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Outside The Window (1973) |
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Exemple typique des mélodrames Taiwanais des années 70, Outside The Window se distingue cependant par deux atouts. Le film est tout d’abord une adaptation d’un roman de Qiong Yao qui connut une belle popularité lors de sa sortie, en 1963. L’histoire qu’elle y raconte est la sienne, celle d’une jeune fille qui tombe amoureuse de son professeur et rencontre de nombreux obstacles dans l’expression de leur amour. Malgré le succès de son récit, l’adaptation filmique ne sortira pas à Taiwan. On ne sait d’ailleurs pas bien pourquoi…. Pour certains, il s’agirait d’obscures raisons de droit. Pour d’autres, ce serait à la demande même de l’auteur qui n’aurait pas voulu blesser sa mère (étrange, alors que le livre était déjà sorti il y a 10 ans). Cela n’empêchera pas Outside The Window d’obtenir un joli succès dans les cinémas de l’Asie et particulièrement à HK. Mais surtout, le film est la première apparition au cinéma d’une toute jeune Lin Ching Hsia. A peine sortie de l’adolescence, la jeune femme allait très rapidement s’imposer comme une des plus grandes stars Taiwanaise dans toute une série de romances et de drames. Dans les années 80 et au début des années 90, elle sera également une des stars majeures de Hong Kong. Ses premiers pas au cinéma revêtent donc une importance toute particulière.
Le scénario d’Outside The Window applique à la lettre les règles de la romance dramatique. Les deux amants s’aiment d’un amour pur mais sont confrontés à de puissants obstacles sur leur chemin, essentiellement d’ordres sociaux (le rapport élève/professeur) et familiaux. Les ingrédients sont connus et plutôt bien utilisés ici. Les personnages sont crédibles tout comme les difficultés qu’ils affrontent et le récit suffisamment rythmé en éléments nouveaux pour qu’on ne se désintéresse pas de leur histoire. A ce niveau, le travail d’adaptation a été bien fait, ne conservant que les aspects les plus importants du livre pour le film. Cependant, cette application consciencieuse des grandes formules du genre a aussi sa face obscure. Et si l’histoire est intéressante, elle manque aussi cruellement d’originalité ou de surprise. Les évènements s’enchaînent de manière prévisible, empêchant le film de développer toute sa force romantique. La réalisation appliquée mais sans finesse, le montage abrupte ou la photographie terne ne sont pas également des facteurs qui permettent à Outside The Window de se transcender. En cela, le film est très représentatif des autres œuvres du genre en provenance de la petite République Chinoise. Recours à des formules et travail de mise en scène très sage, voila en quelques mots ce qui a permis au cinéma Taiwanais de s’imposer durant les années 70 et ce qui provoquera sa chute à la fin de la période du fait de son incapacité à se renouveller. Mais ce qui frappe le plus dans la manière dont le scénario est construit, c’est la puissance de la tradition familiale. Car, si le conflit amour professeur/élève est abordé, c’est surtout l’opposition de la mère de Yen Yung qui est l’obstacle principal à l’amour des personnages. Or, même si les exigences qu’elle pose sont manifestement démesurées voire carrément mensongères (elle revient sur sa parole pour poser de nouvelles conditions une fois les anciennes satisfaites), sa parole n’est jamais remise en question. La mère (et plus généralement les parents) œuvre forcément dans l’intérêt de sa fille et de la famille (on le voit bien à travers le dialogue où maman dit à sa fille que son union avec Kang Nan abîmerait la réputation de la famille entière), ses paroles sont sacrées, la fille doit s’y plier. Cette obéissance à la tradition n’aboutit pourtant qu’au malheur pour tout le monde. Doit-on voir dans cette conclusion une critique de cet ordre familial si bien établi ? A demi mots peut être mais pas plus. La puissance familial reste une valeur incontournable que le long métrage ne se permet pas d'attaquer frontalement. Outside The Window joue surtout de cet état de fait pour construire son récit et l'alimenter en dilemnes moraux.. Mais sa toute puissance demeure incontestée. Taiwan est par essence conservatrice, encore plus que HK, et cet héritage traditionnel Chinois pesait encore lourd dans les années 70. On peut d’ailleurs se demander si ça a beaucoup évolué aujourd’hui.
Romance correcte à défaut de plus, Outside The Window nous permet tout de même d’apprécier la belle et jeune Brigitte Lin dans son premier rôle. Toutes les caractéristiques de la futur star sont déjà là : Sérieux inébranlable et charisme/beauté envahissant tout l’écran. La jeune femme démontre déjà de belles capacités d’actrice. Son personnage connaît nombre d’évolutions et la jeune femme, pourtant inexpérimenté, parvient bien à les retranscrire à l’écran que ce soit l’amour teinté de respect qu’elle a pour son professeur ou la colère et la tristesse qu’elle ressent face à la manière dont elle a mené sa vie en fin de métrage. Son potentiel fait plaisir à voir et monte le film vers le haut. Les fans seront d’ailleurs particulièrement fascinés par la manière dont Outside The Window annonce le futur sentimental de Lin Ching Hsia. C’est en effet sur ce film que la jeune femme rencontre Chin Han, celui avec lequel elle va vivre son histoire d’amour la plus tumultueuse. Tout comme la relation Yen Yung/Kang Nan, celle qui unira les deux amants sera confrontée à de solides obstacles sociaux et aboutira à un mariage (avec Charlie Chin) dont on peut se demander s’il était vraiment désiré. Dans la fiction tout comme dans la réalité, ces histoires d’amour ne se termineront pas en happy end…
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Arnaud Lanuque 8/1/2005 - haut |
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