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Critiques Express

Le Rêve dans le pavillon rouge    (1977)
Lin Daiyu (Sylvia Chang) une jeune fille chétive vient habiter chez sa grande tante appartenant à la puissante famille Jia, après avoir perdu ses parents. Elle rencontre son cousin Jia Paoyu (Brigitte Lin) l’héritier et chouchou de cette famille essentiellement composée de femmes, et les deux adolescents tombent amoureux. Une autre cousine Xue Paocai (Michelle Mai Suet), provenant d’une autre branche du clan Jia, se joint également au foyer, et provoque le doute chez Daiyu vis-à-vis des sentiments de Paoyu pour elle. Les parents du garçon planifient son mariage, mais avec Paocai, qui représentent à leurs yeux un meilleur parti. Ils mettent en scène une substitution d’épouse le jour des noces, en faisant croire au marié qu’il va épouser la véritable élue de son cœur, Daiyu. Le tout terminera tragiquement, que ce soit pour les deux amoureux, ou le clan Jia.

Dernière adaptation du classique littéraire de Cao Xueqin par la Shaw Brothers, sortie pratiquement la même année que celle de Chin Han avec Ivy Ling Po et Li Li-hua, "Dream of the Red Chamber" met en vedette deux des jeunes premières taïwanaises les plus prometteuses des années 1970 : Brigitte Lin et Sylvia Chang, sous la direction d’un des spécialistes du film historique et du film d’opéra, Li Han-hsiang.
Le principal intérêt de "Dream of the Red Chamber" pour le cinéphile actuel est de mettre en scène Brigitte Lin dans un rôle d’homme, des années avant qu’elle ne devienne une spécialiste de ce type de rôles sous la houlette de Tsui Hark, s’inscrivant dans la tradition des stars du huangmei diao. Le genre était tombé en désuétude dans les années 70, avec l’avènement du film de kung-fu et du vedettariat au masculin, et "Dream of the Red Chamber" en est l’un des derniers représentants tardifs. La version de Li Han-siang est moins une œuvre historique, qu’un film d’opéra romantique. La portée historique et critique du roman original n’est pratiquement pas abordée, le réalisateur se contentant surtout de reprendre quelques uns des thèmes sociaux de l’œuvre d’origine (la description minutieuse de l’aristocratie chinoise au XIXème siècle, les relations avec les servantes, le poids des traditions confucéennes) qui rentrent le mieux dans le cadre d’un mélodrame romantique, pour faire ressortir les obstacles qui s‘opposent au couple Daiyu/Paoyu.
Connu pour être l’un des réalisateurs de la Shaw Brothers au sens esthétique le mieux développé avec Chu Yuan, Li Han-siang ne déçoit pas de ce côté-là : les décors et costumes sont magnifiques, et il ne se dégage aucune lourdeur ou aspect kitsch de l’ensemble. Bien évidemment, le huangmei diao est un genre particulier du cinéma de Hong Kong qui n’a aucun équivalent à Hollywood ou en Europe (on ne peut le comparer à la comédie musicale), et pour apprécier ce type de film, il faut admettre les conventions qu’il implique : de nombreux passages chantés en mandarin (en playback) où les protagonistes nous confient leurs sentiments intérieurs, un jeu "ampoulé" de la part des actrices (à l’opposé de l’approche naturaliste qu’on loue en Occident), une gestuelle très codifiée qui nous fait penser à la pantomime alors qu‘elle est très significative pour le sectateur chinois, "l’absurdité" de faire jouer un rôle d’homme par une actrice, etc, d‘autant plus que Li Han-hsiang a une approche très traditionaliste du genre, qu‘il ne cherche pas du tout à renouveler. Cependant, si le spectateur néophyte admet ces conventions, il pourra apprécier la direction artistique sans faille et une adaptation fidèle au roman d’origine. Même si le genre opéra implique un certain immobilisme, la caméra du réalisateur est relativement mobile, dans une intrigue qui se déroule presque en huit clos (l’immense demeure des Jia).
Les caractères des personnages ont été gardés, jusque dans le "féminisme" de Paoyu, préférant la compagnie des femmes dans le sens où il les considère moralement supérieures aux hommes, au grand dam de son père (joué par Yueh Hua), qui va jusqu’à le battre sévèrement pour indiscipline. La première demi-heure ne "raconte rien" en soi, ce sont surtout des scènes montrant les relations de Baoyu avec ses servantes et cousines. L’histoire décolle après la scène de la punition et la programmation du mariage de Baoyu. Le réalisateur met l’accent sur le passage à l’âge adulte du jeune homme, et la perte d’innocence dans le sens où tous ses proches lui font comprendre que la familiarité avec ses cousines et servantes n’est plus de mise passé l'âge de la puberté.
Les interprètes sont très justes (si on part du principe qu’on est dans le cadre d’un film d’opéra), Brigitte Lin fait penser à un tout jeune Derek Yee (qui débutait sa carrière à la même période), les seconds rôles comme Hu Chin sont bien choisis, même si un film de 1 h 40 ne peut développer la quantité de personnages féminins forts du roman d’origine comme le couple principal.
La fin où Paoyu pleure la mort de Daiyu est peut être un peu trop longue (même dans un film de ce genre), mais on y trouve une des meilleures idées du réalisateur avec les mots du perroquet : l’animal appartenait à Daiyu, et imite sa voix, ce qui fait croire à Paoyu que sa bien aimée est devenue un fantôme. Pendant quelques instants, on croit qu’on a basculé dans le film d’opéra fantastique (genre dans lequel s’illustra Li Han-hsiang avec des classiques comme "The Love Eterne").
D’ailleurs, à cause du titre du film, on peut regretter que le réalisateur n’ait pas opté pour un traitement fantastique de l’histoire, ou du moins plus onirique. La Chambre Rouge du titre est une expression qui s’approche de l’idée de "gynécée" pour les filles de riches familles. Quant au rêve, à la vision du film, c’est l’illusion créée par la famille Jia qui fait venir l’autre cousine avec un voile rouge opaque cachant son visage au marié, pour le forcer à l’épouser en lui faisant croire que c’est Daiyu, et en le mettant devant le fait accompli une fois la noce passée.

En conclusion, une approche idéale du film d’opéra dont c’est l’un des tous derniers fleurons, pour ceux qui n’osent pas l’aborder mais qui voudraient en voir au moins un une fois dans leur vie par curiosité. On peut rêver d’une nouvelle adaptation semblable à celle de la légende des amants papillons par Tsui Hark avec "The Lovers", ou un film "altmanien" qui mettrait plutôt l’accent sur l’aspect choral et la multitude de protagonistes féminins de l’œuvre d’origine, suffisamment riche pour inspirer de futurs chef-d’œuvres. A bon entendeur…
Anne Saïdi 9/17/2008 - haut

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 9/17/2008 Anne Saïdi

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