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Critiques Express

Wicked City    (1992)
En 1992, la Film Workshop dirigée par Tsui Hark, est au faîte de sa puissance financière, de sa reconnaissance critique et de sa bouillonnante créativité. Les succès s’enchaînent (la série des Better Tomorrow, celles des Once Upon A Time In China et des Chinese Ghost Story, etc.) et la production tourne à plein régime… au risque de s’éparpiller et de se perdre en chemin. Wicked City est né d’une volonté de s’essayer à un genre qui manquait jusqu’alors au palmarès de la Film Workshop : le film de science fiction pleinement assumé (I Love Maria n’en proposait qu’une incursion à partir de notre monde actuel).

Adapter une œuvre préexistante (bande dessinée, manga, roman, nouvelle, série, dessin animé…) est une entreprise des plus périlleuses. On compte bien plus de ratés que de vrais succès (combien de Batman Returns pour des centaines de Blueberry, Lucky Luke, Daredevil, Chapeau Melon et Bottes de Cuir… ?).
Tout d’abord, il faut garder l’esprit de l’œuvre originale car sinon, quel intérêt de s’en réclamer ? Outre les droits d’auteurs à payer (non négligeables), on risque de se frotter à une armée de fans exigeants et intransigeants, gardienne du temple, qui commence à crier à corps et à cris bien avant l’impression de la première bobine (au choix, dès la nomination du réalisateur ou des acteurs principaux !). Dans le cas de Wicked City, il s’agit d’un manga animé du même nom (sorti en France sous le titre de La Cité Interdite), au succès mondial et retentissant. Tsui Hark étant connu pour la relative faiblesse de ses scénarios (histoire et développement des caractères) due à la place prépondérante et écrasante qu’il donne à la mise en scène, le pari paraissait risqué dès le début…
Ensuite, il faut se donner les moyens de recréer l’univers de l’œuvre originale. La chose se corse lorsqu’on souhaite adapter un dessin animé et se complique encore s’il s’agit d’une œuvre de science fiction. Transposer un monde futuriste peuplé de monstres coûte de l’argent, énormément d’argent. Blade Runner, réussite du genre (d’ailleurs en partie financée par Run Run Shaw !), disposait d’un confortable budget. Ce n’est malheureusement pas le cas de Wicked City qui devra se contenter, une fois de plus, de débrouille plutôt que de solides effets spéciaux.

Le cahier des charges était dense, les moyens assez limités, quel a été le résultat ?

Wicked City est un film riche en inventions visuelles, malheureusement pas toujours maîtrisées ou manquant cruellement de moyens… Cependant, le côté artisanal des effets spéciaux leur confère une poésie indéniable et une étrangeté que ne leur auraient pas donné des trucages numériques. Les idées semblent ainsi jetées telles quelles à l’écran et prennent vie, on s’en doute, grâce à de courageux techniciens devant faire du mieux qu’ils peuvent pour suivre un scénariste (Tsui Hark, lui-même) réputé pour changer chaque jour l’orientation de son récit.
Les monstres semblent sortis tout droit de feuilletons japonais (X-Or, Spectreman…) et seul le cumul de frénétiques mouvements de caméra, si chers à la Film Workshop, et d’une photographie très travaillée (beaucoup de bleus glaciaux), fait la différence tout en en cachant un peu la pauvreté. Parfois, malgré tout, le réalisateur y va un peu trop fort et le spectateur le plus posé n’est pas loin de la crise de rire…
Les visions futuristes des auteurs sont noires et pessimistes, peuplées de monstres capables de se mêler aux matières inanimées. Cette fusion entre l’organique et l’inorganique nous offre de bien belles idées qui arrivent à conserver leur puissance évocatrice malgré les bricolages des techniciens : monstre mi-femme mi-moto, monstre faisant corps avec un immeuble tout entier piégeant les policiers dans son ascenseur-entrailles, femme-flipper violentée par un Roy Cheung lubrique et déchaîné…
La femme est d’ailleurs la première victime de ce film que d’aucun pourrait qualifier de complètement misogyne : elles subissent sans relâche les assauts sexuels des mâles, qu’elles soient monstres ou humaines, consentantes ou violées. Elles sont domptées (Tatsuya Nakadai et son rodéo à moto), trompées (Michelle Reis), manipulées (le flipper à visage humain), pénétrées (l’immeuble), vidées de leur sang (rituel vampirique dans la piscine), droguées de force (on leur injecte de l’« happiness » à leur insu), auscultées (dans un laboratoire terrien), etc.

Côté symbolisme, Tsui Hark, comme à son habitude, n’y est pas allé de main morte : monstre-horloge sensé représenter la peur des Hongkongais devant le temps qui tourne et les rapproche de la rétrocession, l’utilisation de l’immeuble de la Banque de Chine comme repère des envahisseurs à la conquête de la colonie ou Jacky Cheung, mi-monstre mi-humain, incarnation de la perte d’identité des habitants de Hong Hong et de la difficulté, voire l’impossibilité, de se fondre dans la population de Chine continentale. On trouvera le trait plus ou moins fin, selon ses dispositions…
Malheureusement, une fois encore, Tsui Hark ne creuse pas assez la psychologie de ses personnages et nous n’apprendrons pas grand chose de leurs motivations, leur passé ou leurs tourments. Le film achevé, aucun d’entre eux n’aura réussi à nous intéresser un tant soit peu : priorité à l’action et au divertissement, au détriment de la dramaturgie.

Bien que bénéficiant d’un casting des plus riches, Wicked City ne brille pas par l’interprétation de ses acteurs. Leon Lai est transparent, Jacky Cheung peu convaincant et Michelle Reis belle (et c’est tout). Seuls Yuen Woo Ping et Tatsuya Nakadai (un des acteurs fétiches d’Akira Kurosawa et tout simplement un des meilleurs acteurs japonais) tirent leur épingle du jeu par l’incongruité de leur présence au générique.

Folie visuelle un peu vaine, portée par des scènes d’action trépidantes et un final grandiloquent (ou un avion manque de prendre de plein fouet un building…), Wicked City est un film raté mais passionnant.
David-Olivier Vidouze 12/29/2004 - haut

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