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Critiques Express

Le Protecteur    (1978)
Dans l’interview menée en 2005 auprès de l’historien du cinéma de Hong Kong, Law Kar, ce dernier expliquait que lorsqu’on parle de l’industrie cinématographique de l’ex-colonie, il est plus question de mode que de genre. Il précisait également que la création de ces modes résultait du mélange de diverses influences, pour obtenir un produit très local. Les arts martiaux et en particulier le Kung-fu font partie intégrante du cinéma chinois, et ce dès les années 30, jusqu’à aujourd’hui, il n’y a donc rien d’étonnant à découvrir des séquences martiales dans un grand nombre de longs métrages. Mais dans les années 70, la mode battait son plein, entre les spectacles dantesques de Chang Cheh et les exploits d’un Bruce Lee parti trop tôt. Mais si le Kung-fu était cuisiné à toutes les sauces, du Wu Xia Pian épique au film à tendance sociale ponctué de combats de rue, le ton restait plutôt sérieux. On trouve cependant déjà quelques petites touches comiques dans certains récits martiaux dès les années 50. So le mendiant, principalement connu aujourd’hui grâce à l’interprétation de Simon Yuen Siu Tien dans Drunken Master, était un personnage récurrent de la série télévisée Wong Fei-hong, et ses aventures avaient été portées sur grand écran trois fois dans les années 50. Pur prototype du folklore cantonais, il incarne une figure de maître à l’opposé des patriarches plus stricts de l’époque. Ce côté irrévérencieux se retrouve dès le début des années 70 chez l’acteur Alexander Fu Sheng. Ce dernier, loin du modèle valeureux d’un Ti Lung, adopte une attitude désinvolte et arrogante plutôt amusante, qui n’est pas sans rappeler Jackie Chan à la fin de la décennie. Mais contrairement à ce dernier, Alexander Fu sheng est devenu célèbre dans des films aussi sérieux que violents. Ainsi, malgré les quelques touches d’humour et de désinvolture qu’on peut trouver dans certains films, il faudra attendre que Lau Kar Leung passe seul derrière la caméra en 1975 avec Spiritual Boxer pour que le genre de la Kung Fu Comedy soit officiellement lancé. En bon recycleur, Lo Wei, qui a conscience que l’aura de son poulain ne suffit pas à en faire le nouveau Bruce Lee, n’hésite pas à diversifier les essais. Après lui avoir fait affronter l’héroïque Jimmy Wang Yu, il laisse donc le réalisateur Chan Chi-Hwa, avec qui Jackie Chan a déjà tourné, faire de ce dernier un trublion comique. Et même s’il s’agit de la première véritable comédie de la future star, il serait faux de dire que Jackie n’avait pas déjà pris l’habitude de nous faire rire. Il suffit de revoir un film comme Le Jeune Tigre pour s’en convaincre ! Mais Half A Loaf Of Kung Fu est-il un film grâce auquel on peut rire ou un film dont on rit ?

Entre être l’humoriste du moment et le dindon de la farce, il n’y a qu’un pas, et pour s’assurer que le propos est clair, le metteur en scène attaque avec une introduction pleine d’audace. Rappelant les génériques sur fond nu des œuvres de Lau Kar Leung, Half A Loaf Of Kung Fu s’ouvre sur une succession de saynètes qui illustrent davantage le ton général du récit que son contenu réel. Les modèles traditionnels et bien connus du monde des arts martiaux vont ainsi tous subir le traitement parodique de l’équipe, Jackie Chan incarnant tour à tour l’épéiste traditionnel de Wu Xia Pian, le sabreur aveugle Zatoichi, ou encore l’esprit Shaolin, avant de les tourner en ridicule. Outre l’humour bon enfant de cette présentation de 5 minutes, on peut constater que le montage est énergique et plutôt original. Les zooms chers au Chang Cheh de l’époque sont détournés pour un résultat qui préfigure presque le sketch des inconnus sur Bioman, et les bruitages amplifient largement l’atmosphère de cartoon. De plus, Frankie Chan livre une partition très entrainante tout à fait en phase avec ce ton léger. L’autre Chan, Jackie, se montre immédiatement à l’aise dans la grimace et parvient en quelques minutes, à nous faire oublier ses prestations peu inspirées de Magnificent Bodyguards ou encore To Kill With Intrigue. Mais une introduction est un peu comme une bande annonce : elle peut être réussie sans que le résultat final soit aussi enthousiasmant. On constate rapidement que le ton reste léger du début à la fin. Une nouvelle qui peut rassurer, mais qui constitue en fait l’un des défauts de Half A Loaf Of Kung Fu. A force de vouloir réaliser une vaste farce, Chan Chi-Hwa en oublie d’élaborer une dramaturgie digne de ce nom, à tel point qu’il n’y a aucune montée en tension. Difficile de se sentir investi quand l’histoire est tellement décousue. On a réellement l’impression que chaque scène a été écrite sans tenir compte des autres. Alors que des œuvres comme Drunken Master ou Prodigal Son ont su nous faire rire en faisant évoluer leurs personnages, le héros incarné par Jackie Chan change sans justification narrative. Le fier à bras vantard et arrogant devient soudainement un jeune homme courageux en l’espace de quelques scènes. A sa décharge, le récit manque tout autant de cohésion, puisque le réalisateur n’a rien de précis à nous raconter durant toute la première heure. Howard Hawks confiait bien après la sortie de The Big Sleep qu’il avait réalisé chaque scène de manière à divertir le spectateur, sans réel souci de cohésion narrative. Même si l’enquête de Marlowe n’est pas des plus évidentes, elle restait suffisamment bien contée pour qu’on se sente investi du début à la fin. Chan Chi-Hwa n’a malheureusement pas le même talent, et il ne parvient pas à maintenir l’intérêt. C’est d’autant plus regrettable qu’il y a de bonnes idées, comme cette séquence de rêve qui emprunte les épinards et la musique de Popeye, durant laquelle il exploite les possibilités de montage pour créer une atmosphère surréaliste amusante. D’ailleurs, fidèle à son objectif, l’humour n’est jamais loin, y compris dans les combats. Malheureusement, le rire est un peu forcé et les gags sont plus gras que réellement hilarants. A force de trop vouloir faire rire, on finit par crisper le spectateur. En comparaison, Fearless Hyena était bourré d’humour mais conservait un ton très sérieux dans les scènes dramatiques, ce qui équilibrait les ruptures de ton. Ici, on en vient presque à se demander si le Kung-fu n’est pas juste une excuse pour les gags, faisant presque de Half A Loaf Of Kung Fu une comédie teintée d’action plutôt qu’une Kung Fu Comedy.

Tout est d’ailleurs fait pour renforcer ce parti-pris, puisque comme beaucoup de films de l’époque, le héros ne sait pas se battre. C’est à se demander si la Lo Wei team avait compris que Jackie Chan était un authentique pratiquant en parfaite condition physique. L’acteur nous gratifie malgré tout de quelques acrobaties plutôt réussies, comme ce plan qui le voit enchaîner plusieurs flips d’affilée. Son apprentissage, vite expédié, tardera à arriver, ce qui ne permet pas de profiter réellement de ses prouesses. Officiant également comme chorégraphe, la star livre un travail en phase avec le ton général. Ainsi, l’humour n’est jamais loin, et en l’occurrence, il est même trop présent au détriment des arts martiaux. Le combat du rêve, plutôt court, est chorégraphié avec beaucoup de rigueur, les figures sont d’ailleurs précises au millimètre près, ce qui rend les enchaînements peu réalistes malgré leur fluidité. Les autres affrontements ponctuant la première heure mettent principalement en scène des seconds rôles à la dextérité discutable, et l’emploi de doublure ne suffit pas à masquer leurs carences. Il faudra attendre le dernier tiers du film pour assister à une succession de combats. Ce sont alors les affrontements de groupes et les embuscades qui sont privilégiés. Une fois de plus, on regrette que les seconds rôles soient si présents puisque leurs duels ne sont pas très impressionnants. Même Dean Shek est de la partie, et s’il combat plus qu’à l’accoutumée, il peine à passer pour un maître (alors qu’il a parfaitement l’allure d’un vagabond). James Tien, qui incarne son traditionnel rôle de traitre perfide, ne semble pas particulièrement en forme, et la rigidité de ses mouvements ne le rend pas si menaçant qu’on pourrait l’espérer. Tous les combats le mettant en scène restent au mieux décevants, même si Jackie en profite pour nous gratifier de quelques sauts périlleux. Le final est un peu plus satisfaisant. D’une longueur raisonnable, il est d’une grande diversité grâce au nombre important de combattants impliqués et à leurs styles uniques. On retiendra par exemple un duel très vif entre le héros et un mercenaire armé de haches. Le duel de clôture symbolise tout à fait le potentiel martial de Half A Loaf Of Kung Fu. Il n’est pas dénué de bonnes idées, l’humour est présent, et certains enchaînements sont assez complexes, mais l’ensemble est inégal et manque de rigueur. Bien que l’action ne soit pas le cœur du film, on ne peut qu’être déçu des arts martiaux présentés, bien moins techniques que les autres productions de l’époque mettant en scène Jackie Chan.

En tant que divertissement, Half A Loaf Of Kung Fu n’a rien d’un grand film. Son potentiel comique est évident, mais le manque de cohésion narrative ou d’enjeux en font une petite déception. Du point de vue historique, il reste une incursion intéressante de la future star de la Kung Fu Comedy dans le registre comique et mérite à ce titre d’être vu. Rira bien qui rira le dernier.

Léonard Aigoin 3/29/2011 - haut

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