour beaucoup d’entre eux de vendre comme de mémorables films d’action. Ainsi naquirent des dizaines de sous-films, tournés en quelques jours pour une poignée de cacahuètes dans des pays aussi variés que la Chine, les Philippines, l’Indonésie et comme c’est ici le cas, la Corée.
Le profil de la bête Même si avec un film de kung fu on ne saurait trop à quoi l’on a affaire à l’avance, il est quasiment impossible de retenir son scepticisme à l’égard de L’Exécuteur défie l’empire du kung fu. Premièrement, on doit l’existence de ce film à Godfrey Ho, qui n’est autre que le responsable d’un nombre incalculable de navets de série Z derrière lesquels il se cache honteusement sous plusieurs pseudos. Or, même si l’on raconte que son nom est souvent associé à des productions auxquelles il n’a pourtant jamais touché, il est peu rassurant de se retrouver devant un de ses films tant c’est la daube quasi assurée. Ensuite, le manque d’informations étendues sur ce titre dans les principales sources de renseignement sur les films de kung fu, renforce le sentiment que nous tenons là une production fauchée qui n’a jamais trouvé la reconnaissance et qui n’a sûrement bénéficié d’aucun soin digne de ce nom de la part de ses géniteurs. Tout laisse donc à penser que L’Exécuteur défie l’empire du kung fu est une fumisterie de plus qu’on a voulu vendre comme un palpitant polar/kung fu et dont le seul argument favorable est la présence de Hwang Jang Lee, qui n’hésite jamais une seconde à lever les jambes pour les besoins d’obscurs suicides artistiques.
Un résultat peu glorieux Quelques secondes (de l’affichage du titre jusqu’aux premiers coups du combat d’ouverture) seront nécessaires pour constater qu’il fallait, avec L’Exécuteur défie l’empire du kung fu, se fier aux apparences décrites plus haut. Inutile de tarder plus encore avant d’annoncer la couleur : ce film est un vrai calvaire. En effet, cette honteuse succession d’images censées former un film cohérent voire divertissant (mais n’en demandons pas trop quand même) lance en quelque sorte un défi à qui croise son chemin. C’est celui d’être capable de le regarder en entier, de parvenir à supporter quelque chose d’aussi pitoyable en tous points. Car le ratage est total, et ce n’est ni le montage hasardeux, ni les soi disants acteurs ou l’intrigue inexistante qui sont à sauver. Encore moins les combats, des échanges de coups d’une rare laideur aux chorégraphies improvisées par des protagonistes qui visiblement n’ont pas la moindre idée de ce à quoi doit ressembler un combat digne de ce nom et qu’on dirait plus adaptés dans un cirque ou une maison de retraite que dans des combats d’arts martiaux. Cette dernière remarque est en partie valable pour Hwang Jang Lee, qui devait être saoul pour envoyer des coups de pieds d’une précision aussi faible avec le talent de kicker qu’on lui connaît par ailleurs. Le film dans l’ensemble de ses aspects sent le navet ruiné. Les décors dans lesquels évoluent les personnages, lors d’interminables dialogues au sens indéchiffrable filmés par un cameraman endormi derrière le trépied de sa caméra, reflètent bien l’obscurité artistique dans lequel baigne cet ignoble nanar. C’est en effet dans une morne banlieue coréenne portant les marques de l’industrialisation que se déroule ce chef d’œuvre, et la variété des décors est au rendez-vous puisqu’on passe en 1h30 d’un restaurant à un parking, d’un parking à un terrain vague et d’un terrain vague à un hangar, et ainsi de suite. Fort heureusement pour certains spectateurs, L’Exécuteur défie l’empire du kung fu fait peine à un point où il peut être l’objet de nombreux rires.
Le malheur des uns fait le bonheur des amateurs de Bis Face à une telle démonstration de nullité, on peut cependant supposer qu’au moins un spectateur sur deux s’attaquant à ce genre de film sait qu’il a de grandes chances de se retrouver devant un monument de ridicule tourné au premier degré. C’est d’ailleurs justement parce qu’il devine que le film est de qualité exécrable que l’amateur averti de bis débile se jette dessus. Or dans le cas présent, ce type de spectateur en aura pour son argent. Parmi la nombreuse liste des caractéristiques ridiculement drôles du crime de Godfrey Ho figure obligatoirement la version française d’origine du film sorti en 1984 dans les salles obscures (adjectif de choix pour un tel film !), assurée par des doubleurs se sentant obligés d’emprunter des timbres de voix et des accents assez étonnants. On restera donc pantois à l’écoute de certains dialogues, souvent insignifiants et incohérents à l’image de ce serveur de restaurant annonçant avec l’accent provençal que le plat du jour est le cassoulet, un conseil que suivront aussitôt ses client puisqu’ils commanderont des steaks accompagnés de patates cuites à la provençale (spécialité coréenne). Se présentent ensuite sur le podium de l’absurde et du décérébré les combats dantesques aux cascades des plus impressionnantes, souvent des roulades à travers des cartons empilés ça et là exprès. Enfin, les protagonistes sont de loin les plus efficaces en termes de capacité à faire éclater de rire le spectateur. Pas mal de Gweilo au programme dont Jim Norris, adepte assidu de la technique du serpent et du port du bandeau rouge, et un bad guy tendance blaxploitation, finement qualifié de « sale black » par le premier, dans un film à la bande annonce explicitement raciste.
Attention tout de même au spectateur en quête de rires, si la première moitié du film contient de quoi se plier en deux, dans sa globalité il se montre quand même très redoutable et définitivement trop médiocre pour être supporté dans son intégralité.
Finalement, L’Exécuteur défie l’empire du kung fu est un peu comme ses faux mafieux que l’éventuel metteur en scène tente de faire passer pour riches et classieux alors même que l’achat de cigares pour le film était trop coûteux. Immonde au premier degré, très drôle au second même si moins intensif dans le genre que Big Boss à Bornéo, le film est à déconseiller aux âmes sensibles ne sachant laisser leur sens critique aux vestiaires.
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Florent d'Azevedo 10/27/2005 - haut |
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